Le déclic
{A la prochaine pour un nouveau jeu.}
"Serait ce le psychopathe de la fois dernière ?".
Soudain, j'ai un déclic. Une idée incroyable fait surface dans mon cerveau. C'est un peu tiré par les cheveux mais, je n'arrive pas à m'en débarrasser.
"Et si c'était le psychopathe qui avait provoqué tout ça ? Et si le jeu minable qu'il m'avait imposé était une sorte de jeu de la mort ? "
Je secoue la tête et m'ébouriffe les cheveux jusqu'à en avoir mal à la tête. Je me trompe sûrement. Ça doit être l'alcool qui me fait délirer.
"Raissa s'était juste suicidée et Camilla a eu un simple accident. Personne n'a poussé Raissa du toit du bâtiment et je ne crois pas au principe de l'hypnose. Camilla, elle, a juste été la victime d'un chauffard. Point barre."
J'envoie un message au pseudo psychopathe pour en savoir plus sur ce qu'il me veut et me donner raison.
{ Qui êtes vous ?}
Aucune réponse dans l'instant. J'ai été naïf de croire que l'inconnu allait me répondre. Je retente quand même.
{ C'était vous, Raïssa et Camilla ?}
{ Peut-être.}
{Vous bluffez.}
{Nous verrons bien. Mais, dis toi, Anani que si tu ne joues pas , ça va faire mal. Ne sois pas égoïste.}
{ Qui êtes vous ?}
{A la prochaine. Prépares toi.}
Je suis confus.
"Dois-je croire que c'est vrai ? Et quand il m'a écrit " prépares toi", est ce qu'il va y avoir d'autres victimes? Et c'est qui ce mec? "
Las de me poser des questions sans réponses, je me lève et prends la direction de ma chambre. Je m'endors difficilement.
***
Nous sommes mercredi. J'ai décidé de sécher les cours pour aller à l'enterrement de Camilla. Je lui dois au moins ça.
Mes parents ne viendront pas et ce, malgré qu'ils aient été informés. Comment je le sais ?
En voulant me servir un jus de fruit, j'avais remarqué qu'ils avaient laissés un mot pour moi avec une fiche sur laquelle il y avait la photo d'une vielle femme au visage sévère et des renseignements.
{Dépose la clef dans le pot de fleur comme d'habitude. Une nouvelle femme de ménage arrive aujourd'hui. }
Ouais. C'est ça. Je savais à l'avance que cette femme et moi n'allions pas être amis car elle ne pourrait jamais remplacer Camilla.
"Ils auraient pu faire un effort quand même. "
Assis dans un taxi, vêtu d'un jean noir et d'un t-shirt de la même couleur, je me rends à la Chapelle Ste Anne.
Les paysages défilent sous mes yeux tandis que le visage de Camilla hante mon esprit. J'arrive à destination sans m'en rendre compte. J'ai dû trop rêver.
Je paie le taxi et m'engouffre dans la petite église. Celle ci, malgré le fait qu'elle ne soit pas grande, arrive à charmer par son originalité. Les murs blancs, donnent une touche de pureté à l'endroit tandis qu'une petite cloche à son sommet et les vitres en couleur font croire à un bâtiment venu du paradis.
Il n'y a pas beaucoup de monde; sûrement parce que nous sommes en pleine semaine active. Je m'assois au fond pour ne pas me faire remarqué. Heureusement que je suis seul ici et que les gens venus pour la cérémonie soient tous assis devant. Je ne suis pas très à mon aise mais, ne me plains pas.
"Je suis là pour Camilla. "
Il est presque neuf heures et nous attendons tous. Je n'ai pas encore vu Irène et je compte aller la voir à la fin de la cérémonie. Il faut que je lui présente mes condoléances.
Quelques minutes plus tard, le prêtre se présente et fait son office.
Mes yeux se posent sur le portrait de la défunte et, perdu dans mes réflexions, j'en oublie presque la messe. Elle était si jeune. Elle va tant me manquer.
"A présent, il y a tellement de choses que j'aurais aimé te dire, Camilla. Il y a tant de choses que j'aurais pu faire pour que nos relations soient amicales. J'aurais dû me rapprocher un peu plus de toi. Au lieu de ça, je m'étais cramponné à ma propre existence, étant persuadé de mon entière solitude. Toi, tu avais toujours été là, pourtant..." .
La voix d'Irène me parvient. Elle fait un discours en la mémoire de la défunte. De là où je suis, je peux la voir nettement. Sa sœur et elle se ressemblent énormément. La seule différence entre Camilla et Irène est juste l'écart d'âge.
À la fin de la messe, je suis le cortège funèbre et recouvre moi aussi le cercueil de Camilla avec un peu de terre. Puis, j'essaie de trouver Irène parmi les personnes présentes et je n'ai pas eu beaucoup de mal à arriver à mes fins. J'attends que les autres aient finis pour la rejoindre devant la tombe.
— Bonjour.
— Merci d'être venu.
— Ce n'est rien. Camilla était quelqu'un d'important pour moi alors, j'étais obligé d'être là. Dommage que ses patrons n'aient pas pu venir.
— Ce n'est pas grave. Ils m'ont déjà envoyé une lettre de condoléances.
Nous sommes là tous les deux à observer la pierre tombale. Des questions me brûlent les lèvres. Si je veux connaître la vérité au sujet de Mr l'inconnu, il faut que je sache ce qui s'est passé avec Camilla.
— Excusez moi de vous poser cette question mais, comment s'est déroulé l'accident ?
La femme tourne la tête vers moi en m'interrogeant du regard. Elle doit se poser des questions. Je me demande si elle compte me répondre.
— Camilla se rendait chez vous comme à son habitude. Ce jour là, elle avait décidée de s'arrêter à la pâtisserie "La colombe" pour acheter des gâteaux. Elle m'avait dit la veille qu'elle voulait te les offrir et se demandait si tu les accepterais...
Mon cœur en est presque déchiré.
"Elle voulait m'offrir des gâteaux. Elle voulait faire le premier pas. J'y crois pas. "
"Si elle m'avait donné ces gâteaux, nous serions peut-être devenus des amis. Qui sait ? Je me serait senti moins seul. Pourquoi mon Dieu. Pourquoi l'avoir laissée partir ?"
— À ce qu'il paraît, elle n'avait pas attendue que le feu tricolore soit au rouge pour pouvoir traverser et se serait jetée volontairement devant un camion qui passait. Le conducteur n'avait pu freiner. Mais qu'est ce qui lui était passé par la tête ?
— Vous pensez qu'elle a juste voulue se suicider ?
Irène secoue la tête.
— Non. Je ne le crois pas et je refuse d'y croire. C'est vrai que notre situation n'est pas très bonne mais, de là à mettre fin à ses jours, je ne pense pas. C'est impossible.
Elle se met à pleurer et je ne sais pas comment la consoler. Ce n'est pas le genre de chose que je sais faire.
"Mon corps barré de traits blancs indique aux passants que je suis fiable. En attendant le rouge, ils saluent la colombe ; et quand la couleur s'annonce, ils m'empruntent.. Où est elle ? Tu as..."
Cette phrase me revient en mémoire et me fait l'effet d'une pluie de masses qui se déverse sur moi.
"Non. Je rêve. Le psychopathe l'aurait elle poussée ? Non. Elle s'était elle même jetée sur la route. Il ne s'agit que d'un hasard. Rien de plus. "
Mes mains tremblent ; j'ai de la peine à respirer.
"Il faut que je me calme."
— Ça va? Me demande Irène, inquiète .
— Oui. Oui. Je dois y aller. Encore une fois, toutes mes condoléances.
— Merci.
Je file tout droit vers la plage et ce à pied. La distance est longue mais je m'en fiche. Le soleil encore haut dans le ciel diffuse une chaleur accablante. Je marche pour ne pas trop réfléchir et arrive des heures plus tard sur l'étendue de sable tout en sueur.
L'heure sur mon téléphone m'indique quinze heures. J'enlève mes chaussures et plie les bas de mon pantalon avant de me poser sur le sable fin. Ce dernier est chaud mais le vent atténue la chaleur qui allait me faire fondre. Je ferme les yeux comme à mon habitude pour me calmer. Ça n'a pas l'air de marcher.
"Si tant est que Camilla a été une victime, Raissa l'est elle aussi ? Non. Personne ne l'avait poussée. Toutefois, en y repensant bien, les mots que j'avais entendu ce matin là... Le bâtiment principal du collège est le plus grand de tout l'établissement.
Quand nous passons près de lui, on ne peut s'empêcher de le regarder depuis le bas avant de s'y engouffrer. Aurais je affaire à un démon ou à un mauvais esprit capable de manipuler des gens sans qu'on ne le sache?"
À cette dernière insinuation, je rit jaune.
— Anani, mon ami. Tu délires. dis je tout haut pour sûrement me persuader que les évènements qui se sont produits et leur rapports avec les mots n'ont été que le fruit d'un pur hasard.
— Tiens. Il parle tout seul maintenant. Je savais que tu étais bizarre mais pas à ce point. Je devrais peut-être prendre mes distances.
Je sursaute.
"Ce mec ne pourrait il pas se montrer normalement ?"
Je le vois rigoler et s'asseoir à mes côtés. Il jette un coup d'œil à mes vêtements et je l'entends dire "Oh".
— Toutes mes condoléances.
— C'était une amie.
— Je vois. Mais, tu veux en parler ?
Il est vraiment sympa ce mec. Il s'inquiète pour moi à ce que je vois. Je ne sais pas si je dois extérioriser ce que je ressens. J'ai comme un poids sur le cœur tout à coup. Était il là avant ? Je ne sais pas .
"Dois-je m'en débarrasser ? Je n'en sais rien."
— Merci mais, non.
— D'accord. Je ne vais pas te forcer.
Il pose une main sur mon épaule. Ce geste amical me fait du bien et, tandis que j'observe l'horizon, des larmes s'écoulent de mes yeux. J'ai l'impression d'avoir été abandonné.
" Si le jeu est réel, alors, Camilla et Raissa sont mortes par ma faute. Ma solitude n'est alors que le résultat de mes choix. Je suis stupide."
Je n'arrête pas de pleurer. Mike me dit des "ça va aller" mais, je ne l'écoute pas .
"Ça n'ira pas. Rien n'allait, rien ne va et rien n'ira. Je ne suis qu'un c*n qui ne comprends pas qu'il peut avoir quelqu'un pour l'aider et qui a laissé des innocentes personnes mourir pour rien."
Je m'accroche à Mike du mieux que je peux. Je ne veux pas le perdre. C'est le seul ami que j'ai maintenant et je ne veux pas qu'il s'en aille lui aussi.