Chapitre 1
Irina Maliasse
La journée s'était passée exactement comme les autres pour moi. Ma mère m'avait réveillé avant d'aller se coucher pour la journée. Je m'étais occupé de mon petit frère Zéphyr. Puis on est parti tous les deux pour nos cours. Lui, à l'école primaire et moi au lycée. Zéphyr et moi sommes assez spéciaux. Rien que le fait que ma mère dort le jour et ne se lève que la nuit est quelque chose d'anormal, me direz-vous. Pour moi, c'est naturel. Pour Zéphyr, c'est parce qu'elle travaille la nuit. Il ignore tout de ce que l'on est en réalité. Maman me l'a dit dès que j'ai eu l'âge de comprendre les mots. En même temps, elle aurait eu du mal à me le cacher. Car je suis une sorcière... Enfin, en partie. Parce que je suis également vampire. Un hybride qui me donnait l'apparence d'une normalité. Je peux vivre comme les humains. Manger comme eux et donc vivre une vie normale. Tout comme mon frère qui est lui aussi un hybride. Mi-humain, mi-vampire pour lui. La seule chose, est que l'on doit quand même boire une certaine dose d'hémoglobine.
_ Irina, maman n'est pas encore réveillé.
_ Zéphyr, tu ne dois pas embêter maman quand elle dort.
_ Mais, elle n'a pas signé l'autorisation de sortie pour mon voyage !
_ Elle le fera ce soir. Aller, en cours. Tu as pris tes vitamines.
_ Ouais dans mon jus de cassis.
_ Alors on y va.
_ Mais, j'ai besoin de l'autorisation.
_ Grrr, ça ne peut pas attendre ce soir.
_ Non, la maîtresse récupère les papiers aujourd'hui.
_ Pff, OK reste là, je vais aller voir si elle dort déjà ou pas. Tu m'attends ici.
Mon frère n'est pas au courant de tout ça. Donc, pour lui son hémoglobine, c'est du cassis et pour qu'il n'en donne pas à ses camarades, on dit qu'il y a des médocs dedans. Ce serait plus simple de lui dire que c'est pour laisser ça parti vampirique tranquille. Mais maman ne veut pas. Pas encore... J'entre dans sa chambre et regarde si elle dort. Ce qui est le cas, le soleil étant déjà levé depuis un moment. Tant pis, je signe à sa place et retourne auprès de Zéphyr.
_ Voilà, tu as de la chance. Elle venait juste de sortir de la douche. Heureusement que tu n'es pas monté avec moi, tu aurais vu maman à moitié à poils.
_ Beurk, non merci.
_ Aller en route...
Une journée tout à fait normale... Enfin presque. Le soir venu, quand je récupère Zéphyr, j'ai une drôle de sensation. Comme si, quelque chose était arrivé... La nuit n'était pas encore tombée et pourtant, j'avais l'impression que ma mère était déjà réveillée. Zéphyr est tout d'un coup nerveux.
_ Dépêchons-nous. Dit-il.
_ Pourquoi ?
_ J'ai peur pour maman.
En général, quand Zéphyr à ce genre de réaction, je l'écoute avec beaucoup d'attention... Je le prends par la main et le tiré plus vite. Quand on arriva au coin de notre rue. Je le tire d'un coup en arrière et le plaque contre le buisson.
_ Hey, mais tu es folle. Ir...
Je plaque ma main sur sa bouche et lui intime le silence. Lui parlant à voix basse...
_ Ne fait pas de bruit... Il y a des gens à la maison.
_ Qui c'est ??
_ Chute !!! Tais-toi... Laisse-moi regarder...
Je le place derrière mon dos et regarde discrètement vers ma maison. Plusieurs personnes y sont. Deux montes la gardent dehors. Alors que trois sont à l'intérieur. Des chasseurs...
_ Merde... Comment est-ce qu'ils ont fait pour nous trouver ?
_ Qui ça,
_ ... Personne...
_ Irina, qu'est-ce qui se passe.
_ Chute... Écoute, je t'expliquerais tout plus tard. Mais pour l'instant, il ne faut pas que tu fasses le moindre bruit.
_ Mais pourquoi ? C'est qui, ses types ?
_ Zéphyr, fait moi confiance... Viens... Et surtout, fait tout ce que je te dis.
Alors que les types montent la garde devant, on se glisse à l'arrière de la maison et surveille par la fenêtre de la cuisine. Les types retournent tous à l'intérieur. Merde, faut que je récupère mes affaires avant eux...
_ Zéphyr, on va entrer discrètement... Tu vas prendre un sac dans ta chambre et y mettre le plus d'affaire possible. Mais sans faire le moindre bruit. Il ne faut pas qu'ils nous voient. D'accord ?
_ Oui...
_ Moi, je vais aller voir maman et prendre mes affaires aussi. Surtout, ils ne doivent pas se rendre compte que l'on est là. Tu penses-y arriver ?
_ Ouais, ouais bien sûr.
_ Près... On va passer par la fenêtre. Allons-y...
On se glisse à l'intérieur et comme des petits chats, on s'infiltre sous leur nez. Les types n'y voyant que du feu... J'entre dans ma chambre et y glisse toutes mes affaires et le grimoire de magie de mon père. Ensuite, je vais voir dans la chambre de maman... Mais me recule tout de suite, un homme y est... Je recule et entre dans la chambre de Zéphyr...
_ Tu as récupéré tout ce qu'il te faut ?
_ Ouais...
_ OK, tu penses pouvoir te glisser jusqu'à la cuisine sans qu'ils ne se rendent compte de ta présence ?
_ Ouais, c'est facile.
_ OK, dans ce cas... Tu pars et tu m'attends près du buisson. Reste y cacher.
_ Et toi ?
_ J'ai un autre truc à faire. Fais ce que je te dis. Et surtout, qu'ils ne te voient pas.
_ C'est qui eux !
_ Chute... Je te promets de tout t'expliquai dès que l'on sera loin d'ici. Mais fait ce que je te dis.
J'ouvre la fenêtre et l'aide à sortir, ensuite, je lui envoie son sac et le regarde partir. Je descends jusqu'à la cuisine et fourre dans mon sac les bouteilles d'hémoglobine. Je prends ensuite un pot vide et retourne me cacher en haut. Quand le type sort de la chambre de ma mère, je m'y glisse à mon tour et à l'aide de ma magie, je récupère ses cendres pour les mettre dans le bocal avant de partir rejoindre Zéphyr. Comment je vais faire moi, maintenant...
_ Alors ?
_ Viens, ne restons pas ici. Il risque de nous voir.
_ On vient de passer à plusieurs reprises sous leur nez. Ils ne sont pas très malins, si tu veux mon avis.
_ Ouais... Mais là, on va faire encore mieux. On va passer devant eux, monté dans la voiture de maman et partir comme si de rien était.
_ Mais...
_ Tu montes dans la voiture et tu ne regardes ni les types, ni la maison. OK ?
_ ... OK. Mais, et maman.
_ Plus tard. Tu es près.
_ Mais avec tous ses sacs, ça va prendre un moment.
_ Mais non. Je vais les prendre.
J'attends qu'il avance un peu et tout en marchant avec lui, je me concentre et fais disparaître les sacs, qui réapparaissent dans la voiture. Je déverrouille la voiture de loin et on continue de marcher comme si de rien était. Les deux types qui montent la garde nous regardent. Mais je les ignore m'installer derrière le volant. Zéphyr en fait autant côté passager et je démarre. Les types parlent entre eux et se demandent s'ils doivent nous arrêter ou pas. Je ne cherche pas à en savoir plus et démarre... Je roule un moment dans le silence complet. Jusqu'à ce que Zéphyr n'y tienne plus.
_ Alors, tu vas m'expliquer ce qui s'est passé quand !!
Je tourne la tête vers lui étonner du ton qu'il emploie et soupire. Comment lui expliquer tout ça sans qu'il ne prenne peur...
_ Très bien... On va s'installer dans un coin tranquille et je te dirais tout. Mais avant, je veux que tu me promettes de ne pas hurler, de ne pas avoir peur, de ne pas t'enfuir.
_ Eu... Tu m'inquiètes là.
_ Promets.
_ OK, promis.
_ Bien, allons-y...
Je roule encore un moment et m'arrête près d'un parc. Je descends et ferme la voiture quand Zéphyr m'a rejoint, on marche un petit moment et je m'assois sur la balançoire.
_ Ce que je vais te dire, tu ne devras le répéter à personne. C'est très important. Il en va de notre survie.
_ ... ouais, mais encore ?
_ Voilà, Maman... Maman était un vampire.
_ Hein ????? Était !!
_ Mon père est un sorcier. Et du coup, je suis mi-vampire, mi-sorcière. Toi, aussi. Enfin, tu es mi-humain, mi-vampire. Les types qui étaient à la maison, ce sont des chasseurs. Des tueurs de vampire.
_ Des tueurs ?? Maman !!!
_ Oui... Ils l'ont tué.
J'extirpe le bocal et lui montre les cendres...
_ C'est... Maman ??
_ Oui, j'ai récupéré les cendres.
_ ... Et tu as mis ses cendres dans un bocal de cornichons.
_ C'est le premier truc que j'ai eu sous la main !
_ Je... Mais je ne suis pas un vampire... Je mange normalement et... toi aussi et...
_ Calme toi.
_ Que je me calme. Tu dis que l'on est des vampires !
_ Pas des vampires, des semis-vampires. On ne l'est qu'à moitié.
_ Et ça change quoi, de l'être qu'à moitié !
_ Ça change, que l'on peut s'exposer à la lumière du soleil sans risque. Que l'on peut manger comme un humain normal et avoir une vie normale. Enfin presque.
_ Presque ??
_ Bah, comme on est à moitié vampire, on doit quand même boire une certaine dose d'hémoglobine. Enfin, de sang.
_ Mais je n'ai jamais bu de sang moi.
_ ... Eu... En fait, si... Tu en bois tous les jours.
_ Je m'en serais rendu compte si j'en avais bu et... Non.
_ Si... C'est maman qui en a eu l'idée.
_ Ce n'est pas du cassis !!!!
_ Non.
_ Et y a pas de vitamine ou autres cachets mélanger dedans.
_ Non. C'était pour éviter que tu en proposes à tes camarades.
_ Et... Si je n'en bois plus ??
_ Comme tout vampire, tu seras en manque et tu voudras ta dose.
_ ... Pourquoi vous me l'avez caché !!
_ Maman voulait que tu aies une vie normale. À cause de ta partie humaine. Elle me l'aurait caché à moi aussi, mais comme je suis sorcière depuis ma naissance.
_ Pfff... Vous m'avez menti durant tout ce temps !!! Et si j'avais proposé de ma boisson à quelqu'un !!
_ C'est pour ça qu'on t'a toujours dit qu'il y avait des médicaments dedans.
_ Maman...
_ On ne peut plus y retourner. On n'est pas encore sorti d'affaire. Demain, tout le monde verra qu'on est plus en cours et... Personne ne doit savoir pour maman.
_ Mais pourquoi ??
_ Réfléchi, s'il l'apprend. Ils voudront te placer en familles d'accueil et c'est hors de question.
_ Ben alors, on va faire comment !!
_ ... Je n'en sais rien... J'y réfléchis... En attendant, on va aller quelque part ou personne ne nous connaît... Je connais une maison où maman nous emmenait quand on était petit. Viens.
Il l'a plutôt bien pris. Mais tout le reste de la route, il ne me parle plus. Il fixe la route sans parler... Je prends une des bouteilles et bois un grand gorgé de sang avant de la lui tendre. Il la regarde d'un nouvel œil à présent...
_ Tu dois boire. Tu l'as toujours fait et tu dois garder cet équilibre. C'est pour ton bien.
Il saisit la bouteille et boit. Malgré sa réticence, il en boit la quasi-totalité. À 10 ans, il en a encore plus besoin que moi. J'ai une bonne réserve. Mais je ne sais pas encore comment je ferais quand il n'y en aura plus. Ou je vais m'en procurer... Tout ça, c'est maman qui s'en chargeait. Pas moi... Pourquoi a-t-il fallu qu'il la trouve ?