Censure

Le jour se lève dans la fraicheur d'automne. Comme chaque weekend, je me lève très tôt, me brosse les dents et fait mon sac pour aller à la gym. En semaine, je travaille en tant que réceptionniste dans une compagnie d'énergies en tous genres. Et chaque soir, du lundi au samedi, j'ai cours à l'université de Pittsburgh où je fais ma dernière année en gestion des ressources humaines. Je m'appelle Kellya Johnson, j'ai 28 ans, et j'entretiens une routine où je suis seule dans mon monde depuis quatre ans déjà. Johnson est un nom assez commun, mais avec la ressemblance, les gens arrivent facilement à faire le rapprochement. Je suis la fille de Sylviane Johnson, la mairesse de Minneapolis et nommée, deux fois d'affilées, meilleure maire des États Unis d'Amérique. Pourtant, j'aimerais mieux que personne ne le sache. C'est une femme honorable et tout mais au quotidien elle peut être vraiment encombrante. Elle voulait tellement que je ressemble à une jolie petite poupée politique rousse. Mais je n'ai jamais été d'accord avec ça. Quand mon père est mort, il y a quatre ans, j'ai pris mes affaires, sa carte bancaire, et je suis venue m'installer ici. Depuis, je vis ma petite vie au calme, sans devoir d'explications à personnes. Elle espère encore que je rentre un jour avec la tête baissée et la queue entre les jambes, pour qu'elle puisse à nouveau diriger ma vie. Mais il est hors de question que ça arrive, je préfère encore dormir sous un pont plutôt que de retourner chez elle. Je me regarde devant l'un des grands miroirs de la gym. Mes cheveux roux de tailles moyennes sont dégoulinants de sueurs. Mes grosses joues reluisantes donnent l'impression que j'ai de très petits yeux clairs. Ma brassière noire met en valeur ma petite poitrine et mes tétons tendus par la chaleur. Mon legging noir et rose moule mes hanches et mon derrière bombé par les squats. Je m'assois sur l'appareil à tractions et commence à les enchaîner. Après une trentaine de tractions, je m'assoie au sol et commence les abdos. Puis je fais des squats avec des poids de trois kilos et demi dans chaque main. Et finis avec le saut à l'élastique en faisant toutes sortes d'acrobaties. Je regarde ma montre, il est 11h. Je peux m'arrêter là pour aujourd'hui. Je m’essuie avec une petite serviette pendant que je me dirige vers les vestiaires. En regardant ma montre une fois de plus, je remarque qu'il manque quelque chose à ma main. Je fais immédiatement demi-tour en regardant au sol comme une folle. Je m'accroupis et cherche sous les machines, mais je ne trouve rien. Soudain, des Nike blanches s'arrêtent devant moi. Je lève la tête vers la personne qui se tient devant moi. C'est une femme d'environ mon âge, brune avec de grands yeux bleu et un piercing en argent qui brille sur ses belles lèvres roses. Elle porte un maillot moulant bleu nuit qui met en valeur ses formes pulpeuses. Je ne peut pas m'empêcher de jalouser sa forte poitrine. Elle me sort de mes pensées en levant la bague qu'elle tient dans la main. _ C'est ça que tu cherches ? Je me lève en poussant un soupire de soulagement. _ Oui, merci infiniment Elle me le rend et je le remets sur mon pouce. C'est une bague en argent au milieu de laquelle est sculpté une couronne. C'est mon père qui me l'a offert lors de mon douzième anniversaire, il disait que j'étais sa princesse. Je souris nostalgiquement en caressant la bague. Je relève ensuite la tête vers la jeune femme. Elle me regarde toujours, comme si j'étais la plus intéressante des émissions télé. Je souris l'air un peu gêné, mais son visage m'est quelque peu familier. _ Merci encore. D'ailleurs, comment avez-vous sû que c'était la mienne ? Elle éclate de rire à s'en tordre l'estomac. Je la regarde avec incompréhension et attends qu'elle se calme pour me donner une explication. _ Alors, tu ne fais vraiment pas exprès ? _ Pardon? Qu'est-ce que j'ai fait? _ Ça fait quatre ans que l'on suit les mêmes cours à l'université, mais tu ne m'a jamais remarqué Je ferme les yeux et baisse la tête alors que la gêne m'envahit. _ En fait, tu ne remarques vraiment personne. Il y a un an, tu es entré dans cette salle de gym pour la première fois, j'étais à la réception, tu ne m'a même pas vu, je me suis cru invisible Putain! C'est vrai! Je me rappel maintenant. Je l'ai appercu plus d'une fois, ici et à l'université, mais je n'ai jamais vraiment prêté attention. Je vis vraiment dans ma petite bulle. _ Je suis terriblement désolé. Je manque cruellement d'attention en ce qui concerne le monde qui m'entoure et... _ Ne t'inquiète pas, c'est pas bien grave. Maintenant que j'ai ton attention, autant faire connaissance Elle me sourit sympathiquement en me tenant la main. Je lui rends son sourire en lui serrant la main. _ Annaëlle Kalagan _ Kellya... _ Kellya Johnson, je sais On éclate toutes les deux de rire. Elle est sympa, ça me fait penser que depuis mon arrivée ici je ne me suis pas faite d'amis. J'étais bien trop occupée à chercher comment survivre seule pour y penser. _ Tu allais prendre ta douche? _ Oui _ Super, j'ai finis alors allons y ensemble _ euh...d'accord On retourne alors dans les vestiaires en parlant. La discussion est fluide, comme si l'on était des amis de longue date. Il faut dire qu'elle sait mettre les gens à l'aise, elle rit et parle sans gêne. Arrivées dans les vestiaires, il n'y a personne. Elle se dirige vers son casier, non loin du mien, et l'ouvre. Elle enlève son maillot sans aucune gêne et se met nu devant moi. Je ne peut pas m'empêcher de contempler son beau corps. De belles formes armonieuses, un ventre plat, et cette poitrine, elle est si grosse. Il me faudrais mettre mes deux mains pour ne soulever qu'un sein. Je pose mes mains sur ma poitrine pour accentuer la différence. Remarquant mon regard insistant sur elle, elle se retourne vers moi et sourit en comprenant. _ Tu sais que t'a un beau corps? _ Qu'est ce que tu racontes? J'ai pas de seins _ Alors comment tu appelles ces petites oranges bien fermes que tu caches sous cette brassière Je fais la moue et me retourne en rougissant. _ C'est plus petit que des oranges Je me déshabille rapidement et prends la serviette dans mon casier. Mais avant que je ne me l'enroule, elle passe ses mains sous mes aisselles et empoigne ma poitrine d'un coup. Je deviens toute rouge et mon coeur se met à battre très fort. Elle est complètement folle celle là. Elle rapproche son visage de mon oreille et respire un souffle chaud au dessus de mon épaule, j'en frisonne. _ Ça tient tout de même dans la main d'un homme n'est ce pas? Je retire ses mains et m'éloigne d'elle en attachant ma serviette au dessus de ma poitrine. Elle reste nu et garde sa serviette au dessus de son épaule. J'essaye de faire comme si de rien n'étais même si mon coeur bat encore très fort. _ J-je n'en sais rien Je me dirige vers les douches et elle me suit en continuant la discussion. _ Comment ça? Aucun homme ne t'a jamais touché? _ Si...mais il n'aimait pas toucher ma poitrine _ Quel type étrange! Il ne sait pas ce qu'il a râté parce que moi j'ai touché de la bonne qualité J'éclate de rire face à son air faussement pervers. _ Toi vraiment... Elle se met aussi à rire. Je retire ma serviette en voulant entrer dans la douche, mais elle m'arrête en remarquant quelque chose. _ Copine de percing Je baisse la tête vers mon nombril et souris en me rendant compte que c'est la même qu'elle a à la lèvre. _ Mais toi tu es une petite coquine, un percing au nombril hum hum Je me remet à rire en fesant mine de rien. Elle est vraiment sympa et simplette comme fille. En se lavant, on continue à parler de tout et de n'importe quoi. Après s'être habillées et avoir rangés nos sacs, il est déjà tant de se quitter. _ Tu as quelque chose à faire? On peut aller boire un café si tu veux _ C'est tentant, mais je dois y aller. Il faut encore que je passe à la bibliothèque avant les cours de ce soir Elle semble déçue mais accepte. _ On se voit en cours alors? _ Oui, à tout à l'heure Et ainsi nos chemins se séparent. Je me suis faite ma première amie en quatre ans de solitude. En voilà un changement. En plus quelque chose me dit qu'elle ajoutera un peu de piment à ma vie. Il ne reste plus qu'à voir.