IX Le deuxième hiver Lorsque le mois d’avril ramena l’hiver avec lui, aucun fait nouveau de quelque importance n’avait jalonné la vie poignante et monotone des habitants de Libéria. Tant que la température fut clémente, ils se laissèrent vivre sans souci de l’avenir, et les troubles atmosphériques dont s’accompagne l’équinoxe les surprirent en plein rêve. Par exemple, aux premiers souffles des bourrasques hivernales, Libéria parut se dépeupler. De même que l’année précédente, on se calfeutra au fond des maisons closes. Au Bourg-Neuf, l’existence n’était pas beaucoup plus active, les travaux de plein air, et notamment la pêche, étant devenus impraticables. Dès le début du mauvais temps, le poisson avait fui dans le Nord vers les eaux moins froides du détroit de Magellan. Les pêcheurs lai