Les états d'âme de Dali

1267 Mots
Les états d'âme de Dali Anisha soupira d’aise après que Helias l’ai officiellement destitué de son titre de « princesse d’Albatra ». Elle avait craint ce moment qu’elle avait pensé public, elle s’était imaginée les regards mauvais et les hués destinés à l’avilir, elle l’a veuve d’un traître. Mais rien de tout cela n’eut lieu. La destitution s’était faite en huis clos, et en dehors du roi, de son Conseiller et d’un scribe officiel, il n’y avait personne. Une fois que tout fut terminé, elle quitta la salle du trône. Gisèle qui avait sûrement été mandatée par le souverain, l’attendait à l’extérieur. _ Alors majesté ? Comment te sens-tu sans le titre de souveraine d’Albatra ? lui demanda la camériste en la saisissant par le bras et en l’entrainant en direction de la sortie du palais principal. _ Majesté ? Tu as attendu que le titre de princesse me soit enlevé pour m’appeler ainsi ? _ Le titre de princesse d’Albatra, sûrement. Mais n’oublie pas que tu en détenais un tout aussi prestigieux à ta naissance. _ Si tu le dis…, au fait, ça fait quelques jours que je ne t’ai aperçu au palais ? _ Disons que j’ai pris quelques congés. _ Alors que je suis sur le départ ? Quelle drôle d’amie, tu fais ? la taquina Ani en prenant un faux air vexé. _ C’est justement pour ne pas y penser plus que de raison, que j’ai pris une relâche. _ Je vois ça… _ En parlant de ça, tu vas vraiment retourner à Raman après les noces de Dalia ? _ C’est ce qui est prévu en effet… _ C’est si loin, soupira Gisèle en marquant un arrêt et en se tournant vers Anisha, l’air oscillant entre inquiétude et tristesse. Tu es sûre de ne pas vouloir rester à Albatra avec ta sœur ? Tu serais tellement plus proche et je pourrais venir te voir régulièrement… La jeune femme comprenait très bien les sentiments de son amie et les partageait. Elle aussi trouvait difficile de se séparer des gens qu’elle aimait. Dans l’idéal, elle aurait voulu retourner dans son village natal et y couler des jours paisibles, seulement… ce n'était pas aussi simple. D’après l’ambassadeur Seyid, son grand-père attendait son retour avec une grande impatience, et puis une fois là-bas, elle s’imaginait bien qu’on ne la laisserait pas repartir à sa guise. Elle était bien placée pour le savoir à présent, un titre comportait des obligations, et celui de rani, ne faisait sûrement pas exception. L’incertitude qu’impliquait sa nouvelle vie lui faisait peur, mais en même temps, elle ne pouvait pas prendre le risque de rester trop proche de Helias et de la tentation qu’il constituait. Il le lui avait bien dit un peu plus tôt. Il ne manquerait pas de lui rappeler ses sentiments à chaque fois qu’il la reverrait. Et bien qu’elle soit pétrie de principes, Anisha devait rester réaliste, elle n’avait pas la force nécessaire pour résister indéfiniment à cet homme que son âme et son être tout entier considérait sien. _ Tu sais, commença par dire Anisha sur un ton de confidence, je n’ai aucun souvenir de mon passé, ni de qui j’étais avant d’arriver chez mes parents adoptifs. Je suis la première angoissée à l’idée de quitter les gens que j’aime et ces terres qui m’ont vu grandir… seulement… _ Seulement, tu veux fuir la réalité que t’impose la situation, fit Gisèle dans un soupir et en reprenant sa marche. La réalité que lui imposait la situation ? Gisèle avait le chic pour dire les choses sans se mouiller. Ce n’était pas la situation qui lui imposait quoi que ce soit, mais bien Helias. Ce roi qu’elle avait haï de toutes ses forces à son arrivée, et qui en un rien de temps, l’avait totalement dépossédé de son cœur. _ Je ne dirais pas que je veux spécialement fuir, mais plutôt me changer les idées. Et puis, je me dois aussi de donner une chance à ceux que j’ai laissés derrière moi, enfant… _ Je peux le comprendre, mais ce qui m’inquiète avec ce projet, c’est qu’une fois là-bas, ce grand-père peut très bien décider de ne plus te laisser revenir… je ne sais rien des us et coutumes des pays du sud… mais si c’est comme chez nous, une princesse n’est pas libre d’aller et venir à sa convenance. _ C’est bien possible, mais au vu de mon histoire et des liens que j’ai créés en dehors de leur pays, mon aïeul comprendra mon désir de me rendre auprès des miens. _ Je l’espère, sinon, te connaissant, tu serais capable de leur fausser compagnie en moins de temps qu’il le faut. Anisha se mit à rire, il est vrai qu’elle n’avait pas été aussi loin dans ses réflexions, mais il était certain, qu’elle n’était pas du genre à plier sans rien dire. Et sa liberté était un point sur lequel, elle ne faisait aucune concession. _ Tu as raison, mais je ne pense pas que je sois obligé d’en arriver là… *** _ Allons, mon amour, tu dois te ressaisir. Ta sœur part demain, tu ne peux pas l’ignorer et rester enfermée dans ta chambre à te morfondre. Ce n’est pas comme si la nouvelle te tombait juste dessus. Callen avait raison, et Dalia aurait voulu trouver la force de répondre à l’invitation qu’Anisha lui avait faite, mais son cœur se délitait de la savoir vraiment prête à la quitter. Elle savait bien qu’elle resterait à Montéry jusqu’à son mariage, mais après cela, des océans les sépareraient… et cette idée l’affligeait plus qu’elle ne l’aurait cru. Non, en réalité, et même si elle ne se l’avouait pas, Dalia lui en voulait… _ Pas tout de suite, répondit-elle en relevant la tête de son oreiller. J’ai encore besoin d’un peu de temps… _ Du temps, c’est exactement ce que tu n’as pas. Elle s’en va demain matin, et après, tu seras triste de ne pas avoir passé ces moments avec elle. Sur ce point aussi, Callen avait juste. D’ailleurs, c’était déjà le cas. Dalia voulait courir auprès de sa sœur et la serrer dans ses bras plus fort que jamais, mais en même temps, elle voulait lui crier, qu’elle n’avait pas de cœur de l’abandonner ainsi. Qu'à présent qu’elle savait qu’elle avait une famille, au loin, elle se précipitait pour les rejoindre sans penser à elle ! _ Je t’ai dit que j’irai la voir plus tard, grogna Dalia qui ne savait plus ce qu’elle voulait et qui se sentait dépassée par ses propres ambiguïtés. Laisse-moi à présent… Voyant qu’elle ne comptait pas l’écouter, Callen prit le parti de ne pas insister. Il se pencha sur elle, déposa un b****r sur sa joue et s’en alla. Enfin, elle allait pouvoir laisser cours à ses émotions. Dès que la porte se referma derrière son futur mari, les larmes trop longtemps contenues, se frayèrent un chemin sur ses joues et des sanglots s’emparèrent d’elle. Pourquoi fallait-il que les choses aillent ainsi ? Certes, elle comprenait les sentiments d’Anisha, et à sa place, elle en aurait sûrement fait autant, mais en tant que sa sœur, elle se sentait lésée. À cause de ce roi intransigeant, la seule famille qui lui restait, allait se retrouver exilé, on ne sait où. Puis par désespoir, une voix, ou plutôt une idée s’imposa à elle. Et si elle aussi, elle renonçait à l’amour ? Elle pourrait, ainsi, suivre Anisha où qu’elle irait. Elles se soutiendraient mutuellement dans leur douleur, et qui sait, avec le temps, elles pourraient refaire leur vie et être enfin heureuses, ensembles…
Lecture gratuite pour les nouveaux utilisateurs
Scanner pour télécharger l’application
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Écrivain
  • chap_listCatalogue
  • likeAJOUTER