La vérité

1182 Mots
La vérité Sanju arriva en trombe dans le bureau de son maître, une missive brandie dans sa main. À son expression, Olgan Seyid su de suite qui en était l’expéditeur. De toute façon en dehors de la rani et de Madok, il n’attendait de courrier de personne en particulier. _ Maître ! Maître ! _ Doucement mon brave, ne court pas ainsi de si bon matin ! _ C’est une lettre ! maître… une lettre de notre rani ! L’un des émissaires de la cour vient tout juste de l’apporter. _ Vraiment ? Demanda faussement l’homme qui s’était douté de la chose. Comme une enfant qui aurait entendu qu’un parent chéri allait leur rendre visite bientôt, Alva ne tarda pas à faire son apparition, alerté par les cris de Sanju. _ Anisha vous a répondu ? Demanda la jeune fille qui restait timidement dans l’encadrement de la porte restée ouverte. Vous pensez qu’elle viendra bientôt ? _ Alva, mon enfant, vous savez que les choses sont quelques peu compliquées en ce moment, et je doute que la rani nous rejoigne avant un mois ou deux. Tout en disant cela, il s’était muni de son découpe papier sculpté et serti de pierres de jade, et décacheta la lettre. Contrairement à ce que son comportement impassible laissait paraître, il était tout aussi impatient de lire la réponse d’Anisha. _ Que dit-elle ? Demanda anxieusement Alva en faisant quelques pas dans la pièce. Sanju ne demandait rien, mais il semblait tout aussi intéressé. Olgan parcourut rapidement des yeux les quelques lignes que la princesse avait envoyé. Et après un silence, il se leva et fit le tour de son pupitre. _ La rani veut rentrer au plus vite en fin de compte. La joie s’afficha sur le visage d’Alba, et le valet de l’ambassadeur ne fut pas en reste. Sans attendre, Olgan mit tout le monde dehors en leur indiquant qu’il allait rédiger quelques messages. Le premier était pour le roi Helias d’Orburg, ils devaient convenir d’un jour pour le départ de la princesse, l’autre, pour le grand-père de celle-ci. Il voulait lui annoncer que sa petite fille rentrerai bientôt au pays. Il en profita pour lui parler de la présence de Baltan à Targat ainsi que des craintes que cet inquisiteur lui inspirait. En même temps, ce type rendrait nerveux n’importe qui, et il n’était jamais bon d’attirer son attention, se fit remarquer l’homme dans un soupir. En y repensant, il devait peut-être rédiger une troisième missive, pour Madok, cette fois. Avec le retour de la rani, il lui fallait être présent. Il n’y avait que lui qui pouvait la défendre en cas de problème. Enfin, une fois réintroduite à la cour, on ne pourrait s’en prendre à elle, et le danger qu’elle courait dans ce pays lointain, ne serait plus. *** Le prochain navire pour Targat ne partirait pas avant le lendemain, et Madok qui fut obligé de faire pleinement confiance au marchand qui détenait la concubine de leur ancien raja, n’eut pas à le regretter. Durant leur séjour, l’homme s’était plié en quatre pour montrer sa bonne volonté et Lavina, s’était portée garante de sa bonne foi. Bien que tous ses hommes furent relâchés personne n’eut l’autorisation de quitter le domaine. Cette situation n’allait pas tarder à questionner les connaissances du commerçant, mais d’ici peu, ils seraient partis. _ Tu vas pouvoir me ramener ma fille ? lui demanda la mère de son amie, tandis qu’ils étaient sortis se promener un peu dans le grand jardin du domaine . _ Je comptais plutôt vous proposer de me suivre, lui dit Madok qui avait évité d’aborder le sujet devant son employeur, et apparemment bienfaiteur. Votre fille ne peut quitter Targat avant un moment, alors il serait difficile de l’amener en ces lieux. _ Tu veux que je quitte l’île et que je te suive ? _ C’est exact. Je pense que c’est la meilleure solution si vous voulez revoir Anisha au plus vite. Et puis, d’après ce que l’on m’a expliqué, vous êtes une personne libre depuis longtemps. _ Je le sais bien, seulement, ça fait des années que je me terre en ces lieux… je… je ne sais pas trop si je trouverais le courage de m’exposer… _ Madame, je sais que le petit est votre fils et qu’il est la raison de votre départ du palais, seulement, vous devez songer à réintégrer votre place, et le jeune raja, doit renouer avec son pays… _ Madok, tu crois sincèrement que je serais partie, si je m’étais sentie en sécurité à Raman ? __Vous n’avez pourtant rien à craindre. Votre fils est certes un prince éligible à la couronne mais personne n’osera lui faire le moindre tort. Il est protégé par nos lois et le maharaja actuel ne peut y déroger sans perdre tout crédit et tout soutien. La mère d’Anisha secoua la tête, tandis que son regard fixait le lointain. _ Tu es bien naïf, si tu penses que les choses se passeront selon ce que tu imagines… d’ailleurs, moi aussi je l’ai été autrefois, et il n’y a pas une jour, où je ne regrette pas mon désœuvrement. Madok prit le temps d’analyser ses paroles ainsi que la gravité avec laquelle, elle les prononça. Il s’arrêta de marcher, elle en fit autant. _ Madame, en toute sincérité, je ne saisis pas vos inquiétudes. La peur que vous avez nourri pour votre enfant n’était et n’est toujours pas justifiée. Je la comprends d’une certaine manière, seulement vous devez savoir que la cour est stricte sur ce qui touche à ses héritiers. Et le pire mal qui peut leur être fait, serait qu’ils soient tenus à l’écart de la couronne, rien de plus… _ C’est ce que je dis Madok, tu es jeune et tu ne vois pas les choses du même œil que ceux qui convoitent le pouvoir. _ Vous oubliez ma profession, je suis bien placé pour savoir de quoi l’humanité est capable pour ce même pouvoir. Mais au sein de notre gouvernance , les choses sont différentes. Et puis le grand maharaja est encore de ce monde, il ne laissera personne toucher à un cheveux de sa descendance. Lavina se délesta d’un long soupir. Son regard désabusé en disait long sur ce qu’elle pensait de tout cela. _ Si le grand maharaja avait un si grand pouvoir, il aurait protégé son propre fils… Madok se tourna vers la mère d’Anisha, une expression interrogatrice. Que voulait-elle dire par « il aurait protégé son propre fils » ? Le raja Azam avait cédé un mal peu connu, comment son père aurait pu l’aider ? _ Madame, la maladie de feu le raja Azam n’était pas commune et le maharaja a fait tout ce qui était en son pouvoir pour lui venir en aide. Les médecins et les érudits ont été formels, la guérison était impossible . _ Il n’était pas malade, le corrigea Lavina d’un air soudainement sombre. _Vous dites ? Demanda Madok qui crut mal comprendre. _ Non, rien, fit-elle penaude et surtout consciente qu’elle en avait un peu trop dit…
Lecture gratuite pour les nouveaux utilisateurs
Scanner pour télécharger l’application
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Écrivain
  • chap_listCatalogue
  • likeAJOUTER