Les jours qui ont suivi, la santé de Nathan s’est beaucoup dégradée, il n’avait plus la force pour sauter comme il le faisait avant, il était si faible qu’il ne pouvait que s’allonger. Shelly sentait que c’était la fin, elle avait peur de fermer les yeux, l’idée de se réveiller et de voir peut-être son fils mort l’effrayait.
Un soir, Anrick est passé à l’hôpital regarder son fils. Il était assis d’un côté du lit tandis que Shelly était assise de l’autre entrain de peler une pomme pour son fils.
- Maman…
Shelly a rapidement levé la tête quand elle a entendu la voix faible de son fils l’appeler. Elle a rapidement posé la pomme et le couteau dans une assiette sur une table.
- Oui chéri. A-t-elle répondu en se rapprochant près de son fils.
Son fils l’a regardé, son cœur s’est serré en voyant le visage fatigué ainsi que les cernes sous les yeux de sa mère. Nathan a pris la main de Shelly, il s’est ensuite tourné vers son père, a également pris la sienne et a joint les deux mains ensembles. Ses parents se sont regardés dans les yeux, Shelly était un peu gênée mais Anrick était toujours aussi indifférent.
- Ma plus grande prière est qu’un jour vous puissiez être heureux ensemble, et que vous me fassiez plein de petits frères et sœurs que je pourrai protéger depuis le ciel.
Shelly a pleuré en écoutant son fils, elle secouait la tête comme pour lui dire de ne pas penser à la mort, elle ne pouvait toujours pas l’accepter même si cela était inévitable.
- Chéri ne dit pas ça, je t’en prie.
- Papa s’il te plaît promets-le-moi.
Anrick a regardé la femme de l’autre côté du lit, il a baissé la tête vers son fils et a dit calmement.
- Tu n’as pas à penser à des choses pareilles. Tu dois économiser des forces pour aller mieux.
Aucun d’eux n’a réellement fait la promesse à Nathan. Les deux parents caressaient tendrement leur fils. Nathan voulait ouvrir la bouche pour parler quand soudainement il a eu du mal à respirer.
- Nathan, que se passe-t-il ? Mon chéri, ne fais pas ça à maman s’il te plaît. Anrick…
Shelly paniquée, a tout de suite appuyé plusieurs fois sur le bouton d’alerte au chevet du lit. En pleurs, elle a regardé son fils en crise. Son être est devenu vide tout d’un coup, toute sorte de pensées lui venaient à l’esprit.
- Il suffoque, ne reste pas là vas chercher le médecin.
Shelly a écouté son mari et s’est tourné pour aller chercher les médecins. Dès qu’elle a ouvert la porte, plusieurs personnes vêtues de blanc sont entrées.
- Docteur, mon fils fait une crise s’il vous plaît, qu’est ce qui ne va pas ? Shelly a agressé un des hommes qui venaient d’entrer et lui a demandé.
Ce dernier ne lui a pas répondu mais lui a plutôt ordonné de sortir de la pièce en la poussant à l’extérieur, Shelly a voulu empêcher la porte de se fermer mais l’homme l’a vite claqué avant qu’elle n’agisse. Au bout d’un moment, la porte s’est rouverte, Anrick en est sorti. Shelly a couru vers lui et s’est agrippée à sa veste.
- Comment va-t-il Anrick ? Dis-moi que mon fils est hors de danger.
Anrick a lancé un regard noir à la femme, il a retiré ses mains de sa veste et a juste dit un seul mot :
- Attendons.
Au cours des quarante-cinq minutes qui ont suivi, plusieurs médecins faisaient des vas et viens dans la salle de Nathan mais personne ne semblait disposé à leur faire part de la situation. Quelque temps après, la porte s’est ouverte à nouveau, l’un d’eux en est sorti et Shelly s’est précipitée vers lui dans l’espoir d’avoir de bonnes nouvelles sur l’état de son fils
- Docteur, dites-moi, comment il va ?
Le docteur a regardé les deux parents, secouant la tête, il leur a dit:
- Je suis désolé M. et Mme Orane mais nous savions tous que ce jour allait arriver. Votre fils s’est comporté en héro jusqu’à la fin mais ce n’était pas suffisant…
Le docteur a fait une pause avant de prononcer la phrase destructrice :
- Désolé Mme Oran mais votre fils est mort.
Anrick a sauté sur le docteur et l’a tenu par son col.
- Vous êtes désolés ? Vous avez laissé mon fils mourir et vous êtes désolés ?
Le docteur était déjà habitué à de telles scènes. Même si les parents étaient avertis que leurs enfants seront enlevés par la maladie, ils s’emportaient toujours quand cela arrivait. Le docteur a essayé de se libérer de la prise d’Anrick avec calme mais les points de l’homme étaient bien trop serrés.
- M. Orane, vous savez très bien que nous n’y sommes pour rien, l’état de votre fils était déjà très critique.
La nouvelle a vidé Shelly de toute sa raison, elle se dirigeait inconsciemment vers le mur pour s’y appuyer. Son être s’est effondré, tous les bons moments passés avec son fils défilaient dans sa tête.
« Je ne me marierai jamais, je resterai toujours avec ma maman pour la protéger. »
« Maman, si papa ne t’aime pas assez, je t’aimerai pour deux ainsi tu ne manqueras pas d’amour. »
« Je t’aime maman. »
Les pensées de chaque parole de son fils lui revenaient à l’esprit, Shelly s’est adossée sur le mur, elle a glissé son dos le long pour s’accroupir et a hurlé de toutes ses forces.
- NOOOOOON, Nathan, mon fils, pourquoi as-tu laissé ta maman ?
Cela a attiré l’attention de tout le monde aux alentours, une des infirmières s’est approchée d’elle pour la réconforter.
- Aller, Mme Orane ne pleurez pas ainsi, dites-vous que votre fils a été soulagé de toute sa souffrance.
Shelly était sourde aux paroles de l’infirmière. Elle pleurait à chaudes larmes. Son cœur était comme en morceaux, elle n’avait plus de force. Sa raison de vivre s’était éteinte. Elle a pleuré pendant plusieurs heures sans se soucier de ce qui se passait autour d’elle. Anrick ne s’est pas préoccupé de sa femme et a quitté l’hôpital.