Le Téléphone Sonne

IX-

Un peu de remontant

Quand j'entre, la première chose que je fais est d'aller me chercher de quoi me saouler. Oublier, c'est la seule chose qui me convient en ce moment. Il ne sert à rien de me poser des questions pour l'instant.

Dans la cuisine, je me rue vers un des placards en bas, déplace les objets qui y sont et enlève la plaque du fond. Mon regard s'illumine quand je tombe nez à nez avec mon fabuleux trésor. Il s'agit de ma réserve personnelle. Il y a du whisky et du vin, en petite quantité mais assez pour faire mon bonheur.

Je pose mon c*l sur le sol, quatre bouteilles près de moi.

— À ton merveilleux cauchemar.

Je vide une, deux... Je ne sais même plus combien j'en ai dépouillé de leurs liquides savoureux. Tout ce que je souhaite, c'est me saouler jusqu'à en perdre la mémoire. Peut m'importe si mes parents rentrent par magie et me trouve dans cet état en rentrant–si tant est qu'ils rentrent– ou que ce soit la nouvelle femme de ménage qui tombe sur moi.

—Je n'en ai rien à foutre.

Mon esprit s'embrouille peu à peu et je me mets à parler tout seul.

Je sais que demain, je serai dans un état pitoyable.

— Ah! Maintenant que j'y pense. Dimanches, c'est le dimanche de Pâques. Papa et maman seront là. Ils vont me voir comme ça s'ils viennent demain.

Je rigole comme un c*n. Les visages de mes géniteurs m'apparaissent dans un coin de la pièce. Ils me fixent avec dégoût. Ça se voit qu'ils ne sont pas très fiers. Je les pointe du doigt.

— Je m'en balec que vous aillez honte de moi. Tout ça, c'est de votre faute. Vous m'entendez ? De... Votre... Faute.

Je le pense ce que je dis. Ma destruction lente et cette descente aux enfers, je ne les doits qu'à eux. Je les déteste, pour ne pas dire que je les hais.

— Ah. Oui. Je ne dois pas oublier Mr le psychopathe. Lui aussi est de la partie. Peut-être qu'il est de mèche avec vous ? Je vais le lui demander.

Je cherche mon téléphone et le retrouve sur le plan de cuisine.

J'envoie un message à mon joueur sur le numéro par lequel il m'a envoyé le dernier message.

{ T'es un démon,toi. C'est sûr. T'as été invoqué par mes parents pour me pourrir la vie ?}

Aucune réponse.

{Tu sais ? Les diablotins comme toi,j'en fais de la guimauve.}

Toujours aucune réponse.

Énervé, je supprime tous les messages qu'il y a dans ma boîte de réception et qui ont rapport avec lui avec l'illusion que ces messages disparaîtraient avec lui.

***

Je suis devant le bâtiment principal comme d'habitude.

"Encore ce même rêve".

Le corps de Raïssa est tourné vers moi. Elle se lève doucement, comme si sa chute n'avait été qu'un simple petit saut. Son regard a changé. Elle semble en colère.

"Normal. Je n'ai pas pu la sauver."

Elle avance vers moi. Je n'essaie pas de fuir car je sais qu'il m'ait impossible de m'éclipser. Un instant, j'ai cru que c'était la même force invisible qui est en train de me retenir sur place mais, en fait, il s'agit de deux mains qui sont posées fermement sur mes épaules.

Je sens leur froideur. Je veux savoir à qui elles appartiennent. Cette fois ci, je peux tourner la tête. Malgré la boule que j'ai à la gorge, je décide de découvrir qui peut se tenir derrière moi. Mes yeux s'ouvrent en grand quand j'aperçois la personne.

—Camilla. Je murmure.

"J'aurais dû y penser. Toi aussi, tu dois être en colère contre moi, je suppose."

Au lieu d'avoir peur, je me sens plutôt coupable.

Raïssa pose ses mains sur mon visage tandis que Camilla met les siennes à l'arrière de mon crâne. Un frisson me parcoure. J'ai mal à la tête tout à coup, comme si elles faisaient congeler mon cerveau. Je me mets à crier tant la douleur est intense.

Je me réveille en sursaut. Les lumières des lampes me grillent les yeux. Je me passe les mains dans les cheveux. Un haut le corps me prend et je cours directe aux toilettes.

"J'ai dû abuser cette fois."

Mes tripes et boyaux sont passés ont passé la barrière de mes lèvres. Après ça, je suis carrément épuisé. Je me sens vide de toute énergie.

Assis à côté du WC, je prends ma tête dans mes mains.

"Est ce que c'est mon châtiments ?

Dois-je être hanté par ceux que je n'ai pas pu sauver ? Vais-je devenir fou?"

— Non..Hors de question. Je ne vais pas devenir son jouet.

"Je vais me battre. Cet homme ne m'aura pas aussi facilement. Je vais l'avoir. Qu'il compte sur moi..."

****

"Je vais me battre et lui mettre des bâtons dans les roues."

C'est ce que je me promets avant de me lever et d'aller prendre une douche froide. Il me faut reprendre mes esprits et penser posément. Ce mec est malin et moi, je dois l'être encore plus.

Après dix minutes sous le jet d'eau, je sors et me dirige vers la cuisine sans m'essuyer et vêtu d'une simple serviette. J'aime avoir froid durant la nuit. Ça me permet de me mieux réfléchir. Arrivé en bas, un coup d'œil à l'horloge principale du salon m'indique qu'il n'est que trois heures du matin.

Ce n'est pas l'heure mais, je me fais du café afin de me réveiller et mettre mes idées en ordre.

Je retourne dans la pièce principale, m'asseois dans le fauteuil à côté du téléphone et prends l'agenda qui se trouve sur la petite table près du fixe. Avec un stylo qui s'y trouvait, je note.

"1-Qui est la personne au téléphone ?

2-Quel est le lien entre Raïssa, Camilla et Amalia ?

Je ne sais pas si cela va beaucoup m'aider. Toutefois, il faut bien commencer quelque part. Suivant une logique précise, je pourrai partir de rien pour arriver à quelque chose de plus conséquent.