XVII Du cap Horn à l’Amazone Comment étais-je sur la plate-forme, je ne saurais le dire. Peut-être le Canadien m’y avait-il transporté. Mais je respirais, je humais l’air vivifiant de la mer. Mes deux compagnons s’enivraient près de moi de ces fraîches molécules. Les malheureux, trop longtemps privés de nourriture, ne peuvent se jeter inconsidérément sur les premiers aliments qu’on leur présente. Nous, au contraire, nous n’avions pas à nous modérer, nous pouvions aspirer à pleins poumons les atomes de cette atmosphère, et c’était la brise, la brise elle-même qui nous versait cette voluptueuse ivresse ! « Ah ! faisait Conseil, que c’est bon, l’oxygène ! Que monsieur ne craigne pas de respirer. Il y en a pour tout le monde. » Quant à Ned Land, il ne parlait pas, mais il ouvrait des mâcho