Une Vérité Incomplète

561 Mots
La nature, elle aussi, semblait être en peine, en douleur. Les tremblements étouffés des ailes des insectes trahissaient leur pitié. La terre laissait échapper de légers soubresauts, comme si elle respirait avec difficulté, oubliant la fragilité des fleurs à sa surface. Oh, pauvres fleurs ! Avant même de faner naturellement, leurs racines connaissaient déjà le trouble. Je me baissai et attrapai une poignée de la terre rouge de notre village. Lourde et humide. Était-ce le limon gorgé des pêchers de nos ancêtres, ceux que nous avions honte de reconnaître ? Ou simplement la trace du passage de la pluie ? La serrant fort, je la balançai sur le visage de Jean-Charles. « Comment tu te sens maintenant ? Comme une m***e, j'espère ! C'est ce que tu m'as fait endurer à chaque fois que tu changeais de chemin pour m'éviter. » Jean leva le visage, retenant visiblement ses larmes. Ses yeux secs brillaient, ses lèvres crispées. L'immobilité de son corps m'énervait encore plus. « Tu n'as rien à me dire alors ? Je suis venue ici pour avoir des explications ! En une année ton comportement a changé et tout cela pour quoi hein ? Pour une fille qui a quitté le pays. » Un ricanement glaçant sortit d'entre mes poumons. « Dis quelque chose enfin. » Il me fixa. Un regard tranchant. Chargée d'éclats noirs. Si épineux qu'il aurait pu écorcher la lumière. Le tonnerre frappa. Son silence apeurait la nature, mais pas moi. Moi, j'étais une amie qui avait besoin de réponses. « Jean-Charles, est-ce qu'elle t'a au moins dit au revoir ? Je souffre tellement. » Mes joues s'encombrèrent comme un bateau en naufrage. Mes mots nageaient à travers ma salive et mes larmes. « Je connais cette fille depuis la sixième. Je pensais qu'elle était ma meilleure amie. Mais elle est partie, Jean-Charles, sans même un au revoir. Sans même me laisser un mot avec un parent ou quelqu'un en commun. » Jean-Charles fit quelques pas, respirant comme un buffle en colère. Il se retrouva derrière moi et un bruit sourd accompagné d'une secousse fit vibrer encore plus la terre. Je me retournais, remarquant son poing sur le centre de l'arbre. Le choc me traversa comme une décharge, et un gémissement étranglé s'échappa tandis que je me jetais à ses pieds. « Mais que fais-tu ? Jean-Charles ! » J'éclatai en sanglots. « Tu veux te faire du mal à cause d'une fille ? Arrêtes d'agir comme un idiot ! » Je ne comprenais pas ce qui se passait et le fait qu'il ne disait toujours rien me laissait comprendre qu'il voulait la protéger ? La confusion m'enrageait. « Pendant deux ans, elle t'a menti. Elle n'a même pas eu le courage de tenir une seule de ses promesses, n'est-ce pas ? » Un silence court s'ensuivit. « Jean-Charles, parle-moi. » Il se retourna enfin. Me fixa silencieusement. Alors, je me levai, posai ma main sur son épaule chaude comme du fer. « Jean-Charles, je t'en prie, parle. » « Que veux-tu que je te dise, Joe ? Elle est partie et... il n'y a plus rien à faire. Elle ne m'a pas dit au revoir non plus, pourtant, elle m'avait offert un téléphone. Elle aurait pu m'envoyer un message. » Le sourcil levé, je demandai : « c'est donc elle qui te l'avait acheté ? »
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