Chapitre 6

1107 Mots
Debout sur le ponton, un enfant qui observait le rivage attira l’attention de Vincenzo. Après avoir balayé les alentours du regard pour trouver l’adulte qui l’accompagnait, il ne vit personne. Il était bel et bien seul. On ne pouvait lui donner d’âge précis, mais il était évident qu’il était trop jeune pour se trouver là, sans personne pour le surveiller. Ne pouvant ignorer cette situation qu’il trouvait dangereuse, Vincenzo s’approcha et le questionna : _ Dis-moi que fais-tu ici tout seul ? Le petit se tourna vers lui. Ses grands yeux bleus et sa petite bouille arboraient un air méfiant. Il devait sûrement se demander ce que Vincenzo lui voulait, mais après réflexion, il prit la décision de lui répondre. _ Je regarde les bateaux. _ Je vois ça mais où sont tes parents ? _ Maman est là-bas, fit-il en désignant l’opposé du ponton du doigt. Et papa… le gamin baissa la tête, un peu triste. Papa il voyage loin. _ Très bien. Ecoute, tu sais que tu ne peux pas te balader seul ici ? Les enfants doivent toujours rester avec leurs parents ou un adulte pour les surveiller ? Et si tu veux regarder les bateaux, tu dois le faire en compagnie de ta maman. L’enfant montra des signes de contrariétés avant de se justifier : _ J’ai demandé mais elle dit toujours non. Et puis je suis grand ! J’ai trois ans. Trois ans, s’étonna Vincenzo qui le trouvait bien éveillé et surtout bien éloquent pour son âge. _ Je comprends, soupira l’homme qui saisissait mieux l’histoire. Seulement, à même à trois ans on doit encore rester avec ses parents. Sans cela, on peut se mettre en danger. Tu saisis ? Le petit opina de la tête tout en continuant à bouder. _ Allez viens, on va essayer de retrouver ta maman. L’expression de l’enfant changea brusquement, et il mit ses mains dans son dos pour ne pas laisser Vincenzo le saisir. Sur un ton ferme, il ressortit la phrase qu’on lui avait surement appris. _ Je te connais pas. Je donne pas la main. _ Tu as bien raison de te méfier, seulement je ne peux pas te laisser seul ici. _ Je vais attendre ma maman, elle va venir. Le dilemme de Vincenzo restait entier. Il n’allait quand-même pas appeler la police. La mère n’allait pas tarder à le retrouver, vu qu’ils ont eu l’air d’avoir un accrochage au sujet de ce lieu. Il jeta un œil à sa montre et après un soupir, il s’assis près de lui. _ Très bien. Je vais me contenter de rester ici, et de te surveiller en attendant que ta maman vienne te chercher. Tu es d’accord ? demanda-t-il. Et une fois que l’enfant acquiesça de la tête il continua, en revanche si je ne vois personne arriver d’ici vingt minutes, j’appellerai la police afin qu’elle t’aide à retrouver ta famille. _ Oui, d’accord. _ En attendant, est-ce que tu as le droit de me dire comment tu te nommes ? Le petit se mit à réfléchir et ne se souvenant pas d’avoir appris de règles à ce sujet, il hocha la tête. _ Donc, comment tu t’appelles ? _ je m’appelle Léo. Leo, pensa l’homme en trouvant la coïncidence plutôt amusante. D’après les recherches qui avaient été faites, son fils se nommait ainsi. Enfin presque. Il ne sait pour qu’elle raison, Lucia avait décidé de lui donner le nom de son père à lui. Leopold. _ Toi aussi tu aimes les bateaux ? S’enquit l’enfant après un moment à l’observer avec curiosité. _ Oui j’aime beaucoup ça. D’ailleurs je devais avoir ton âge quand mon grand-père m’a laissé tenir la barre la première fois. _ Tu as un bateau ?! S’exclama le petit avec des yeux brillants d’émerveillement. Il est où ? _ J’en possède un, oui. Mais il n’est pas là. Je n’avais pas beaucoup de temps, alors j’ai préféré prendre l’avion pour venir ici. La déception se lut aussitôt sur la petite bouille, ce qui fit sourire Vincenzo. _ Quand je serais grand, moi aussi je veux un bateau. Un grand, déclara-t-il d’un air triomphant d’avance. Et comme mon papa, je voyagerai loin… puis après réflexion, mais pas trop, comme ça je verrais maman des fois… Vincenzo savait ce que ce petit ressentait. Son père aussi avait sillonné le monde pour son travail, et il lui avait beaucoup manqué au même âge. Ce souvenir le questionna sérieusement. Qu’avait bien pu dire Lucia à leur enfant pour justifier son absence ? Son regard s’assombrit en y pensant… _ Leo ! S’écria une voix au loin. Vincenzo tourna la tête vers l’homme qui courait dans leur direction en faisant de grands signes. Il se leva et épousseta son pantalon. Ce type était le père ? Se demanda-t-il en ne trouvant aucun air de ressemblance entre eux. _ Leo, qu’est-ce qui ta pris de partir comme ça ? Fit Siv essoufflé et encore sous l’emprise de la panique. Tu sais que c’est très dangereux ! Tu nous as vraiment fait peur. _ Pardon, s’excusa Leo qui avait conscience d’avoir mal agit. _ Vous devriez sérieusement faire attention la prochaine fois, intervint Vincenzo sur un ton de reproche. _ Le monsieur est resté avec moi, déclara Leo comme pour le présenter et justifier sa présence. _ Merci à vous. Et pour la petite histoire, il a littéralement échappé à sa mère. Avec la densité de la foule, elle n’a rien pu faire pour le rattraper… Vincenzo qui trouvait sa tentative de justification déplacée, se rembrunit. _ Ecoutez il est inutile de vous trouvez des excuses. Votre négligence est manifeste, et le mieux serait de d’être plus vigilant à l’avenir. Car si un évènement fâcheux était arrivé, vous n’auriez plus que vos yeux pour pleurer. _ Vous avez raison, reconnu Siv honteux d’avoir essayé de se décharger sur l’enfant. Quoiqu’il en soit, merci beaucoup… _ Au revoir Leo, fit Vincenzo en posant une main sur la tête de l’enfant et en s’en allant. _ Au revoir le monsieur au bateau… En arrivant dans sa voiture, l’homme sourit en repensant à cette adorable rencontre. « Le monsieur au bateau », ce petit c’était quelque chose. Il s’adossa à son siège et ferma les yeux un instant. Il tentait d’imaginer la bouille que pouvait avoir son fils à lui. Maintenant qu’il avait des repères plus précis de ce à quoi, devrait ressembler un enfant de cet âge… Il avait beau se concentrer, mais contrairement au images floues habituelles, cette fois son fils prenait les traits de Leo. Il secoua la tête de dépit devant l’influençabilité de l’esprit humain.
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