La trahison des sens

1311 Mots
La trahison des sens Alors que Soren Daskar l’étreignait et l’embrassait, Izia crut défaillir entre ses bras. Elle n’était plus elle-même et l’aversion qu’elle ressentait pour cet homme, qui restait son ennemi, n’était plus assez puissante pour convoquer sa raison. Si à la première seconde, elle avait tenté de se libérer de lui, de se révolter contre ses agissements à son égard, à présent, elle s’accrochait désespérément à sa cape. Dès que les lèvres de Soren avaient emprisonné les siennes dans un mélange de fermeté et de douceur, sa volonté s’était éteinte pour laisser place à la sidération et à la confusion. Puis, sans crier gare, le feu qu’elle ressentait déjà de par leur proximité, devint puissant et incontrôlable. Il embrasa ses veines et des sensations aussi pressantes qu’inconnues s’imposèrent à elle. Comment ce monstre s’y était-il pris pour retourner son propre corps contre elle ?! Et était-il possible de se fourvoyer à ce point ? _ Il vaut peut-être mieux que nous en restions là pour cette fois, lui murmura Soren en la relâchant et en éloignant son visage du sien. Encore en prise avec le déferlement de plaisir qui avait envahi son corps et qui la plongeait dans une honte sans nom, la jeune reine se contenta de baisser la tête. Si seulement la terre avait pu s’ouvrir sous ses pieds et l’engloutir, elle n’aurait pas eu à souffrir de cette humiliation cuisante. Cet homme, qui avait envahi son pays et qui en avait après la vie de son frère cadet, devait se féliciter de la faire plier sans aucune difficulté. Il devait se dire que son plan était bien plus simple en réalité, et qu’il n’était pas nécessaire de menacer qui que ce soit pour obtenir ses faveurs… ou même un héritier. _ Pour l’heure, je vous laisse, madame. Si vous vous décidez avant le crépuscule, au sujet de notre nouvel accord, venez me prévenir. Au-delà de ce délai, j’en déduirais que le sort du jeune prince vous importe peu. Avant de partir, Soren alla ramasser son voile, tombé la minute d’avant et le lui remit. Izia, elle demeurait mortifiée et incapable de comprendre ce qui venait de lui arriver, ni comment faire face à ce que lui réservait la présence de cet homme. Peu à peu, à la colère d’avoir été contrainte par la force à ce b****r, vint s’ajouter celle de la frustration. C’était comme si une part d’elle ne voulait pas qu’il s’en aille… *** Soren eut mille peines pour reprendre le contrôle de son corps, et le jeu d’intimidation qu’il avait initié, venait clairement de se retourner contre lui. Si seulement, ce n’était que du pur désir qu’il ressentait, cela ne l’agacerait pas autant, et dès qu’il en aurait l’occasion, il ferait venir quelques maîtresses afin de réchauffer sa couche. Non, le bref moment qu’il venait de passer avec Izia, l’avait clairement perturbé… Un simple regard en direction du domestique, et celui-ci compris qu’il devait reprendre son chemin. Sans se retourner vers la jeune femme, Soren suivit le serviteur jusqu’aux appartements qui allaient être les siens, dorénavant. _ En attendant mes propres serfs, il me faudra des caméristes ainsi qu’un valet expérimenté, exigea-t-il une fois qu’il examina sa chambre dans les moindres détails. _ Bien, Sire… _ Autre chose, ordonne aux cuisines de faire livrer de la viande ainsi que des victuailles au campement où se trouvent mes hommes. _ Faudra-t-il aussi du vin ou une autre boisson ? _ Aucunement, contentez-vous de leur apporter des denrées qu’ils cuisineront eux-mêmes. Tant que je n’ai pas pris totalement en main ce château, mes hommes et moi, ne consommerons aucun aliment préparé par vos soins et ne boirons aucune de vos bouteilles. _ Bien, Majesté, je vais de ce pas prévenir les offices afin qu’ils fassent le nécessaire. _ Peux-tu me redonner ton nom, demanda Soren au serviteur qui devait avoir la quarantaine bien tassée. _ Bart, Majesté. _ Bart…, que sais-tu à propos de ta maîtresse ? Je veux dire, était-elle engagée dans une relation, ou était-elle fiancée avant mon arrivée ? L’homme hésita longuement. Le souverain voyait à son regard que la peur le saisissait et l’empêchait de parler. _ Tu n’as rien à craindre mon brave. Si je te pose la question, c’est juste pour comprendre la situation et ne pas m’imposer trop vite à ta reine, pour prendre ses sentiments en compte en quelque sorte… Toujours avec cette peur dans les yeux, le serf hocha la tête pour lui signifier qu’il allait répondre. _ La vérité Majesté, c’est que la princesse Izia est une dame dotée d’une grande piété filiale et un haut sens de l’honneur, par conséquent, elle n’entretenait aucune relation que ce soit, et attendait que notre roi, lui trouve un époux convenable. À sa grande surprise, la réponse de l’homme lui fit franchement plaisir. Le cœur de sa jeune femme n’était donc épris de personne… C’est avec un léger sourire aux lèvres qu’il remercia le serviteur. _ Pour ta collaboration, je te nomme à mon service direct, et même quand mes propres gens intègreront le palais, tu resteras l’un de mes valets attitrés. _ C’est trop d’honneur, Sire… je ne suis qu’un simple serviteur, affilié aux cuisines… _ Tu as mérité cette nouvelle place et les prérogatives qui vont avec. Si tu as besoin d’aide, tu n’auras qu’à déléguer à tes confrères. _ Bien, Majesté, vos désirs sont des ordres… L’après-midi passa à une grande vitesse, le jeune souverain n’eut pas le temps de prendre une seule seconde pour lui. Ses appartements étant devenus le nouveau quartier général, ses officiers s’y étaient regroupés afin de discuter de la suite à donner aux opérations. Soren affecta chacun de ses gradés à une fonction palatale, et nomma des sous-officiers comme suppléants. Des lettres furent envoyées dans chaque région pour annoncer son mariage avec la princesse du pays, ainsi que la mainmise sur ce dernier. _ Sire, lui rappela Stefen avant de sortir de sa chambre, vous devriez peut-être envoyer une lettre à votre mère et l’avertir de l’avancée de nos opérations ? _ Je m’en suis chargé dès que la princesse a accepté de sortir me rencontrer, précisa le souverain. _ Vous voulez dire que vous saviez qu’elle accepterait de vous épouser ? _ Je me doutais qu’elle n’aurait d’autres choix que de dire oui, mais dans tous les cas, le royaume m’appartenait déjà à ce moment-là. Alors pourquoi aurais-je dû attendre pour en avertir ma mère ? _ Je vois, vous ne lui avez donc rien dit pour votre union… _ Je le lui dirais le moment venu… et puis tu sais comment elle est… il n’y a pas une femme qui trouve grâce à ses yeux, et aucune selon elle, ne me mérite… _ Vous savez comment sont les mères, Sire, elles s’inquiètent toujours de notre bien-être. _ La tienne peut-être, la mienne, je n’en suis pas sûre. Ce qui lui importe le plus, c’est la vengeance. La mort de mon père lui a laissé une rancœur démesurée et des attentes que je ne suis pas sûr de pouvoir satisfaire. En tout cas, en apprenant que j’ai changé mes plans, elle ne va pas se réjouir. _ Vous verrez bien le moment venu. En attendant, c’était la meilleure solution. Cela évitera des effusions de sang inutile et les gens de ce pays se laisserons plus facilement gouverner. _ Je l’espère bien, sinon quoi, nous aurons fait tout cela pour rien. Après que son esprit ait flotté tout un moment au-dessus de sa tête, comme pour réaliser là où il se trouvait et ce qu’il avait accompli, il quitta la table sur laquelle avait eu lieu la réunion. Bart qui attendait dehors pour des raisons de confidentialité, fut appelé afin qu’il coule un bain au souverain. Il était tard et Izia n’allait pas tarder à venir lui donner sa réponse…
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