XV Les deux frères La situation était désespérée. Comment passer ? Un audacieux nageur n’aurait pu le faire, sans courir le risque de perdre vingt fois la vie. Qu’il n’y eût qu’une centaine de pieds d’une rive à l’autre, soit ! Mais, faute d’une barque, il était impossible de les franchir. Des têtes triangulaires pointaient çà et là hors des eaux, et les herbes s’agitaient sous la passée rapide des reptiles. La petite Dy, au comble de l’épouvante, se pressait contre Zermah. Ah ! si pour le salut de l’enfant, il eût suffi de se jeter au milieu de ces monstres, qui l’eussent enlacée comme un gigantesque poulpe aux mille tentacules, la métisse n’aurait pas hésité un instant ! Mais, pour la sauver, il fallait une circonstance providentielle. Cette circonstance, à Dieu seul de la faire naît