Entre Réalité et Fiction

617 Words
Les mots de maman agirent comme les insultes de papa ; ils se suspendirent dans l'air et réveillèrent d'affreux souvenirs. C'était six mois auparavant, avant les examens de fin d'années. Le stress de la terminale nous faisait rater des repas. Nous étions si occupés à réviser, au point que certains n'avaient plus de temps pour traîner ensemble. Quelques nuits, je m'effondrais. J'avais écho de ne pas être la seule, bouleversée par l'idée que des amitiés allaient être brisées au nom de la vie d'adulte. Esméralda, une de mes amies, s'approcha de moi. « Jolivia, tu devrais arrêter de croire en ces histoires. Aucun roman ne reflète la réalité. » Cette phrase était une gifle en pleine face. « Qu'est-ce que tu racontes ? » Je ricanais nerveusement. À cause du brouhaha autour de nous, nous ne remarquions point les pas de son chéri. Il apparut soudainement derrière elle, caressa sa joue gracieuse, et murmura. « Mais tu es ma princesse, toi. On vit un conte de fées. » Cette scène me transperça le cœur comme une flèche invisible. Lorsque Jolivia répondit : « Je sais bébé. Je t'aime », je levai les yeux vers le plafond. Je cherchai à atteindre le ciel. À voir un ange ou le bon Seigneur et me plaindre de mon sort. Quelle est donc cette vie où les hypocrites ont succès et réprimandent les honnêtes lorsqu'ils commettent la moindre erreur ? Des fielleux collectionnent les amourettes, mais les amoureux de la vie sont solennels. Bien que je l'aimais, je ne pus m'empêcher d'être irritée par ses discours contradictoires. Elle embrassa même Jean-Charles et je me levai immédiatement. Je leur fis face et soufflai comme un buffle. Esméralda élargit son œil droit et sourit de manière vicieuse. « Où vas-tu ? » Dit-elle. « Lire. » Je pris une pause. « Dans un endroit plus calme. » Je relâchai les épaules, consciente que s'énerver ne servait à rien. « Pourquoi me mettre dans cet état pour si peu. Je te conseillerai plutôt de te mettre à la lecture. Tu apprendras beaucoup de choses et éviteras de dire des bêtises. » Mon pied glissa vers la gauche, mais un bras chaud et fort se posa sur mon ventre. Je levai le regard et tombai sur les yeux noisette de Jean. Son sourire m'apaisa à l'instant même et une odeur de bois poli nageait autour de lui. D'une voix douce, il s'exprima. « Non, Joli. C'est à moi de partir. Désolé d'avoir interrompu votre conversation. » Il se retourna, et je tournai la tête pour constater le regard attendri de ma copine. Lorsqu'il fut enfin parti, elle me porta toute son attention. Elle murmura : « Ils disent tous ça mais, où est son cheval blanc et de quoi au juste m'a-t-il sauvé ? » Je voulais riposter. Seulement, un voile de tristesse auréola rapidement son visage. Je m'assis, posai mon livre sur la gauche, prête à l'écouter. Esméralda se gratta le nez. Son teint clair rougit. Et bien qu'aucune larme ne coula, il fut évident qu'en elle, il pleuvait. « Qu'est-ce qui te prend aujourd'hui, Esméralda ? Tu ne parles jamais de ces choses-là. » « Je ne veux que ton bien, crois-moi. Je veux te prévenir de ne pas tomber amoureuse. Tous ces livres sont écrits par des hommes pour faire croire qu'ils sont des super héros. » « Je pensais que tu aimais Roméo et Juliette. Tu avais même forcé ton mec à regarder le film avec toi. » « Oui... parce que c'est bien la seule pièce de théâtre qui est réaliste et que je voulais lui faire passer un message. » « Lequel ? » Demandai-je devant son air sérieux.
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