Un sort cruel

1324 Palabras
Un sort cruel La journée était passée à une vitesse terrible, et bien que sa seule envie fût d’aller rejoindre Anisha et la supplier de ne pas partir, Helias restait prostré sur la chaise de son bureau. Les yeux dans le vague et le cœur serré. Après ses obligations de la matinée et la destitution de la princesse de son titre, il s’était réfugié dans le bâtiment des officiers. Il ne voulait pas qu’on le voit ainsi. Il avait déjà passé la matinée à rassurer le conseiller Vasseur qui s’inquiétait de le voir si dispersé. Il aurait pourtant voulu hurler qu’il en avait assez de toutes ses obligations, et qu’il aurait aimé vivre la vie que son cœur réclamait. Si seulement il n’avait pas été roi ! Il aurait pu à sa guise, épouser celle que son âme reconnaissait comme sœur. Celle pour qui, il se consumait jour et nuit. Pourquoi avait-il fallu qu’il soit roi ? Complétement submergé par des émotions qu’il n’avait jamais ressenties jusqu’ici, Helias dû porter ses mains à son torse et respirer fort pour permettre à l’air d’entrer dans sa poitrine comprimée. Malgré ses efforts, l’air peinait encore à emplir ses poumons. Un râle proche de celui qu’il avait parfois entendu chez de très jeunes combattants, qui cédaient à la peur panique, menaçait de quitter sa gorge. Refusant de laisser ses tourments prendre le dessus sur lui et lui dicter son comportement, se leva de sa chaise et alla à la fenêtre pour tenter de se ressaisir. _ Mon frère, que t’arrive-t-il ? demanda Callen qui entra sans même frapper. _ Rien, juste… Juste quoi ? se reprit le souverain qui refusait de montrer la moindre faiblesse qui pourrait inquiéter son cadet. Sans attendre ses explications, Callen ouvrit la fenêtre à sa place et le poussa doucement jusqu’à elle. _ Ce que tu t’infliges est cruel, mon frère. Tout en reprenant son souffle et en maîtrisant la sensation d’angoisse qui lui liquéfiait le ventre, il soupira. _ Je le sais bien, mais je n’ai pas d’autre choix, crois-moi. Mon statut ne peut me permettre de devenir égoïste et la nation tout entière compte sur un souverain sensé… _ Et en quoi épouser la femme que tu aimes, est-il si déraisonnable ? _ Combien même, j'arrive à faire accepter le fait qu’elle soit une ancienne concubine sans le moindre titre, jamais je ne pourrais faire oublier qu’elle fut l’épouse d’un traître. _ C’est au peuple que tu ne peux le faire oublier, demanda son cadet avec scepticisme, ou c’est à toi-même ? Que voulait-il dire ? Bien sûr que c’était à leur peuple qu’il pensait en premier lieu. Lui, avait déjà tout pardonné à Anisha. Elle était de toute façon une jeune femme innocente que son cousin avait utilisé en usant de mensonges. _ Je sais ce que tu te dis, mais il n’en est rien, mon frère. Je ne suis pas rancunier envers elle, pas une seule seconde. Ce traitre de Clarence a su la soumettre à sa volonté en utilisant ses peurs. Elle l’a épousé en pensant que ce lâche pourrait quelque chose contre l’attaque qu’on a mené sur l’île. _ Dans ce cas, épouse-là ! Helias, le peuple se fiche de savoir qui sera ta femme. _ Le petit peuple sûrement, mais n’oublie pas que la noblesse et certains vassaux sont sensibles au choix que je ferais. Tandis qu’ils m’ont soutenu en tous lieux, ils trouveraient déplacé de me voir épouser une ennemie. _ Tu n’as même pas tenté de leur expliquer la situation… _ Ça aurait été irrespectueux de prononcer jusqu’à son nom ! s’emporta le jeune homme qui se trouvait obligé de dire les choses telles qu’elles étaient, et surtout, telles qu’il les voyait. Ces gens bienpensants se fichent de mes sentiments, figure-toi ! Tout ce qui les intéressent, c’est que je joue le rôle que je suis censé jouer, et si j’en dévie, je me retrouverai à devoir craindre qu’un nouveau de Vasseur voit le jour… et ce n’est pas ce que je veux pour ce royaume, mon frère… *** Anisha finissait de se préparer dans la salle de bain en tentant de ne faire aucun bruit qui pourrait réveiller sa sœur. Trop attristée par son départ, Dalia avait passé la journée ainsi que la nuit avec elle. _ Gisèle, je peux te demander un grand service ? demanda la princesse à son amie qui était venue l’aider, ce matin-là. _ Tu sais bien que je ne peux rien te refuser, répondit la jeune domestique en continuant de brosser la longue chevelure de son amie, alors dis-moi… _ J’aimerais que tu gardes un œil sur ma sœur. Que tu fasses attention à elle, en quelque sorte… _ Ani, Dalia est une personne qui m’est très chère, et tu n’as pas besoin de me demander d’y être attentive. Tout ce qui la touche, de près ou de loin, m’importe, tu peux me croire. _ Je te remercie, tu ne peux pas savoir à quel point je me sens rassurer de savoir que tu restes à ses côtés. Du moins, temps qu’elle sera encore dans ce palais. _ Si tu crains qu’il y ait un quelconque souci avec la future reine, sache que… _ Non. Je sais qu’elle n’en a pas après ma sœur. La seule avec qui elle entretenait des griefs, c’était moi, sa rivale. Et d’une certaine manière, cela se comprenait au vu de la relation que j’entretenais avec Helias. _ Oui, probablement… Les deux jeunes femmes n’eurent pas le temps de finir leur conversation qu’on frappa doucement à la porte. _ Je crois que le fiacre de l’ambassadeur est arrivé, supposa Gisèle en finissant de nouer la longue crinière d’Anisha en un chignon bas. Je vais demander à ce que l’on descende tes bagages, en attendant que tu finisses de te préparer. _ J’ai fini de toute façon, je vais plutôt réveiller Dali et lui dire au revoir. Gisèle soupira. Tout comme Anisha, elle savait que ce moment ne serait pas simple. Et même si les adieux, ce jour-là, n’étaient que temporaires, et qu’elles se reverraient dans peu de temps, voir sa sœur partir au loin, allait être difficile pour Dalia. _ Bien, je vais m’occuper du reste, en attendant… Anisha quitta la salle de bain et alla directement s’asseoir au chevet de sa cadette qui dormait encore. En même temps, la pauvre fille n’avait pas trouvé le sommeil avant le milieu de la nuit, et même après, Ani l’avait senti s’agiter jusque dans son sommeil. _ Dalia…, c’est moi… lève-toi, c’est l’heure… _ Mmm… Passant une main sur le front de sa sœur, la princesse continua de lui parler avec douceur afin qu’elle ne se réveille pas précipitamment. Quand ses yeux s’entre-ouvrirent, elle dut rassembler ses esprits une seconde, et après cela, elle se redressa sur ses coudes. _ Il est quelle heure ? demanda-t-elle, un peu paniquée. Tu ne m’as pas réveillé ?! fit-elle en examinant Anisha et en voyant qu’elle était déjà prête. _ Tu étais fatiguée alors, je t’ai laissé dormir un peu. _ Tu aurais dû me réveiller, lui reprocha la jeune femme en se relevant d’un trait. _ Dalia, on a le temps. Le fiacre est arrivé, mais il attendra que je descende tranquillement, donc pas de précipitations. À ces mots, sa cadette se calma quelque peu et hocha la tête. _ Je vais vite me préparer, comme ça je t’accompagnerais jusqu’à ta voiture. _ C’est une bonne idée, comme ça tu pourras revoir l’ambassadeur. Car si mes souvenirs sont bons, c’est quand même grâce à votre rencontre fortuite, que j’en ai appris plus sur mon passé. _ Oui, mais si j’avais su que cela t’éloignerait autant de moi… _ Dali, je ne serais jamais trop loin de toi, rectifia Anisha en se levant à son tour et en lui saisissant la main. Mon cœur sera toujours avec toi, et ça, qu’importe la distance qui nous sépare.
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