Chapitre 8:Des remords plutôt que des regrets

2203 Mots
Douze mois se sont écoulés depuis les premières semence. Les choses se déroulent bien pour Raphaël. Les affaires ont été bonnes. Comme l'a été son souhait, tout ce qu'il entreprend lui réussit. Il a pu faire des économies et améliorer son lieu milieu de vie. Un avenir radieux s'ouvre à lui. Entre temps, afin d’éviter des problèmes, il réalise son troisième souhait qui est de ne jamais être découvert par Madara. Comme il s'en est douté, son ancien employeur le cherche ardemment ; Bella le lui avait confirmé. Doguecimi quand à elle, a passé ses journées à observer avec fierté Raphaël travailler la terre. Parfois, il lui est arrivé de penser à un avenir radieux pour lui, en oubliant qu’après son quatrième et dernier vœu, elle devra retourner dans son monde. Pour la première fois depuis qu'elle joue ce rôle de nymphe au souhait qu'il lui soit arrivé de s'attacher autant à une personne A présent, Raphaël est assis sur un arbre aux côtés de Doguecimi qui a déjà quinze ans. Comme à leur habitude, ils observent le ciel et discutent. Se sentant en confiance, il lui raconte sa vie, depuis son enfance jusqu’à ce soir là où les deux s’étaient rencontrés. —Je crois que tu devrais rentrer au village pour rendre visite à tes parents, conseille tout à coup la nymphe. Le visage de Raphaël s'est tout d'un coup assombrit. Rentrer chez lui ; cette idée lui a toujours traversé la tête depuis son arrivée à la capitale. Cependant, il a toujours redouté la réaction de sa famille. Dans tête, revenir à la maison signifie affronter le regard plein de déception de son père, les yeux remplis de larmes de sa mère qui pensait ne plus jamais revoir son fils aîné ainsi que les jugements des villageois. Tout cela lui serait difficile à supporter. Alors, par manque de courage, il remet à plus tard ce retour. —Après, finit il par répondre. —Aurais tu peur ? le nargue t-elle. Après avoir eut ses quinze ans, elle montre de moins en moins de timidité et se permet de plus en plus de faire des reproches à Raphaël mais aussi de lui prodiguer des conseils. De plus, elle est arrivée à parler couramment le français sans avoir eu besoin des enseignements du jeune homme ; assimiler les langues se trouve être l'un de ses pouvoirs. —C’est que… commence le jeune homme, embarrassé. Répondre à cette question vient à mettre en avant ses peurs, ses pensées intimes. —Tu es effrayé par la réaction que pourrait avoir ta famille, n’est-ce pas ? Raphaël sourit. « Cette fille a le don de pouvoir lire dans les pensées. » pense t-il. Il se rend alors compte qu'il lui serait difficile de lui cacher les tourments de son cœur ; que cette nymphe doit connaître les secrets de son âme. —Oui, avoue t-il. Je ne peux pas y aller maintenant. J'ai encore besoin de temps. —Et jusqu’à quand, Raphaël ? lui demande Doguecimi. Il se gratte la tête. Cette question lui est sans réponse. —Qui remet à demain trouvera malheur en chemin, continue la nymphe. De ce que j'ai appris sur ton père, je pense qu'il ne t'en voudra pas. Tout comme l’enfant prodigue qui revient à son père après ses déboires, toi aussi, tu reviendras au tien. Et tout comme le père de ce jeune homme l'a fait, le tien te tendra lui aussi les bras. Raphaël est pris de surprise en entendant Doguecimi donner un exemple en se basant sur la bible. Ses yeux sont fixés sur elle tant la perplexité le tient. —Qu’y a-t-il ? —Je ne m’attendais pas à ce que tu connaisses la bible. Tu es surprenante, étonnante. —Tu oublies que je ne suis pas une enfant. Durant toute mon existence, j'ai connu des gens qui croyaient en un Dieu créateur de l'univers que certains appellent Jéhovah. J'ai connu des hommes et des femmes qui appelaient ce même Dieu, Allah et disaient que les saintes écritures se trouvaient dans le Coran. J’ai aussi connu des gens qui avaient la foi en nos et d'autres qui ne croyaient en rien. —Tu es une vielle alors ! s’exclame t-il. L'autre ne paraît pas s’offusquer de cette remarque. —A dire vrai, je ne le suis pas. Si je devais évaluer mon âge par rapport au calcul que vous les vivants faîtes, je dirais que toi et moi devrions avoir à peu près le même âge. Tu pourrais toutefois être plus âgé que moi mais pas de beaucoup. Les paroles de la nymphe attirent l'attention du jeune homme qui décide d'en profiter pour dévier le sujet principal de la conversation. —Mais, dis moi. En quoi crois tu, toi ? Doguecimi sourit, amusée par la question. Néanmoins, elle ne se laisse pas distraire. —Nous ne discutons pas de mes croyances religieuses mais de l’appréhension que tu as de retourner voir ta famille. N'essaie pas de détourner le sujet. —Mais, je m'en veux. Je suis plein de remords et de honte. —Finagnon, tu sais ? Il vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets. Cependant, c'est encore plus profitable lorsqu'on vit sans les deux. De plus, la honte ne tut pas si l'on sait regarder en avant. —On dirait mon père, lui fait il remarquer. Elle prit la remarque comme un compliment. Ainsi avait-elle deviné juste en adoptant la personnalité du sage. —Vraiment ? Si cela est bien le cas, alors si je pense que ton père te pardonnera, c'est ce que ce sera le cas. Au début, il a dû être irrité et fâché contre toi. Cependant, c'est un père et il s'inquiète sûrement pour toi. Tes intentions en quittant ta famille étaient bonnes et si tu en parles avec lui, si tu lui expliques ce pour quoi tu es parti, il te comprendra. La joie de te retrouver sain et sauf effacera toute la colère qu’il a pu ressentir envers toi, j'en suis certaine. Les liens entre un père et son fils ne se cassent pas aussi facilement. Doguecimi lui montre ensuite les cultures du regard. Le sourire est toujours affiché sur son visage. Les cultures sont abondantes, de quoi nourrir la fierté du cultivateur. —Et regarde. Regarde ce que tu as accompli. Ton père sera fier de savoir que tu réussi en suivant ses conseils. En allant les voir, amène de tes produits avec toi. Ɛnagnɔn bǒ Finagnon. Raphaël l'a écoutée parler sans dire un mot. Pendant qu'il l’écoutait, son esprit était comme subjugué et tous ses sens attirés par la douce mélodie qu'est la voix de Doguecimi. Il se rend tout à coup compte que la fillette timide qu'il a connue est devenue une adolescente introvertie mais plus volubile. Un sentiment étrange naît en lui à ce moment ; un sentiment qu'il n'arrive pas à expliquer. De la tendresse ? Cela est possible. De plus, quoi de plus normal que d'avoir de la tendresse pour une amie ? Cette adolescente, il la considère comme son amie ; une personne en qui il peut avoir confiance et à qui il peut se confier à tout instant. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est peiné de voir que Doguecimi n’apprécie pas Bella qui est pourtant la femme de sa vie ; d'autant plus que Bella a abandonné son ancien travail pour devenir vendeuse dans une boutique de vêtements. Il n'y a donc selon lui, plus aucune raison qui puisse animer la méfiance de Doguecimi. —Merci, souffle t-il. Tu m'as convaincu. Son histoire, il l'a raconté à Bella, sauf bien-sûr la partie où il rencontrait la nymphe et la magicienne. Il lui a aussi fait part de ses doutes et de ses craintes. La seule chose que Bella lui a répondu à été : —Mon chéri, quand tu reviendras les poches pleines, personne ne se rappellera que tu as fugué. Ce jour là, Raphaël s'est rendu compte de n'avoir jamais eu de véritables conversations avec Bella. En vérité, cette dernière n'a jamais su lui parler comme le fait la nymphe. Avec Bella, discuter ne l'a jamais passionné ; tout ce qui l'anime, c'est l'envie de la regarder et de la toucher. —J’aimerais t'accompagner dans ton village, dit soudain Doguecimi. Si tu le veux bien bien-sûr. Raphaël revient à lui. Bien-sûr qu'il aimerait qu’elle l’accompagne afin de ne pas se retrouver seule à affronter son passer. Toutefois, il se rappelle que Doguecimi ne peut rester que dans un lieu recouvert de verdure et que le voyage se ra long et pénible pour elle puisqu'il se fera dans un de ces taxis dans lesquels l'on s'entassent comme des sardines. —J’ai envie que tu viennes mais, tu ne pourras pas être à l'aise durant le voyage. —Tant que tu es avec moi, je suis toujours à mon aise, répond t-elle non sans un ton timide dans la voix. Les yeux de la jeune demoiselle sont fuyants, ce qui trouble son interlocuteur. Elle-même ne comprend pas ce soudain manque de confiance en elle et cette peur d’en avoir trop dit. Le regard insistant de l'autre ne fait qu'aggraver son cas. « C'est quoi le sens de cette phrase ? Si ce n'est pas qu'elle est un être surnaturel, penserais qu'elle est amoureuse de moi. » se dit Raphaël. Le chant d'un rossignol atteint ses oreilles. Lorsqu’elle lève les yeux, elle remarque des oiseaux ramenant de fines brindilles afin de construire leur nid. Aussitôt, un idée germa dans sa tête. —Attend, dit elle. Elle ferme la main puis les yeux. Lorsque sa main s'ouvre à nouveau, un bracelet fait d'une fine tige d'arbre s'y trouve. —Tiens. Porte le à ton poignet gauche. Quand tu arriveras à destination, j’apparaitrai près de toi. —Vraiment ? demande le jeune cultivateur, incrédule. —Oui. Ne t'inquiètes pas. Je serai avec toi. —Merci. —De rien, dit elle alors qu'elle essaie déjà de descendre de l'arbre. Tout à coup, le pied de l'adolescente glisse. Raphaël la rattrape de justesse mais, les deux font une chute et finissent au pied de l’arbre. La branche sur laquelle ils étaient assis n’étant pas très hautes, le jeune homme n'a que quelques égratignures. Néanmoins, son cœur lui, est pris dans une course folle, à tel point qu'il a l'impression que ce muscle sortirait d'un instant à l’autre de sa poitrine. Et pour cause ; à leur atterrissage au sol, son corps se retrouve littéralement allongé sur celui de la nymphe. Jusqu’à ce jour, les deux ne s’étaient jamais touchés et Raphaël a toujours cru qu'il lui serait impossible de la toucher. Pour lui, elle était sensée être immatérielle. Mais , curieusement, il a pu la touché. Il peut même sentir son parfum identique à celui d'une forêt après la pluie. Ses yeux sont plongés dans les iris bleus de Doguecimi. Plusieurs secondes passent sans le contact entre le deux ne soit rompu. —Pardon, finit par dire la nymphe. Revenant à la réalité, Raphaël se lève avec précipitation. —Excuses moi, dit-il confus. —Ce n'est rien. Je te remercie de m'avoir rattraper. —Ce n'est rien. Un silence gênant s’installe immédiatement entre eux. L'adolescente semble mal à l'aise. Pour couper court à son supplice, il prétexte aller informer le propriétaire de son futur voyage et s'en va sans se retourner. « Qu’est-ce qui s'est passé ? Qu’est-ce qui m'est arrivé ? C’était quoi ça ? » se demande t-il. Pour lui, il est inconcevable qu'il puisse avoir de l'attirance, ne serait ce qu'un chougna d'attirance pour une nymphe de quinze ans. Doguecimi est elle aussi troublée par ce qui vient de se passer entre Raphaël et elle. Elle aussi pensait qu'il leur était impossible de se toucher car, jamais au grand jamais elle n'a eu à toucher un être humain. Son cœur a émit un bond à leur contact. Cela a été quelque chose qu'elle n'a jamais ressenti, même avec lui. Raphaël, après avoir appelé le propriétaire, il appelle Bella afin de pouvoir la rejoindre et oublier le trouble qu'il a ressenti. Mais, elle l'informe ne pouvoir être libre que à l'heure de la pause. Ceci étant, le jeune homme décide de passer les deux heures avant la rencontre à errer dans les rues du quartier. Rester à la propriété lui donnait l'impression d’étouffer. Néanmoins, le temps lui parait s’écouler lentement. Afin de ne pas penser à la nymphe, il se met à imaginer son retour au village. Puis, deux heures plus tard, il rejoint sa dulcinée devant l'auberge. Lorsque ses yeux se posent sur les formes généreuses de Bella, il en oublie tout jusqu’à ses tourments. —Chérie ? Comment ça va ? demande l'ancienne prostituée en remarquant la confusion sur le visage de son “bien-aimé”. —Ça va. Et toi ? —Je vais toujours bien, comme d’habitude. On n'y va ? Bella n'a pas préféré s’étendre sur le sujet. Après tout, il s'agit de sa vie et de ses problèmes. Elle pense donc que s'il a voulu la voir, ce n'est que pour passer un bon moment et oublier ses peines. —Oui. Fais moi oublier les soucis.  
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