54. LA NUIT En quittant la maison de lady Lundie, Geoffrey appela le premier fiacre vide qui passa. Il ouvrit la portière et fit signe à Anne d’entrer dans la voiture ; elle lui obéit machinalement. Il s’assit sur le siège en face d’elle et donna l’ordre au cocher de les mener à Fulham. Le fiacre partit ; le mari et la femme gardaient le plus absolu silence. Anne appuya la tête en arrière, vaincue par la fatigue, et ferma les yeux. Elle se sentait brisée ; l’effort qui l’avait soutenue depuis le commencement jusqu’à la fin de l’enquête avait été trop grand. Elle n’avait même plus la faculté de penser. Elle n’éprouvait rien, ne craignait rien. À demi évanouie, à demi endormie, elle avait perdu toute conscience de sa terrible position avant les cinq premières minutes du trajet de Lo