Grand-mère réclama qu'on l'emmène dans sa chambre pour être seule. Son visage, habituellement marqué par la sagesse et la sérénité, affichait une profonde inquiétude. Apparemment, il n'y avait pas que le temps qui pouvait affaiblir la chair et la rendre vulnérable. Les émotions étaient bien pires ; elles pouvaient terrasser un être par un mot, par une scène, par le son d'une voix, un verdict, un serment ! Mamie se courbait un peu plus à chaque seconde, le poids sur son dos était lourd. Le regret de ses actions passées la hantait encore. C'était visible sous ses paupières gonflées par le manque de sommeil. À son âge... comment pouvait-elle encore ressasser de telles pensées au lieu de sommeiller, ruminer au lieu de vivre ? Il n'y avait plus rien à faire. Grand-père était parti. Ma vie étai