CHAPITRE XIX Coups de fusil Vers deux heures du matin, Erik et maaster Hersebom, épuisés de fatigue, s’étaient glissés sous la bûche du dépôt de vivres pour s’allonger côte à côte entre deux tonneaux, contre la chaude fourrure de Klaas. Ils n’avaient pas tardé à s’endormir. Quand ils se réveillèrent, le soleil était déjà haut sur l’horizon, le ciel était redevenu bleu et la mer était calme. L’immense lambeau de banquise sur lequel ils flottaient semblait immobile, tant son mouvement était deux et régulier. Mais, le long de ses deux bords les plus rapprochés, d’énormes icebergs étaient emportés avec une vitesse effrayante, se poursuivant, se heurtant, parfois se brisant l’un contre l’autre. Le paysage formé par tous ces gigantesques cristaux, réfléchissant ou décomposant, comme un prisme,