55. LE MATIN Quand les inutiles regrets se font-ils le plus douloureusement sentir ? Quand l’avenir incertain est-il assombri par les nuages les plus épais ? Quand la vie paraît-elle avoir le moins de prix et quand l’idée de la mort revient-elle le plus souvent ? C’est aux terribles heures du matin, lorsque le soleil se lève dans tout son éclat et lorsque les oiseaux gazouillent au milieu du tranquille silence régnant à l’aube du jour qui vient de naître. Anne s’éveilla dans ce lit étranger et regarda, à la clarté du matin, la chambre étrangère. La pluie avait cessé de tomber pendant la nuit. Le soleil régnait en maître dans un beau ciel d’automne. Elle se leva et ouvrit la fenêtre. L’air frais et embaumé du matin remplit la chambre. De près comme de loin, le même aspect de tranqui