UN ROI CRUEL Tome 3

Le conseil de Dali

Le conseil de Dali

De toute évidence, Anisha avait été conviée par sa rivale pour une seule chose : être tourné en ridicule.

Pourquoi Diable avait-il fallu qu’elle se rende à ce déjeuner ?

Sérieusement, quelle femme irait inviter l’ancienne maîtresse de son époux à leur mariage, si ce n’est pour lui signifier une bonne fois pour toutes, qu’il est à elle et rien qu’à elle.

Loin de trop en vouloir à Faith, puisque son comportement était légitime, c’est contre Helias et elle-même, qu’elle pestait.

Helias pour lui avoir préféré une autre, et elle, parce qu’elle n’arrivait pas à décrocher et à passer à autre chose.

Elle aurait voulu se montrer distante et moins sous l’emprise de ses sentiments idiots, mais c’était bien plus fort qu’elle.

Dalia accourut dans ses appartements, aussitôt qu’Anisha y remit les pieds. À croire qu’elle savait par intuition à quel moment elle serait de retour. Ou alors, elle avait dû l’entendre remonter…

_ Tu en fais une tête. Ce déjeuner, c'est si mal passé que ça ? Que t’as encore fait cette harpie ?!

Anisha soupira à sa question. Elle aurait préféré avoir un moment pour que toute cette histoire se tasse avant d’aborder le sujet avec sa cadette.

_ À vrai dire rien… elle s’est plutôt montrée avenante…, c'était surjoué, mais cela ne l’empêcha pas d’être un bon hôte.

_ Avenante ? Un bon hôte ? Si ça avait vraiment été le cas, tu ne soupirerais pas de la sorte et ton expression ne serait pas celle d’un condamné.

Quoi qu’elle pût trouver comme excuse, il était clair que Dali ne se laisserait pas duper. Il s’agissait de sa sœur après tout, elle la connaissait et surtout, elle décelait quand elle mentait.

_ C’est la vérité Dali, Faith n’a rien fait à proprement parler… c’est plutôt ce qu’elle a dit qui m’a un peu…

_ Je le savais ! s’exclama sa sœur sur un ton de colère et sans la laisser finir sa phrase. Je savais qu’elle ne t’inviterait pas juste pour la gloire et tes beaux yeux !

_ T’emballe pas, tu veux ? La vérité, c'est que c’est moi que ça mine en plus de me mettre dans l’embarras, mais elle n’a rien fait de plus que me convier à son mariage avec Helias…

L’expression de Dalia se dérida et après un silence qui lui permit de mieux saisir les enjeux, elle plissa les yeux.

_ Je ne comprends pas ce qui te chagrine là-dedans ? Si elle t’a invité, c’est très probablement pour passer pour une femme compréhensive et bienveillante devant son futur époux.

_ Ce qui me chagrine, c’est que je n’ai aucune envie d’y aller !

_ Oui et bien n’y va pas. C’est une simple invitation, tu fais ce qui te plaît et personne ne t’en blâmera.

_ Ce n’est pas aussi simple… en m’invitant ainsi devant Helias, cette harpie me met en difficulté… si je m’écoute et que je refuse de venir, j’aurai le rôle de la mauvaise, la jalouse.

_ Et en quoi ce qu’elle pense de toi est-il important ?

_ Tu ne saisis pas ! C’est une sorte de défi ! Et je ne veux pas qu’elle pense qu’elle a gagné ou qu’elle m’a mis en difficulté… et puis il y a Helias, je veux lui prouver que je suis passée à autre chose, et qu’il n’est plus aussi important pour moi…

Dalia se mit à rire franchement, tandis qu’Anisha, elle, n’appréciait pas tellement d’être raillée de la sorte.

_ Que tu veuilles leurrer cette sorcière, c’est une chose, mais tu ne crois tout de même pas que le souverain de ce pays, puisse croire une seule seconde que tu l’aies oubliée et que tu sois passée à autre chose en si peu de temps ?

_ Alors quoi ? Je devrais souffrir seule de ce que, lui, a décidé ?! puis après un lourd soupir de désespoir, tu as raison… que je vienne ou non à ce mariage, cela ne changera rien au résultat, ni à ce que l’on va penser de moi. Helias sera de toute façon trop occupée pour m’accorder la moindre attention…

_ Donc ? Que comptes-tu faire ?

_ Le mieux serait que je reste chez moi. Faith pourra dire ce qu’elle voudra ensuite, elle n’aura pas tort. Je suis profondément jalouse et rien qu’en me souciant de ce qu’un homme marié puisse penser de mon attitude, fait de moi une personne mauvaise…

_ Et si je te disais qu’il y a une solution à ton problème, sourit Dalia avec malice.

Prise de court, la jeune femme regardait sa sœur comme si elle détenait un secret insoupçonné.

_ Tu veux en savoir plus n’est-ce pas ?

_ Dali, parle s’il te plaît, je suis assez angoissée comme cela…

_ Disons, que tu aies la possibilité de venir à cette fête, et de montrer que tu es passée à autre chose à Faith et à Helias… cela te satisferait ?

Une solution qui lui permettrait d’aller à ce mariage et de garder la tête haute ? Sa cadette aurait un tel tour dans sa manche ?

_ En acceptant la solution que je te propose, tu pourras aussi regarder ton ancien amant, passer par les mêmes déboires émotionnels que toi… il cuira de jalousie et regrettera jusqu’au jour où il t’a laissé pour une autre.

_ Je ne saisis pas, soit plus explicite, supplia Anisha de son regard brillant de curiosité et d’impatience.

_ C’est très simple, envoi vite une lettre au beau Madok, le guerrier de Raman et invite-le à t’accompagner à ce mariage.

_ Qu’est-ce que tu dis ?

_ Écoute, tu m’as raconté ton entrevue avec cet homme, ainsi que la réaction de Helias d’Orburg quand il a surpris votre proximité…

_ Oui…

_ Bon sang, tu ne vois toujours pas ?!

_ Si. Bien sûr que si… tu veux que j’invite Madok à m’accompagner pour rendre Helias jaloux ? C’est bien cela ?

_ Ouiiiii ! Et puis, tu pourras jouer la comédie et faire semblant de t’être rapprochée de ce type, ça sera bien plus efficace que tous les artifices, crois-moi.

Anisha prit un moment de réflexion. Elle se remémora que trop bien l’emportement de son ancien amant après le départ de son sauveur et ami.

_ Je… je ne sais pas, fit-elle un peu hésitante et craintive.

_ Comment ça, tu ne sais pas ?! Tu veux donner une leçon à cet homme avant de partir une bonne fois pour toutes, ou tu veux rester la maîtresse affligée, qu’il a mis de côté pour se marier à une femme plus honorable ?