De retour à la maison, je me dépêche à changer de vêtement puis au moment où je m'apprête à repartir, constate que j'ai reçu d'autre message de Silver sur mon téléphone et une autre de ma grand-mère. Je me décide à regarder ce que ma cousine me veut.
URGENCE!
Je devine facilement ce qu'est son urgence. Elle a sûrement eu un message de Kyle qui l'avertissait qu'il serait bientôt là. Si ce n'est pas cela, alors je n'ai aucune idée de ce qu'elle peut vouloir dire. Les autres messages de sa part étaient identiques au premier. Je décide de lui répondre cette fois.
KYLE EST ARRIVÉ. JE L'AI ENVOYÉ AU BUREAU DE TON PÈRE.
Je sais que dès qu'elle verra ce message elle voudra littéralement me tuer, mais elle n'aurait pas dû cacher sa relation avec le fils de l'Alpha. Tout finit par se savoir et c'est peut-être mieux ainsi. S'il est là, cela me facilitera probablement la tâche, le jour de son anniversaire. Je me tiens toujours à une certaine distance d'elle, lorsqu'elle se trouve avec son petit ami, donc s'il est là, nous ne nous verrons pas très souvent durant notre séjour au domaine, Silver et moi. Ce qui en fait est une très bonne chose. Je vais passer du temps avec ma mère et mon père à son retour, mes grands-parents. J'irai m'entraîner, car ce n'est pas pour me plaindre, mais j'ai l'impression d'avoir régressé au niveau combat, depuis que nous avons quitté le domaine. Je me tiendrai occupé le plus possible, pour éviter de croiser ma cousine. Puis je regarde le message de ma grand-mère.
RAMÈNE TES FESSES ICI PETIT CON !
Je ris. Je reconnais bien ma grand-mère. Elle est terrifiante, mais elle est adorable à la fois. Cette femme est impressionnante, lorsque l'on prend le temps de s'intéresser à son histoire de près. Il y a beaucoup de questions qui demeurent sans réponse. Enfant, je me souviens avoir demandé à ma mère pourquoi ma grand-mère était humaine, alors que nous étions tous des loups-garous. Elle m'a répondu qu'un accident avait changé ceci, sans me donner plus de détail. J'ai par contre, remarqué son malaise lorsque je l'ai questionné. Mon oncle Adam et ma tante Rose ont également esquivé la question en me disant que même si elle est humaine, leur mère est toujours capable de faire en sorte de se faire obéir par eux et tous les loups de la meute. Qu'elle avait gagnée le respect de toute la meute par son sacrifice. Je n'ai jamais osé lui posé la question directement, mais je demeure toujours aussi curieux de savoir ce qui lui est arrivée.
JE VIENS DÈS QUE J'AI TERMINÉ DE M'ENTRAÎNER.
Après avoir répondu à ma grand-mère, je redépose mon téléphone sur mon lit. Je ne tiens pas à l'apporter avec moi. Ici, si je veux parler à une personne je peux toujours me servir de ma connexion mentale. Si Silver a vraiment besoin de moi, elle s'en servira également. Mais comme Kyle est maintenant au domaine, il y a de forte chance qu'elle oublie totalement ma présence. Pourquoi s’encombrer de la compagnie de son cousin alors qu'elle a la possibilité de faire ce qu'elle veut avec Kyle. Il ne lui fait pas la morale comme je peux le faire, ni ne lui fixe de limite ou du moins tenter de lui en créer. Lorsqu'il est là, je deviens invisible. Je devrais peut-être prendre ma mère au mot et tout simplement demander à ne pas retourner avec elle au Canada. Quand j'y pense plus d'une minute, je réalise que je n'ai rien ni personne qui m'attend là-bas. Tout ce que je fais de mes journées, c'est tourner en rond, jusqu'à ce que Silver revienne. L'Alpha supporte ma présence, mais il préfère me voir ailleurs, j'en suis persuadé. Il me tient à l'écart des entraînements, il ne me fait pas participer au tour de garde pour protéger notre territoire. Je suis simplement inutile, tandis qu'ici, j'aurais un but, une utilité.
Je secoue la tête pour chasser ses pensées, puis je sors de ma chambre et je quitte la maison. Pour me rendre au centre d'entraînement, je dois traverser le carré résidentiel en entier. Une fois au manoir, peu importe le côté par lequel je le contourne, le complexe d'entraînement se trouve sur la droite du bâtiment., de l'autre côté du parc. Normalement je devrais pouvoir y trouver une ou deux personne qui accepteront un petit combat amical. Cela ne me fera que du bien après tout ce temps. Le reste de l’avant midi se déroula et une bonne partie de l'après-midi se déroula avant que je ne remarque réellement quelle heure il était et que je me souvienne que je devais rendre visite à ma grand-mère, car j'ai très vite réalisé que j'étais devenu médiocre pour combattre. J'ai perdu contre chacun de mes adversaires avant que midi ne sonne. Ensuite je me suis fixé comme objectif d'au moins gagner un combat et je n'ai plus eu conscience de quoi que ce soit d'autre. L'heure du souper était presque arrivée quand finalement j'ai remporté mon premier combat. J'ai énormément de rattrapage à faire durant mon séjour ici. Je ne vais pas avoir de temps libre si mes performances ne change pas et très vite.
Après une douche rapide et après avoir enfilé des vêtements propres, un jeans et une chemise sans manche, je me dirige sans attendre chez ma grand-mère. Je croise plusieurs personnes qui me saluent, mais je ne leur accorde pas d'autre attention que celle de lever ma main pour leur répondre et je poursuis ma route. Je suis réellement impatient de la revoir. Je la trouve assise sur une chaise berçante sur son perron. Elle se lève aussitôt qu'elle me voit. Je n'ai pas le temps de gravir les escaliers que je dois attraper une dame de plus de soixante-dix ans en plein vol, car elle s'est littéralement jeter sure moi. Ma grand-mère m'entoure de ses bras. Après une étreinte, elle me donne brusquement plusieurs coups derrière la tête.
"Tu en as mis du temps pour venir me voir !" S'écrie-t-elle. "Je commençais à me demander si je n'allais pas devoir envoyer ta mère t'enchaîner pour te ramener ici par la force."
J'éclate de rire. C'est le genre de réplique que je m'ennuie t'entendre à tous les jours. Si je le pouvais, je crois que je cacherais ma grand-mère dans mes valises pour l'amener avec moi au Canada. Malheureusement, je ne crois pas qu'elle survivrait au voyage dans ces circonstances. Si je lui demandais de m'accompagner, je suis presque certain qu'elle accepterait si elle sent que j'ai réellement besoin de sa présence à mes côtés. Agir ainsi la forcerait à quitter ses enfants et Trent alors qu'elle est toujours un peu plus malade à chaque jour. Sa condition humaine commence à se faire sentir. Donc, je vais profiter au maximum du temps que j'ai cette semaine pour la voir un maximum puis je lui dirai au revoir et repartirai seul, si j'y retourne.
"Désolé, mammy !" Je lui dis en déposant un b****r sur sa joue. "Tu m'as énormément manquée toi aussi." J'ajoute ensuite.
"Heureusement que Silver a jugé bon de se présenter dans le hall à son arrivée, autrement vous seriez tous les deux dans de beaux draps." Affirme ma grand-mère.
"J'avais des choses à dire à ma mère et à mon oncle." Je tente de m'expliquer, mais elle me fait de gros yeux en haussant les sourcils.
"Ce n'est pas une raison pour me faire attendre." Lance-t-elle. "Ça fait beaucoup trop longtemps que je ne t'ai pas vu."
"Entrons." Je lui suggère. "Nous serons plus confortable pour discuter." Je poursuis en songeant principalement à elle, car il commence à faire un peu froid à l’extérieur et je ne veux pas que sa santé en soit affecté.
"Thé ou café ?" Me demande-t-elle, tandis que nous commençons à avancer vers la porte de sa maison.
"Un café, se sera parfait." Je lui dis en souriant.
Une fois à l'intérieur, je constate que la maison n'a pas vraiment changé depuis la dernière fois que je me suis présenté ici. Les murs sont toujours d'un blanc immaculé et la disposition des meubles est toujours la même. Par contre, je remarque qu'elle a un mur complet rempli de photo que je n'ai jamais vu auparavant. Je m'en approche pour pouvoir l'observer plus attentivement. Une photo attire mon attention plus que les deux autres. Je la vois alors qu'elle ne semble pas plus vieille que moi. Un homme et une femme que je n'ai jamais vu de toute ma vie se trouve avec elle. Ces deux personnes l'entourent de leur bras et ils sourient à la caméra.
"Qui sont ces personnes, grand-mère ?" Je demande, car elle nous donne l'impression d'être très heureuse avec ces personnes.
J'entends l'eau du robinet qui coule s'arrêter et une minute plus tard elle est prête de moi. Elle regarde la photo et elle semble immédiatement nostalgique. Elle dépose les doigts de sa main droite sure la photo et elle soupire.
"C'est ma soeur et son partenaire." M'informe-t-elle, la voix triste.
"Tu n'es pas obligé de me répondre si cela te fait de la peine." Je m’empresse de lui dire.
"Tu as le droit de savoir, tu es assez vieux maintenant pour connaître cette histoire." Dit-elle, avant de se taire à nouveau et elle repart vers la cuisine. Je reste encore un peu là pour regarder les photographies, puis je vais la rejoindre. De la cuisine, qui se trouve à la droite du mur de photo, je peux toujours les observer. J'ai l'impression de revivre la vie de ma grand-mère grâce à ce mur.
"Merci !" Je lui dis, lorsqu'elle me donne le café qu'elle a préparé pour moi, avant de s'asseoir en face de moi.
"Ma soeur se nomme Carolanne et son partenaire s'appelait Max." Commence alors ma grand-mère. Je l'écoute attentivement et je me promets de ne pas l'interrompre, car je sais que ce genre d’occasion ne se reproduira peut-être plus. Lorsque j'étais très jeune, l'endroit ou j'habitais avec mon père et ma mère a été attaqué par une autre meute. Celle que le père de Trent menait en fait. Puis, comme je n'avais personne d'autre, Carolanne et Max ont décidé de m'élever. J'ai toujours considéré Max comme un père. Je l'aimais énormément. Il a dirigé la meute, pendant plusieurs années, avant que ton oncle ne reprenne la tête de celle-ci et crée la meute que nous avons maintenant. Il est mort, peu de temps avant le combat final que nous avons eu contre l'organisation. Ma soeur, tant qu'à elle, est probablement toujours dans une des cellules du manoir, a payé pour sa trahison, car c'est elle qui nous a vendu à l'organisation."
La dernière attaque de l'organisation, tous les loups de la meute connaissent son existence. Chaque année, il y a une commémoration pour ceux et celles qui sont tombé au combat. Chaque année, ma mère nous rappelle que l'ennemi est peut-être toujours tapis dans l'ombre et attend le bon moment pour frapper à nouveau. Selon moi, ce n'est pas après plus de vingt ans que nous entendrons à nouveau parler d'eux, mais Adam et ma mère tiennent vraiment à ce que nous n'oublions pas ce que cette organisation nous a coûté à tous.
Je vois ma grand-mère fixer sa tasse entre ses mains. Elle semble plongée dans ses souvenirs. J'aperçois une larme s'échapper du coin de son œil, et je me sens immédiatement coupable. Je n'aurais probablement pas dû la questionner sur les photos. Elle a déjà suffisamment souffert tout au long de sa vie, je ne voulais pas lui donner une raison de plus de verser des larmes. Je me lève aussitôt et je contourne la table pour me placer derrière elle et je l'entoure de mes bras en appuyant mon menton contre son épaule.
"Je ne voulais pas te rappeler des mauvais souvenirs, mammy." Je dis à voix basse. Elle pose sa main sur mon avant-bras et fait une légère pression.
"Repensez à Max n'est pas un mauvais souvenir, Jason." Commence-t-elle. "C'est l'homme le plus sincère et bon que je connaissais. Il était toujours là pour moi, peu importait ce que je lui demandais. La mort de cet homme est une perte immense, pas seulement pour moi, mais pour la meute. Lorsque je te regarde, tu me fais beaucoup penser à lui. C'est probablement pour cette raison que tu es mon favori. J'adore ta cousine, mais malheureusement, elle ne me rappelle pas Max." Elle fait une pause et elle soupire bruyamment. Elle a l'air épuisée, soudainement. "Ne le dis surtout pas à ta cousine ou je risque de devoir demander à son père de lui interdire de me rendre visite, car elle va vouloir compenser dans l'espoir de devenir ma favorite." Ajoute-t-elle en ricanant, mais je peux également voir qu'elle est sérieuse. Je connais suffisamment Silver pour savoir que c'est exactement le genre de chose qu'elle pourrait faire. Elle ne supporte pas qu'on ne l'aime pas.
"Je vais tenter d'être à la hauteur de cet homme, alors." Je lui murmure à l'oreille. "Va te reposer, j'ai assez abusé de ton temps, mammy." J'ajoute en lui donnant un b****r sur le dessus de la tête avant de reculer et de la libérer de mon étreinte.
"Tu n'as qu'à simplement rester toi-même, Jason. Nul besoin de tenter d'être plus que ce que tu es." Me dit-elle, en me regardant m'en aller. "Tu es déjà exceptionnel à ta manière."
"Je reviendrai bientôt, je te le promets."
Elle me sourit, tandis que je lui dis au revoir d'un signe de la main. Une fois à l'extérieur, je constate qu'il commence déjà à faire noir. Le soleil a disparu derrière les arbres du domaine. Je prends le chemin de la maison. Ma mère n'est toujours pas rentrer, lorsque j'arrive. Étant la Bêta, cela ne m'étonne pas vraiment. Elle a souvent énormément à faire et termine souvent très tard. Je vais directement à ma chambre pour vérifier si j'ai reçu d'autres messages. Je ne suis pas étonné d'en découvrir au moins une vingtaine, tous de Silver. Je roule les yeux, car je sais très bien que si elle a écrit au lieu de me contacter, c'est qu'elle ne voulait pas que je puisse répliquer quoi que ce soit. Elle sait très bien que je ne traîne pas mon téléphone, lorsque je suis au domaine.
"Au lieu de polluer mon téléphone, la prochaine fois que tu as quelque chose à me dire, fais le mentalement ou en face de moi ou bien tais-toi." Je lance mentalement en colère contre elle. Je ne me donne pas la peine de cacher mes sentiments cette fois en la contactant ainsi. Cette fois, je veux qu'elle sache que je suis en colère contre elle, que son comportement m'exaspère. "Profite de Kyle et fous-moi un peu la paix Silver." J'ajoute avant de complètement la bloquer de mon esprit. Je ne veux rien entendre de sa part ce soir. La seule envie de que j'ai, c'est de dormir et de me réveiller seulement une fois que son anniversaire sera passé et qu'il faudra repartir. Je suis épuisée de tout ce qu'elle peut me faire vivre. Les montagnes russes d'émotions, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé. La calme et la sérénité, c'est tout ce que je souhaite. Je retire mon pantalon et ma chemise et je me laisse tout simplement tomber sur mon lit. Le sommeil ne tarde pas, je ne le combats pas, trop soulagé d'être passé au travers d'une autre journée, sans perdre la raison.