Un vol inattendu

1107 Palabras
Le regard humide et rougit de Lucia se tourna vers Vincenzo Caruso, tandis que le passant qui l’avait bousculé, se confondait en excuses devant elle. - Est-ce que ça va ? Demanda son fiancé factice en se baissant à sa hauteur et en ramassant son sac. Sans le regarder, elle opina de la tête en guise de réponse. Sa gorge était trop nouée par l’émotion et la honte pour dire quoi que ce soit. Pourquoi aurait-il fallut qu’elle se donne en spectacle de la sorte ? Se fustigea-t-elle en comprenant que ce type avait assisté à ce moment gênant. Il devait bien rire d’elle, l’idiote de service, qui se retrouvait toujours dans les pires situations… - Tu penses que tu peux te relever ? Fit-il d’une voix basse et rassurante. S’attendant plutôt à essuyer sa condescendance, Lucia leva les yeux vers lui. L’expression de Vincenzo n’avait rien à voir avec celle qu’elle lui avait connu jusque-là. Son regard était inquiet et de la douceur s’en dégageait. Que lui arrivait-il ? Était-elle misérable au point que cet acariâtre finisse par la prendre en pitié ? La jeune femme tressaillit, quand, il saisit son bras pour l’aider. Avec un affolement qui n’échappa pas à l’homme, elle rassembla ses forces et se releva d’un trait. - Ça ira, merci, bredouilla-t-elle en repoussant doucement sa main et en remettant de l’ordre dans sa tenue. « Pourquoi se comporte-t-il ainsi ? S’interrogea la jeune femme perdue. Comment veut-il que j’arrive à garder mes distances, s’il se montre aussi attentionné ? » - Samuel, prends sa valise, ordonna-t-il à l’homme qui l’accompagnait et qui était différent de celui que Lucia avait déjà vu. - Bien, Monsieur. - Ce n’est pas nécessaire, protesta-t-elle, ma porte d’embarquement est juste là... - Oublie ça, tu viens avec moi, fit Vincenzo en lui ôtant la valise qu’elle refusait de lâcher. - Mais mon départ est dans une heure, je n’ai pas le temps de… - Rectification, la coupa-t-il en saisissant sa main et en l’entraînant malgré elle, ton départ est imminent. La nuit était tombée vite, le couple avait quitté l’aéroport, où Lucia devait prendre son vol, pour se rendre dans un autre. Après un bref trajet sur l’autoroute, ils arrivèrent au Bourget. Natale, l’assistant de Caruso, les attendait dans un luxueux salon en compagnie d’un homme en uniforme de pilote. En voyant son patron, il vint à sa rencontre : - J’ai notre plan de vol, il ne manque plus que le passeport de madame… Les formalités d’usages rapidement réglées, le couple fut invité à se rendre directement sur le tarmac. - C’est notre avion, lui annonça Caruso en lui désignant un petit appareil, au pied duquel, deux hôtesses attendaient. - Le nôtre ? Vous voulez dire qu’on sera les seuls passagers ? - Exactement. Décidément, ils ne vivaient pas dans le même monde, se dit Lucia qui n’aurait jamais imaginé, qu’un jour, elle voyagerait en jet privé. Un vent froid, ou simplement l’ambiance de cette soirée un peu spéciale, la fit frissonner. Alors qu’elle allait croiser ses bras pour se réchauffer, elle sentit une étoffe chaude et parfumée lui couvrir les épaules. - Tu aurais dû prendre un chandail, lui reprocha l’homme après lui avoir donné son gilet, l’été est fini. - Merci, bredouilla-t-elle gênée, mais vous n’étiez pas obligé. - On se marie ce week-end, il est donc hors de question que tu tombes malade avant. Lucia se sentit bête. A voir le ton détaché avec lequel il lui avait dit cela, elle comprit que, ce qu’elle prenait pour de la bienveillance, n’en était pas. Caruso s’assurait, juste, qu’elle soit opérationnelle le jour J. Il tenait à ce que leur « transaction » se passe au mieux et toutes ses attentions n’étaient qu’une façade. « Tant mieux, tenta de se convaincre Lucia qui était tout de même piqué au vif, je préfère encore ça. Au moins, je n’aurai pas à me faire de fausses idées à l’avenir. » Natale, l’assistant de Caruso était déjà à bord, en voyant la jeune femme arriver en premier, il vint l’accueillir. - J’espère que vous n’avez pas été trop surpris par l’irruption de Monsieur à l’aéroport ? Fit-il en la débarrassant de son sac et en le rangeant dans un compartiment prévu à cet effet. - Un peu quand-même. S’il m’avait prévenu, j’aurais au moins annulé mon billet - Disons que, je n’étais pas censé rentrer avant la veille de la cérémonie, les interrompit Vincenzo qui venait de les rejoindre. Ce vol est aussi inattendu pour vous que pour moi. - En fait, précisa Natale en s’adressant à la jeune femme, c’est votre futur beau-grand-père qui a décidé d’affréter ce jet pour vous deux. Il veut vous épargner l’inconfort d’un vol commercial. - Dit plutôt qu’il veut s’assurer que je rentre bien au moment, où lui, le décide, maugréa Vincenzo apparemment mécontent de son sort. Enfin, puisque nous sommes là, on va pouvoir peaufiner quelques détails importants avec ma future femme… L’assistant qui semblait au courant de leur arrangement, s’éclipsa discrètement pour les laisser tranquille. L’homme invita Lucia à s’assoir, avant de prendre place, en face d’elle. - Il y a certaines règles que nous allons devoir instaurer dès maintenant, commença-t-il par dire en croisant ses jambes interminables. Il en va du bon déroulement de notre vie durant l’année future. Comme tu le sais, mon grand-père ignore tout de notre deal, il nous faudra donc faire attention à nos moindres faits et gestes. Le manoir peut sembler vide à première vue, mais ce vieil homme à des yeux partout, il lui sera facile de déceler la moindre… Il arrêta son introduction là. Son interlocutrice s’était endormie, recroquevillée dans le spacieux siège. - Voilà ce qui arrive quand on n'est pas habitué à autant de confort, soupira-t-il en faisant un signe à l’une des hôtesses. - Monsieur, vous désirez ? - Amenez une couverture s’il vous plaît, demanda-t-il à voix basse pour ne pas perturber le sommeil de sa future épouse ? - Tout de suite. Après quelques secondes, elle revint avec ce qu’il avait demandé. Voilà. Voulez-vous autre chose ? - Non, ça ira. Vincenzo, qui s’était penché sur Lucia pour la couvrir, remarqua qu’elle était très différente, quand elle n’arborait pas cette horrible mine renfrognée. Son visage était loin d’être laid, comme il l’avait laissé sous-entendre, sous le coup de l’agacement. En revanche, elle manquait cruellement de sophistication. En la contemplant ainsi dans son sommeil, il repensa à la scénette de l’aéroport. De la voir assise au sol comme une enfant, de grosses larmes coulant sur ses joues, il avait eu comme une étrange impression de déjà-vu…
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