XXIV Le voyage de la pirogue Il était grand jour quand je me réveillai, pour me trouver flottant à l’extrémité sud-ouest de l’île. Le soleil était déjà au-dessus de l’horizon, mais la Longue-Vue me le cachait encore ; entre la montagne et moi, j’apercevais de hautes falaises. À une portée de fusil, vers ma droite, se dressait le cap de Tire-Bouline et, plus loin, le Mât-de-Misaine : la colline noire et nue, le cap bordé de rochers. Ma première idée fut naturellement d’empoigner la pagaie et de m’en servir pour reprendre terre. Mais je ne tardai pas à abandonner cette pensée. En avant des rochers, les brisants écumaient et hurlaient ; de soudaines réverbérations, des gerbes d’écume s’élançant dans les airs et retombant à grand bruit, m’avertissaient du péril. Je me vis précipité sur les