Chapter 3

1328 Mots
  Sébastian était déjà parti travailler, mais je ne pouvais pas me débarrasser de cette lourdeur dans ma poitrine. Mon esprit revenait sans cesse aux messages, aux paroles de Jordan, à la façon dont Sébastian avait hésité, incapable de me donner une réponse claire la veille au soir. Chaque instant, chaque souffle, semblait une pression qui m'étouffait.   Alors que je m'apprêtais à sortir, mon téléphone vibra avec un message de Jordan. "Apporte-moi la tablette." Pas de salutation. Pas de "Maman". Juste un ordre froid, comme si je n'étais rien d'autre qu'une servante pour lui.   Je fixai l'écran, le ventre noué. Jamais il ne m'avait parlé ainsi, avec autant de mépris et de défiance. Mais à quoi devais-je m'attendre ? Il ne me voyait plus comme sa mère.   La gorge serrée, les yeux embués, je réprimai mes émotions, attrapai la tablette, la glissai dans mon sac et sortis.   Je suis arrivée bientôt à l'hôpital. Dès que j'ai pénétré dans le service, j'ai entendu le claquement de talons aigus sur le carrelage. À peine ai-je eu le temps de réagir qu'une douleur vive explosa sur ma joue.   L'impact fit tourner ma tête sur le côté, et je reculais en titubant. Une brûlure s'étendit sur ma peau et mes doigts volèrent à ma joue, stupéfaits, tandis que je levais les yeux pour voir de qui il s'agissait.   Ma mâchoire s'est décrochée en découvrant qu'il s'agissait de Catherine Steele. Ma belle-mère. Pendant ce temps, le regard de Jordan vagabondait entre nous, ses petits doigts serrant les draps. Il avait l'air mal à l'aise, comme s'il voulait disparaître.   "Femme inutile !" gronda-t-elle, ses yeux flamboyant de colère. "Tu n'es même pas capable de t'occuper de ton propre fils !"   Un cri s'échappa de mes lèvres, pas seulement à cause de la douleur, mais à cause de la façon dont elle me traitait. Je jetai un coup d'œil à Jordan, qui, assis sur son lit d'hôpital, avait l'air surpris, la bouche légèrement ouverte.   Je me forçai à rester calme, ne voulant pas l'effrayer davantage. Cela n'était pas un spectacle pour lui, et je désirais éviter qu'il y assiste. Je m'approchai donc et sortis la tablette de mon sac avant de la lui donner. C'était ma tentative désespérée pour le distraire, puis je pris ma belle-mère par le bras et la conduisis dans un coin. "Maman, ce n'est pas l'endroit pour ça."   Sa voix était aussi aiguisée qu'un poignard et transperça la pièce. "L'endroit ? L'endroit ? L'endroit c'était quand tu as laissé mon petit-fils finir dans un lit d'hôpital !" Elle se tourna vers Jordan, son expression se muant en quelque chose de pitoyable. "Mon pauvre bébé, obligé de souffrir à cause de l'incompétence de sa mère."   Je serrai la mâchoire. "Jamais je ne ferais volontairement du mal à mon fils. Tu le sais bien. Je suis sa mère. Tout ce que je fais, c'est dans son intérêt."   Catherine ricana. "Dans son intérêt ? C'est pour cela qu'il est à l'hôpital ? Tu aurais dû t'occuper de lui dès le départ. Pourquoi as-tu laissé la situation dégénérer au point qu'il doive être admis ici ?"   Je pris une profonde inspiration. "Ça suffit."   Elle croisa les bras, un sourire narquois aux lèvres. "Suffit ? Oh non, on ne fait que commencer. Tu ne mérites pas d'être une mère."   Ses mots me glacèrent. Comment peut-elle me dire ça alors qu'elle est mère elle-même ? Et c'est ainsi que ma patience céda : "C'est à cause de Joey que Jordan est à l'hôpital." À ces mots, le visage de Catherine se décomposa.   Je m'approchai d'elle en baissant la voix. "Elle l'a emmené prendre une glace, bien qu'elle sache qu'il a un estomac fragile. Tu veux blâmer quelqu'un ? Blâme-la."   Un instant, elle vacilla. Puis, telle une vipère prête à mordre, elle se pencha en avant. "Et c'est de la faute de qui si son estomac est si faible à la base ?"   Un sourire aiguisé et cruel s'étendit sur ses lèvres. "Depuis sa naissance, tu l'as surprotégé, restreint, et transformé en cette petite chose fragile. S'il était mon fils, il serait plus fort."   Quelque chose en moi se brisa.   "Tu n'étais pas là quand il était bébé," lançai-je en retour. "Tu n'étais pas à côté de son berceau quand il pleurait de douleur. Tu n'étais pas celle qui l'amenait aux urgences en pleine nuit. C'était moi ! C'est moi qui m'occupais de lui !"   Les narines de Catherine se dilatèrent. "Et regarde où ça l'a mené."   Je serrai les poings. "Pars."   Elle cligna des yeux. "Pardon ?"   Je fis un pas de plus. "Tu ne viendras pas ici pour m'insulter devant mon fils. Soit tu pars de toi-même soit je m'assurerai que tu ne revois plus Jordan. En tant que sa mère, j'en ai le droit."   Son visage se tordit de colère. "Tu n'oserais pas—"   "Essaye-moi," dis-je froidement.   Elle sortit son téléphone, ses doigts courant sur l'écran. "Voyons voir ce que mon fils a à dire à ce sujet."   Je la regardai composer le numéro de Sébastian. Dès qu'il décrocha, sa voix prit un ton mielleux. "Sébastian, mon chéri, ta femme est en train de me mettre à la porte de l'hôpital. Tu te rends compte ? Moi, ta propre mère."   Il y eut un silence à l'autre bout du fil. Finalement, Sébastian parla. "Si elle t'a demandé de partir, alors pars."   L'expression de Catherine se figea. "Sébastian—"   "Je ne veux pas en entendre plus, maman," dit-il fermement. "J'ai confiance en elle. Elle doit avoir ses raisons. Rentre simplement à la maison."   Un sentiment de satisfaction victorieuse grandit en moi. Cela faisait du bien de savoir que Sébastian était de mon côté. Catherine resta là, abasourdie, avant que ses lèvres ne se tordent de dégoût.   "Voleuse," siffla-t-elle à voix basse. "Tu me voles mon fils. Je te jure, tu le regretteras."   Sur ce, elle fit demi-tour et quitta la chambre d'hôpital en furie.   Après le départ de Catherine, je m'approchai de mon fils pour voir comment il allait. Jordan se tourna vers moi, les yeux brûlant de colère. Quelque chose était louche. "Pourquoi as-tu supprimé le contact de Joey ?" demanda-t-il avec méfiance.   "Encore Joey…" soufflai-je, lasse.   Je fronçai les sourcils. "Je n'ai rien supprimé."   "Menteuse !" cria-t-il. "Pourquoi ne divorces-tu pas déjà de papa ? Il ne t'aime pas ! Tout le monde le sait !" Et ces mots me frappèrent plus fort que la gifle de Catherine.   Je pris une respiration tremblante, essayant de maîtriser mes émotions. "Jordan, ce n'est pas vrai."   "Si, c'est la vérité !" Ses petits poings se serrèrent de frustration. "Joey a dit que tu n'étais qu'une femme au foyer qui ne fait rien. Elle a dit que tu me gardes enfermé et rends ma vie misérable !"   Mon cœur se contracta. "Je veux seulement ce qu'il y a de mieux pour toi, mon chéri."   Sa lèvre trembla, mais il se détourna obstinément de moi. "J'aimerais que Joey soit ma mère."   Je sentis quelque chose se briser en moi. Entendre ça de sa part m'a anéantie. J'ai forcé un sourire, même si ma poitrine s'effondrait. "Je comprends." Ma voix tremblait, mais je refusais de lui montrer combien ses mots m'avaient blessée. "Essaie de te reposer un peu."   Mais au fond, je savais : il n'y a pas de repos pour ce genre de douleur. Il avait dit tout cela parce que Sébastian lui avait raconté. Sinon, comment aurait-il pu savoir ? Tout était mensonge. Tout ce que Sébastian m'avait dit hier, c'était faux, et cette idée était épuisante. Alors que je vacillais, la porte de l'hôpital s'est ouverte et une silhouette élancée est entrée.   Son bras s'enroulait autour de ma taille, me maintenant en place. Je levai les yeux, ses regards perçants plongeant dans les miens. Il dégageait une autorité tranquille, sa présence remplissant instantanément la pièce.   "Ça va ?" Sa voix, basse et profonde, était empreinte d'inquiétude.   Je vacillai, incapable de savoir si j'allais m'effondrer ou hurler.
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