XV-De nouveau seul

1395 Mots
- Bon... Et bien... Au revoir, Anani. me dit Allena en entrant dans le bus. - Oui. Je lui fait un signe de la main, attend que le véhicule parte, avant de regagner mon domicile. "Cette journée a été vraiment belle avec Allena dans les parages. C'était génial et le temps s'est écoulé à une telle vitesse... Je suis déçu que ma nouvelle soit déjà partie." Nous avons discuté de tout et de rien. Je me suis découvert une passion pour les mangas, j'ai énormément ris à l'humour particulier d'Allena et j'en passe. D'un pas lent, je franchis les quelques mètres qui me séparent de chez moi et termine la soirée sans alcool. "Je veux être sobre pour me souvenir de sa compagnie." Nous sommes jeudi et je me prépare pour une nouvelle journée. Celle d'hier m'avait permis de me calmer mais aujourd'hui, je me rappelle avec angoisse du coup de fil. Je ne sais pas ce que ce mec me réserve; un autre suicidaire, je présume? Je suis écœuré par la situation. Je m'étais dit que je ne passerai plus devant le fixe du salon en marquant une courte pause mais difficile à faire quand on vous dit que rien n'est encore terminé. Ainsi donc, une fois de plus, je m'arrête devant le téléphone et contrairement à ce que j'avais souhaité dès mon réveil, la sonnerie retentit dans la pièce. J'aurais pu jeter cet objet de malheur dans la poubelle et on n'en parlerait plus mais, aurait ce été efficace? "Des gens ne pourraient ils pas mourir de mon égoïsme? Mais qu'est ce que je raconte? Personne n'a pensé à moi alors pourquoi est-ce que je devrais penser aux autres?" Une envie d'ignorer cet appel me vient mais, les doux visages d'Allena et d'Amalia dansent devant mes yeux. "Il y a des gens qui pensent à moi. C'est moi qui ne suis pas attentif." J'ai les jambes en coton, une de mes mains, toutes tremblante sert la lanière de mon sac tandis que l'autre, dans le même état prend le combiné et le porte à mon oreille. - Allô ! Ma voix est aiguë; je la reconnais à peine. - Je t'ai manqué? "Toujours cette voix étouffée, cause de mes tourments et qui m'horripile de plus en plus." - Pas le moins du monde. dis-je en essayant de prendre assurance. Allez, balance. "Je ne vais quand même pas lui montrer qu'il a de l'effet sur moi, non?" Je l'entends se racler la gorge. - Intéressant. Tu veux enfin te laisser prendre au jeu. Je savais que tôt ou tard, tu t'y plairais. J'imagine que tu dois être très excité alors, pour ne pas trop te faire attendre, je vais te proposer le menu du jour qui, crois moi, risque d'être amer. "Tous tes menus étaient amer, pauvre con." Je souffle de désespoir. Et dire que je vais encore sécher. "Cela m'étonne qu'aucun avertissement n'ait été adressé à mon encontre. Je sais que même si j'ai fait croire quelques fois que j'étais malade, sans certificat médical, l'administration reste dubitative. Il ne faut pas se voiler la face. " La voix du mec au bout du fil me sort de mes pensées. - Tu as... - Quoi? Tu peux répéter? "m***e. Je n'ai rien suivi de ce qu'il a bien pu dire. J'espère qu'il va reprendre." - Tu as de la chance que je sois de bonne humeur ce matin. Ouvre grand tes oreilles. Je suis suspendu ou soutenu. Fait de bois ou de bitume, on m'utilise pour traverser. Où suis je? Tu as une heure, si tes roues te le permettent. - Quoi? Il m'a encore raccroché au nez. Sans réfléchir, je sors mon smartphone et appelle Allena. Son téléphone sonne mais elle ne répond pas. Je me rends compte qu'il est déjà huit heures et qu'elle doit être en cours. De ce fait, je dois me débrouiller seul et ai jusqu'à 9h pour trouver l'endroit. Je prends mon cahier de notes et écrit la devinette. "Il a parlé de quelque chose qui sert à traverser, ce qui veut dire que c'est peut-être un objet. Une perche? Non vu qu'il a dit "fait de bois ou bitumé " Alors, ce peut pas être une chose déplaçable. La personne doit se trouver sur ce que je dois trouver. Je suppose donc qu'on marche dessus..." Soudain, j'ai un déclic. "Mais oui! Il s'agit d'un pont." Je fronce les sourcils. S'il s'agit vraiment d'un pont, il n'y en a aucun dans les environs. J'ai bien étudié le secteur. "Se pourrait-il qu'il ait changé de zone de chasse?" " Tu as une heure si tes roues te le permettent." Je déverrouille mon téléphone et clique sur l'application Google maps, histoire de savoir quel est le pont situé à au moins quarante cinq minutes d'ici, suivant un trajet à vélo. Je ne me démène pas trop et découvre qu'il y a le fleuve Adele au dessus duquel se trouve le pont Few. J'essaie encore de joindre Allena sans succès. Sachant que j'ai déjà perdu près de six minutes, je règle le chronomètre de mon téléphone et quitte la maison. Je décide de prendre un taxi pour économiser du temps. Je n'attends pas longtemps; le véhicule se gare devant moi et je m'y engouffre en comptant les billets. - La capitale le plus rapidement possible, s'il vous plaît. C'est urgent. - D'accord. "Heureusement que j'ai retiré de l'argent en début de semaine, sinon, ce serait une autre perte de temps que d'aller à un guichet. J'ai de la chance aujourd'hui, faut croire." Le taxi démarre et j'envoie un texto à Allena pour l'informer de la situation. Je suis sensé me débrouiller seul mais une aide supplémentaire ne serait pas de refus. Je pianote sur mon clavier avec une lenteur anormale tant le stress fait trembler les mains. Après avoir enfin réussi à finir mon message, je l'expédie direct et vérifie mon chrono. "Ouf. Il me reste encore trente minutes." Je vérifie ensuite le trajet sur mon téléphone qui m'indique que nous n'avons plus beaucoup de chemin à faire. Tandis que je suis attentivement le trajet dessiné sous les yeux et jette un énième coup d'œil à mon chronomètre, je sens que l'on s'arrête. Je lève la tête et constate que nous nous sommes arrêtés au milieu de plusieurs autres voitures. - Que se passe t-il? Le chauffeur se tourne vers moi. Son visage si jeune me surprend. Je ne prends pas souvent de taxi et pour moi, les chauffeurs sont sensés être vieux. Celui que j'ai en face ne doit pas avoir plus de vingt trois ans à mon avis. Il affiche un air désolé. - Je m'excuse mais, il y a un embouteillage monstre. - Quoi? Comment? - Je ne sais pas. Il y a eu peut-être un accident. "Non, mais. Je rêve?" Sans attendre, je fouille dans ma poche, remets à la va vite des billets quelconques au chauffeur et sort de la voiture à toute vitesse. "Je vais devoir courir." Des véhicules sont en arrêt tout autour de nous. Plusieurs conducteurs klaxonnent sans que ceux devant ne bougent pour autant. Il me reste vingt minutes et je constate qu'à pieds, je suis bien loin de ma destination. "Non. Il est hors de question que cette personne meurt. Je vais y arriver. " Je me faufile entre les voitures, l'esprit rivé sur mon objectif. "J'aurais dû prendre mon skate. " Je cours sans m'arrêter une seule seconde. Il y a toujours des véhicules en arrêt sur ma route. Ces bouchons me semblent sans fin et le trajet interminable. Lorsque j'aperçois, épuisé, les câbles du pont Few au loin, il ne me reste plus qu'une minute; une minute pour franchir les quelques mètres qu'il me reste. Au fond de moi, je sais que je pourrai pas arriver à temps. Cependant, je veux croire à un miracle, un seul, comme pour Amalia. Je m'avance vers mon objectif avec l'espoir de sauver une vie. J'ai tellement couru que j'en ai l'esprit embrouillé. Je ne sais pas combien de temps j'ai mis à arriver mais, les pompiers, la police ainsi que les ambulanciers me font comprendre que j'arrive trop tard. Les forces de l'ordre essaient d'éloigner les curieux de la zone mais je réussis à détourner leurs attentions et à me faufiler derrière la barrière et à me cacher à côté de l'ambulance.
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