Chapitre 1
Kenaï
Le campement est dressé. Voilà trois semaines que nous voyageons, mes frères et moi. Notre objectif atteindre l'ennemi par n’importe quel moyen. Nous nous sommes faufilés dans leur enceinte, sans qu’ils ne se soient rendus compte. Et depuis, nous les observons tapis dans l’ombre. Première étape, trouver un point faible. Deuxième étape, se servir de ce point faible pour l’affaiblir et si possible, pour l’anéantir…
_ Kenaï, tu as repéré quelque chose ? Demande mon jeune frère.
Pour lui, c’est sa première mission importante hors de nos murs. Il est un peu excité comme tout jeune guerrier.
_ Nan… Fais moins de bruit, ou tu vas nous faire repérer.
_ Il est toujours enfermé dans son château.
_ Je sais, Saïka. Où est Donaï ?
_ Je n'en sais rien… Il était près des écuries.
_ Grr, viens. Il faut le retrouver avant qu’il ne…
_ Du calme, les p’tits frères. Vous en faite du grabuge.
_ Où étais-tu ?
_ J’ai suivi le lord en personne. Il était de sorti.
_ Mais en voilà une bonne nouvelle.
_ Pas tant que ça… J’ai découvert ce qu’il mijote et s’il arrive à ses fins, ce ne sera pas bon pour notre clan.
_ Tu peux être plus précis ?
_ Il prévoit de marier sa fille au MacDonagh !
_ Tu plaisantes ! S’il parvient à unir leur clan, il ne leur faudra pas beaucoup de temps pour nous exterminer ! Râle Saïka.
_ Sauf si… Non.
_ Vas y parle, petit frère. Que nous suggères-tu ?
Je regarde mes deux frères et secoue la tête. C’est de la folie et surtout une déclaration de guerre pour les clans.
_ Hé bien, parle.
_ Non, ce n’est pas une bonne idée. Ça risque de faire une déclaration de guerre.
_ Kenaï, on est déjà en guerre contre eux !
_ D’accord… Eh bien, quel meilleur moyen d’empêcher un mariage… Qu'en faisant disparaître la mariée.
_ Tu veux la tuer ?
_ La tuer, non. Peut-être pas. Mais la kidnapper. Si mariée, il n’y a pas. Point de mariage.
_ Tu sais quoi… C’est une excellente idée.
_ Tu crois ?
_ Oui… Le premier à trouver la fille, la suite et l’embarque !! On se retrouve au campement et n’oublie pas… Discrétion.
_ Tu as compris Saïka, discrétion.
_ Oh ça va !!
Nous nous dispersons dans le village et je parviens jusqu’à entrée dans le château. Ce qu’il faut en premier lieu, c’est la repérée… Ensuite, nous aviserons. On cherche toute la journée et retournons au campement quand la nuit tombe. S’il a une fille, elle est introuvable.
_ Qu’est-ce qu'on va faire ? On va tout de même pas repartir bredouillé ?
_ Non… Mais ensemble, on ne passe pas inaperçu… Je propose que l’un de nous reste ici pendant ce temps, les deux autres iront prévenir notre père de ce qui se passe ici.
_ Je me porte volontaire pour rester.
_ Pourquoi toi ? Demande Saïka.
_ Parce que c’était mon idée et aussi parce que j’ai déjà repéré les lieux dans le château. J’ai même repéré un coin ou je pourrais rester pour me reposer.
_ Et qu'en est-il de sortir avec la fille ? Tu sais comment tu vas procéder ?
_ Oui… J’ai repéré les lieux et je sais quand agir. Il faut juste que j’arrive à repérer la chambre de la fille.
_ Sa chambre ??? Demandent-ils en même temps ?
_ Aye, je sais déjà comment je vais faire.
_ … Très bien, tu sembles y avoir bien réfléchi. Acquiesce Donaï.
_ Tu es sûr que tu ne veux pas que l’on reste avec toi ?
_ Des que j’ai la fille, je reprends la route. Soit, on se reverra à la maison. Soit, sur la route.
_ Ce n'est pas bon de vouloir faire cavalier seul.
_ Oui, mais tu as bien vu que je ne risque rien. Ils ne se doutent même pas de notre présence. Et si jamais il y a le moindre souci, je repars.
_ On pourrait rester dans le secteur et t’attendre.
_ C’est comme tu veux… Mais, tu sais que je réussirai ma mission.
_ Je le sais… Mais si jamais il y a un souci, quelle qu'elle soit, tu seras bien content que l’on soit derrière toi pour protéger ton cul.
Il ne changera pas d’avis, Donaï est le chef de cette expédition. Je respecte son choix.
_ Très bien, je vous ferais signe dès que j’en aurais fini.
_ Et comment tu comptes t’y prendre ?
_ Tu verras… Déplacer le campement vers la cascade. Vous pourrez vous dissimuler dessous.
_ Oui, bonne idée… Bonne chance, mon frère.
Ils emballent nos affaires et déplacent le campement. Moi, je retourne chez l’ennemi et tente de me fondre dans la masse… Où peut bien être cette demoiselle ?
_ Mais où peut-elle être ?
_ Vous cherchez quelqu’un ?
_ Eu… Oui… Le lord m’a demandé de trouver sa fille afin de lui dire qu’il avait besoin de lui parler. Mais je ne la trouve nulle part.
Je sais que je prends des risques en disant ça. Mais tant pis.
_ Oh, vous cherchez lady Liana. La connaissance, elle a encore dû faire le mur.
_ Que voulez-vous dire ?
_ Et bien, vous devriez le savoir ! Tout le monde ici est au courant…
_ C’est que cela ne fait pas longtemps que je suis ici. Je vis chez un parent depuis peu.
_ Oh, je vois. Eh bien, la lady a pris l’habitude d’aller se balader en forêt jusqu’à une rivière afin de s’y baigner.
_ N’est-ce pas dangereux ?
_ Oui, si elle n’était pas protégée. Le lord s’est arrangé pour qu’elle ne soit jamais seule. Des gardes la suivent discrètement.
_ Ok, je comprends mieux. Merci.
Sans empressement, je me dirige jusqu’à la rivière et y vois plusieurs gardes qui entourent celle-ci. Je continue d’avancer et m’arrête, face à elles… Elles sont deux… Laquelle est la fille du lord.
_ halte-la ! Qu’est-ce que vous faites là ?
_ Je me promène. Est-ce interdit ?
_ Pas quand la lady occupe les lieux.
_ Oh, je n’avais pas vu qu’elle était encore là.
_ Il ne me semble pas te connaître.
_ Oh, je suis nouveau. Je vis chez des parents depuis quelques semaines…
_ Hum… Repartez d’où vous êtes venue.
_ Oui, bien sûr… Désolé du dérangement. Oh… Le lord à deux filles ?….
_ Non, il n’en a qu’une… L’autre est sa dame de compagnie. Et je commence à me dire que tu poses bien trop de questions !!
_ J’ai juste demandé si le Lord avait deux filles. Enfin, bonne chance.
Je fais demi-tour et m’éloigne. Si le premier garde ne me connait pas, le second lui sait qui je suis. Et quand je l’ai vu arriver, j’ai préféré faire changer mes plans. Il vaut mieux les laisser revenir d'elles-mêmes et de savoir laquelle est ma cible.
Evana
_ Nous devrions nous hâter de rentrer. La pluie va finir par nous tomber dessus.
_ Oh non, la pluie est si agréable, j’aime ressentir l’eau sur mon corps.
_ Tout ce que peut vous apporter la pluie, c’est la fièvre, pour ne pas dire la mort.
Avec soulagement, la jeune lady accepte de me suivre. Mais je vois bien à quel point elle semble à nouveau malheureuse. L’idée d’épouser ce porc de MacDonagh la répugne.
_ Je ne veux pas rentrer… D’ici peu, les MacDonagh arriveront et mon père me présentera comme étant la fiancée de Donald.
_ Il changera peut-être d’avis.
_ Je l’espère…
Nous retournons au château et je m’active à mes taches. Préparant le bain de ma lady, l’aidant à se vêtir. Je lui coiffe ensuite sa longue chevelure… Ma jeune maîtresse me regarde à travers le miroir.
_ Qui a-t-il, ma jeune lady ?
_ Comment faites-vous pour supporter cet homme qui vous serre de mari ?
Je baisse la tête quelques secondes, réfléchissant à la meilleure façon de lui expliquer. Je n’ai pas eu le choix moi non plus. Mon père, en manque d’alcool, m’a vendu au premier venu. Un guerrier de la garde personnelle du lord. J’ai atterri ici et depuis, je suis au servi de lady Liana.
_ Avec le temps… On apprend à accepter ce que l’on a. Quand je rentre le soir, je prie le Seigneur pour qu’il soit ivre… Pour qu’il dorme et qu’il ne cherchait pas à… Je suis sûr que ça se passera bien pour vous et le seigneur MacDonagh.
_ Si nous pouvions toutes les deux nous libérer de ces hommes !! Nous partirions loin, très loin, vous et moi.
_ Je ne peux m’en libérer. Que deviendrait mon fils ? Nous avons des devoirs. Vous, envers le clan. Moi, envers… Mon époux.
Elle baisse à nouveau la tête et je peux voir les larmes couler en silence le long de ses joues. Lady Liana risque d’avoir une vie aussi triste que la mienne. D’abord, parce que Donald MacDonagh est connu pour être un coureur de jupon. Mais aussi connu pour n’être qu’une grosse brute. Tout comme mon mari.
_ Si madame à terminer, je vais retourner auprès de mon fils. J’aimerais le voir avant de le coucher.
_ Pourquoi le couchez-vous si tôt ? Il n’est même pas 18 heures ?
_ Parce que je préfère le savoir endormi avant le retour de son père. Je préfère qu’il s’en prenne à moi, plutôt qu’au petit.
_ Allez-y. Vous pouvez disposer.
J’acquiesce et sors de la chambre. En mon absence, mon fils reste chez ma mère. Elle s’en occupe jusqu’à ce que je vienne le récupérer. Il est déjà arrivé qu’il dorme chez elle, pour plus de sécurité. Quand mon époux était bien trop ivre pour ne s’en prendre qu’à moi. Insultant son fils de bâtard. Qu’il n’était pas le sien. Que je n’étais qu’une putain et j’en passe. Je descends les marches pour sortir du château et l’instant suivant, le noir complet…