Les choses s’accélèrent

1398 Palabras
Les choses s’accélèrent Sirine avait fait une halte au club pour dame de la capitale afin de se changer. Attifée de la sorte, elle ne passait pas inaperçue et habituée à l’anonymat le plus complet, elle ne se sentait pas à l’aise. Peu de gens le savait puisqu’elle était passée par un administrateur, mais le lieu où se retrouvaient toutes les gentes dames fortunées de la ville, lui appartenait. C’était un lieu pratique pour y obtenir toutes les informations sensibles du pays. Les épouses des plus grands hommes s’y retrouvaient pour bavarder sans retenue et ses employées et ses intimes, n’avaient plus qu’à lui rapporter les événements intéressants susceptibles de lui servir. _ Madame, un monsieur demande après vous, lui dit l’une des domestiques en rentrant dans la pièce qui lui servait de bureau. _ Fais-le patienter dans le petit salon, lui ordonna Sirine en finissant de lacer son corset. _ Bien madame, j’y vais de ce pas. À peine la porte se referma, la jeune femme soupira de soulagement. Son entrevue avec le marquis n’avait pas été catastrophique et sa compréhension, lui évita de devoir le faire taire. Sirine s’y était préparée et elle n’avait rien contre ce fait pour mettre sur pied son plan, seulement, elle n’avait jamais tué de ses propres mains, et elle avait appréhendé ce moment. _ Madame, vous êtes en beauté, aujourd’hui, la complimenta Toma, son professeur et ami quand elle l’eut rejoint dans le salon. _ Ne m’en parlez pas, j’ai l’impression de porter un masque, tellement je me suis enduit le visage. Je ne sais pas comment mes congénères supportent tous ses artifices étouffants. _ Ces artifices peuvent se montrer nécessaire avec la gent masculine, ne les sous-estimez pas… au fait, l’ont-ils été avec vous ? _ Ce n’est pas tant mes charmes qui ont œuvré en ma faveur, mais plutôt mes liens de sang avec Helias. _ Je vois que notre amateur de bonne chair n’en reste pas moins attaché à son sérieux et à sa loyauté. _ Tout comme vous me l’avez dépeint, en effet. _ Oui, j’ai servi sous ses ordres, il y a longtemps, et je peux vous dire qu’il n’est pas un supérieur commode. Sirine voulait bien le croire, car dès qu’elle avait mis le sujet du roi sur la table, elle avait vu comment le marquis avait changé du tout au tout. Et si elle n’avait pas été une femme coquette et faussement inoffensive, sa mise en garde n’en aurait pas été une. Elle aurait tâté de son épée, elle en était certaine. _ Dans tous les cas, ce vieux grincheux me laisse le bénéfice du doute. Il est d’après ses dires, curieux de la suite des événements, et si je peux défaire Helias et prouver qu’il n’est pas la personne qu’il dit être, il me suivra. _ Vous êtes consciente que c’est une chose impossible. Le roi actuel est bien l’héritier légitime de la couronne… _ Vous pensez la chose impossible ? N’oubliez pas que je détiendrai la femme qui compte le plus pour cet idiot de Helias, et contre la vie de celle-ci, il devra déclarer ce que je lui dirais de déclarer. Et puis le marquis est un homme avec des ambitions, sinon il ne serait pas là où il est à présent, une fois que le royaume se retrouvera sous ma gouvernance, il se dépêchera de se lier à ceux qui détiennent un minimum de légitimité. _ En parlant de légitimité, vous ne voulez toujours pas me dire qui est votre pion pour monter sur le trône ? À cette question, la jeune femme esquissa un sourire, il était vrai qu’elle s’était montrée plus que prudente en ce qui concernait l’homme qui remplacera Helias au pouvoir. Un homme qu’elle aimait depuis toujours et qui avait failli lui être enlevé par deux fois. D’abord par un mariage arrangé, et par la suite de la main même de ce roi infâme. En repensant aux mésaventures que son amant et amour de toujours avait dû essuyer, son cœur se glaça. _ Vous me semblez bien soucieuse…, s’inquiéta Toma. _ Je ne le suis pas, l’interrompit Sirine en se reprenant. Disons juste que j’ai hâte de faire payer quelques dettes à mon très cher frère, expliqua-t-elle en fin de compte. L’homme laissa échapper un rire franc. Il connaissait son amie bien plus qu’elle ne le croyait et il aimait visiblement cette manière qu’elle avait de ne jamais montrer ses faiblesses. C’était un trait de caractère peu commun chez les femmes de la haute société. Ces dernières étaient en général tellement gâtées, qu’elles ne supportaient rien et étaient exagérément sensibles. _ Je vois que vos ressentiments contre Helias d’Orburg sont aussi liées à ce mystérieux inconnu, supposa son ami que la curiosité rendait presque impatient. _ Vous en saurez bientôt plus à son sujet, Toma. Le mariage royal approche à grand pas, et c’est ce jour que j’ai choisi pour faire tomber la tête de mon ennemi. _ Pourquoi ce jour plutôt qu’un autre ? La surveillance sera à son paroxysme et il ne sera pas évident pour vos troupes d’accéder au palais sans que cela ne questionne. _ Des troupes sans nul doute, mais n’oubliez pas que j’ai plus d’un tour dans ma manche, mon cher. Et quel jour serais meilleur que celui-là. Tous les puissants nobles seront présents pour prêter allégeance à ma cause et assister au couronnement de mon futur mari, et accessoirement au mien. _ Et les armes ? Comment les acheminerez-vous ? Le visage de Sirine afficha un air de satisfaction. _ Vous savez que les femmes des plus grands viennent régulièrement en ces lieux, et dès que je le peux, je leur vante les qualités de mes « cochers et gardes personnels », après des négociations sommaires, je leur cède ces pépites aussi fortes que qualifiés. _ Je vois que vous avez pris les devants, madame… _ Assurément, mon cher. Je ne peux me permettre de me montrer peu méticuleuse au vu des dessins qui sont les miens. Et mon ennemi est du genre redoutable, je n’aurais aucun droit à l’erreur. _ Cela va sans dire, en effet. Vous comptez sur ces mêmes infiltrés pour apporter les armes ? _ Disons que le jour qui précèdera la cérémonie, les fiacres seront utilisés pour cacher une partie de notre artillerie. L’autre, sera dissimulée dans le chargement que j’enverrai en guise de présent. Ayant une immunité totale au palais, personne ne le fouillera… _ Vous ne laissez rien entre les mains du hasard, ma chère, je ne peux qu’applaudir votre génie. _ Il y a déjà bien assez de points entre ses mains, lui dit Sirine en soupirant d’inquiétude. L’armée de l’ombre de Helias par exemple… Si je me doute de l’identité de certains de ses membres, je n’ai pu tous les identifier. _ Il est vrai que cela peu vite devenir problématique… _ Oui, enfin, j’ai tout de même créé cette frasque dans l’une des plus grandes villes frontalières en espérant que mon cher neveu y envoie une partie de sa garde secrète, et si l’on compte avec ça, ceux qui sont déjà mobilisés et ceux qui sont affectés à la surveillance de Jonas de Braussen, cela nous laisse une marge de manœuvre… et puis, je vous ai à mes côtés. Votre vaillance égale celle de dix hommes à ce que l’on dit. _ Il ne faut pas écouter tout ce que l’on dit, madame. Mais sur ce point, je ne peux vous contredire. Encore faut-il me trouver une invitation. Car contrairement aux hommes que j’ai mis à votre disposition, je ne peux me faire passer pour un simple cocher ou un garde quelconque… _ Je sais exactement au bras de qui vous pouvez venir. L’ami d’enfance de Liviane n’a à ce jour pas de cavalier. Et même si ce mariage l’incommode au plus haut point, sa présence n’en est pas moins exigée au vu du statut de son père. _ Vous voulez m’acoquiner à la fille du premier conseiller durant cet évènement ? Sirine ne répondit pas et à la place, elle arbora un sourire qui en dit long sur ce qu’elle avait en tête. _ Pas seulement pour cet événement, mon cher. Sachez que nous avons besoin de rallier un grand nombre de puissants à nos côtés et le seigneur Vasseur n’est pas une personne à négliger, croyez-moi.
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