XIX-Faire connaissance

1032 Mots
— Allez... Prends en un peu. C'est super bon. — Non. dis je énervé. Depuis quelques minutes, Élie essaie de me convaincre de manger le "délicieux" repas que ma mère a fait pour moi. Je suis dégouté à chaque fois que je pose mes yeux sur lui, non pas parce que le plat me déplaît, loin de là. Si je n'imaginais pas les mains qui les ont préparés, l'odeur de ce couscous m'aurait fait saliver. — Tu devrais faire aussi des efforts de ton côté. Tu crois que c'est en faisant le difficile que tout va s'arranger? Arrête de faire l'enfant gâté. — Je ... — Ne dis rien. Je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous mais, tu dois savoir que tu n'es pas le seul à souffrir. Ne sois pas si égoïste. Tes parents ont décidés de ne pas trop forcer, te laisser de l'espace pour que tu ailles mieux; ils ont même préféré ne pas te faire suivre pour l'instant par un psy mais toi, tu ne veux pas le comprendre. Elle prend un air renfrogné. — Si tu ne mange pas, alors, moi non plus. J'ouvre les yeux. Est-elle sérieuse? Elle a passé toute la journée à mon chevet et n'a pas encore dû déjeuné et elle va rater le dîner pour moi? — Tu es folle. — Non. Je suis juste soucieuse de ta santé. Elle croise les bras et me défit du regard. Cette jeune femme n'a plus son éternel sourire et je découvre ainsi sa seconde nature; celle d'une femme bien plus sérieuse et déterminée à avoir ce qu'elle veut. Toutefois, je peux lire aussi de la tristesse au travers de ses prunelles. Tout d'un coup, elle me rappelle Camilla. "Elles ont ce même regard triste quand elles ont les yeux rivés vers moi." Je me sens immédiatement coupable. "Je n'arrête pas de refuser la main qu'on me tend et je pense pouvoir avancer comme ça? Il faut que je fasse un effort; au moins pour les deux amies." Car, à part Allena, je considère aussi Élie comme une amie. Elle a fait le pas vers moi et je ne vais pas faire le difficile. Alors, je saisis le repas. — Je mange si tu partage avec moi. Un sourire étire aussitôt les lèvres d'Élie. Cette dernière vient se joindre à moi après être allée chercher une cuillère. — Bon appétit. — Merci. Lorsque le couscous arrive à ma langue, je ne peux m'empêcher de m'extasier. C'est vraiment bon. — Hummm. dis je sans le faire exprès. — C'est bon, hein? —... — Allez... Avous. Je ne lui réponds et continue mon festin. "J'avais oublié qu'elle cuisinait aussi bien." Nous en avons presque fini. Du coin de l'œil, je peux, avec soulagement, apercevoir l'éternel sourire d'Élie et mes lèvres s'étirent toutes seules. — À qui penses tu? À ta future conquête? Mon sourire s'efface à demi. Je repense immédiatement à ce qui s'est passé cet après midi et ne peux m'empêcher de me sentir mal. "Je voudrais tellement que tu sois là pour que je puisse te serrer dans mes bras..." — Hé! Elle accapare autant tes pensées? Je me reprends. — Quoi? — Tu étais dans les nuages. Tu pensais à elle hein? — Pas... Pas du tout. bredouillé je. De toute façon, ça ne te regarde pas. Elle me pince le nez. — Ne t'inquiètes pas. Ton secret est bien gardé. L'infirmière me gratifie d'un clin d'œil. Je soupire tandis qu'elle débarrasse. — Je ne pense pas avoir une chance. En plus, C'est la petite amie à mon ami. Je ne peux pas lui faire ça. — C'est ton ami et pourtant, il n'est pas venu te voir? — C'est compliqué. — Tu m'en diras temps. — De toutes les façons, je me sentirais coupable de la lui piquer. C'est déjà le cas quand je pense à elle. — Tu sais? Il vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets. Les sentiments, ça ne se commande pas et si cette fille ressent aussi quelque chose pour toi, fonce. Ton ami finira par comprendre. Mais si elle ne t'aime pas, reste loin d'elle. Je ne te demande pas de trahir ton "ami". Tu dois être honnête et savoir ce qui vous rendra heureux. Crois tu qu'elle serait happy si elle devait rester avec un garçon alors qu'elle en aime un autre? Crois tu que ton ami serait content si sa copine s'éloignait de lui peu à peu et qu'il découvrait la vérité? La douleur en sera plus grande. Serais tu heureux toi, en les voyant malheureux? Parfois, le bonheur n'est qu'à portée de main. Je regarde Élie, perplexe. — Je voudrais te croire mais, tu me donnes des conseils sur quelque chose que je connais pas. Elle fronce les sourcils. — Toi, tu es sûr de savoir ce que je ressens alors que moi même n'arrive pas à distinguer ce qui se passe en moi. Mon interlocutrice soupire. — Tu sais quoi? Nous en reparlerons demain. Pour l'instant, tu dois te reposer. — D'accord, dis je un peu frustré. Au fait, quand est-ce que je peux sortir d'ici? La question me brûlait toujours les lèvres. — Je t'ennuie à ce point ? — Non... C'est juste que j'en ai marre d'être dans cet endroit. Ça me rappelle de mauvais souvenirs. Un air désolé s'affiche sur le visage de l'infirmière. — Je comprends. J'ai eu à discuter avec ta mère et elle m'a un peu parlé de toi. Pour tout te dire, je n'en sais trop rien. Tu devras poser directement la question à tes parents ou au médecin qui s'occupe de ton cas. — Hum ... — Bonne nuit. — Merci. Sa réponse m'a fait perdre le sommeil mais je me force à dormir. Il fait presque sombre dans la pièce mais, pas assez pour que je ne puisse pas observer Élie allongée sur le seul fauteuil de la chambre. "Elle dort paisiblement. On dirait qu'elle n'a aucun soucis." J'aurais bien voulu avoir une sœur pareille; gentille et bienveillante. "Ouais. Gentille et bienveillante." Le visage angélique d'Allena se dessine sous mes yeux. Je ferme les paupières pour mieux la contempler.
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