1. HESTER PINHORN, CUISINIÈRE AU SERVICE DU COMTE FOSCO Je suis désolée de n’avoir jamais appris à lire et à écrire, ayant dû travailler toute ma vie, mais je sais que c’est un péché de mentir et je veux dire tout ce que je sais. Je demande au monsieur qui écrit sous ma dictée de bien vouloir corriger mon langage et d’excuser les fautes que je peux faire en parlant. L’été dernier, je fus engagée comme cuisinière au n° 5 de Forest Road à St John’s Wood. Mon maître s’appelait Fosco et était italien, ma maîtresse était anglaise. Ils étaient comte et comtesse. Une servante et moi formions tout le personnel de la maison. À peine étais-je arrivée que ma maîtresse m’annonça la visite d’une nièce et me recommanda de soigner spécialement la cuisine, car ladite nièce n’était pas très bien portan