Pas Amalia!
Je vérifie si la gamine est encore en vie ; ce qui est le cas, vu qu'elle respire encore. Je lui prodigue alors les premiers soins comme je le peux.
Soudain, après maintes efforts, je vois Amalia tousser et cracher l'eau salée. Je la tourne sur le côté.
— Ça va?
Son petit visage est tourné vers moi. Sans mot dire, elle s'accroche à moi en pleurant. Son corps tout entier tremble. Sa robe est mouillée et la température assez basse ce soir alors, j'enlève mon pull pour la couvrir et la prendre dans mes bras.
— Tu ... Tu... m'avais dit ....avais dit que tu allais rester avec moi. Pourquoi t'es parti? chuchote t-elle.
"De quoi est ce qu'elle parle ? Peut-être qu'elle est encore en état de choc."
Je ne suis pas sûr des soins que je lui ai fourni alors, je prends la direction de la cabane des secouristes. Je suppose qu'ils bossent aussi de nuit.
Amalia dans mes bras, mon smartphone dans une main, je cherche l'endroit et n'ai pas eu beaucoup peine à le trouver.
La cabane ressemble plutôt à une sorte de camping-cars avec une croix rouge sur la porte et une petite fée dessinée en haut. Je toque et n'attends pas longtemps avant qu'un jeune homme vienne ouvrir.
Ses yeux se posent sur la fillette que j'ai dans les bras et il nous fait rapidement entrer.
Il me désigne un petit lit de consultation.
— Installes là ici s'il te plaît.
J'ai voulu obéir mais Amalia s'accroche désespérément à moi.
Le secouriste souffle et me fait signe de la main pour que je pose mes fesses sur un tabouret. La petite se retrouve donc sur mes genoux.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Je lui explique ce qu'il y a savoir. Il me suis tout en l'examinant.
J'en profite pour appeler Mike pour lui donner des nouvelles pendant que le jeune homme pose une couverture chaude sur Amalia ainsi qu'un masque à oxygène sur son visage. La sœur de Mike s'endort aussitôt.
— Elle va bien hein ?
— Elle va aller mieux. Au fait, moi, c'est Aloik.
— Enchanté. Je suis Anani.
***
Lorsque Mike nous rejoint, il est tout paniqué, presque au bord des larmes. Il a dû être sérieusement inquiet pour sa sœur.
Je vois Allena qui apparaît derrière lui, dans l'entrebâillement de la porte. Elle s'est contentée de me saluer de la tête et de rester dehors. Je suppose qu'elle n'a pas envie d'être de trop.
— Merci, mec. me souffle t-il.
— Ce n'est rien. Tu devrais remercier Aloik aussi.
Ce dernier fait juste un signe de la main.
— Je n'ai pas fait grand chose.
—Peut-être mais, merci à vous aussi. Quel piètre frère je fais. J'étais sensé la surveiller mais étais trop occupé par ma tof... Si Allena n'avait pas remarqué son absence, je n'aurais jamais su qu'elle avait disparue et qui sait.....
— Ne culpabilise pas. Il nous arrive de faire des erreurs. Le plus important, c'est que ta sœur soit en vie. lui dit doucement Aloik.
— Comment l'as tu retrouvée ?
— Plus tard. D'accord ? Pour l'instant, il faut s'occuper d'elle.
Mike s'approche de sa sœur et la prend dans ses bras. J'essaie de me dégager du mieux que je peux afin de la lui passer.
— Je suis désolé, princesse. J'aurais dû te surveiller avec plus d'attention.
A présent, je suis debout à côté d'Aloik.
— Je peux rentrer avec elle ?
— Non. Je ne sais pas si c'est nécessaire mais, je pense qu'il faudrait lui faire une prise de sang.
Je me tourne vers le jeune homme.
— Pourquoi ?
Il enlève la couverture du bras d'Amalia et nous fait découvrir un petit point semblable à une piqûre faite avec une seringue.
— Il se pourrait qu'elle ait été droguée. C'est ce que j'ai crû en l'examinant de plus près. Dis moi, Anani; lorsque tu l'as retrouvée, tu n'as vu personne aux alentours ? Un fuyard ?
— À l'endroit où je l'ai retrouvée, je n'ai vu que quelques gars souls. Rien de plus.
"Oui. Rien de plus. Mike m'en voudrait à mort s'il savait qu'à cause de moi, sa sœur avait failli mourir."
Mike s'emporte.
— Vous voulez dire qu'un c*****d a drogué ma sœur ?
— Calme toi. Tu vas la réveiller.
— Comment veux tu que je me calme. dit il doucement .
Je peux cependant sentir de la colère dans sa voix. Il jure tout ce qui peut lui passer par la tête.
— Est ce que....commence t-il mais, ne termine pas.
Je sais parfaitement ce qui lui passe par la tête et la question qui lui brûle les lèvres.
J'observe la petite dans les bras de mon ami. J'espère que le psychopathe ne lui a rien fait.
— Non. Je ne pense pas. Mais, en l'emmenant à l'hôpital, vous en aurez le cœur net. De ce fait, je crois qu'il vaut mieux que je vous y accompagne. J'ai un collègue qui doit arriver bientôt.
Il envoie un texto.
Quelques minutes plus tard, un gars du même âge entre et nous salut. Il lui explique la situation et il se contente d'acquiescer.
Aloik vient se pencher sur Amalia puis, il lui enlève le masque.
— Nous pouvons y aller.
— D'accord. Nous allons prendre ma voiture.
Mike se lève.
Nous sortons et rejoignons Allena qui est assise sur le sable, à côté de la porte. Elle se lève aussitôt.
— Est-ce qu'elle va bien ?
— Je l'espère. Anani, tu devrais rentrer chez toi.
J'ai soudain froid aux pieds.
— Mince..
J'ai oublié que depuis tout ce temps, je suis pieds nus et que mes affaires sont quelque part sur cette plage. Je me demande si je pourrai les retrouver au même endroit. Je ne peux pas les suivre comme ça mais, je n'ai pas envie de laisser mon pote seul.
— Tu es sûr que ça va aller ?
— Ouais. T'inquiète. J'aurais aimé te déposer mais, tu vois...
— Ça va. Ça va. Tu m'appelles s'il y a des nouvelles. Ok ?
— Oui. Encore merci.
Je souris et les laisse.
Par chance, mes affaires sont encore là. Je marche pour rentrer chez moi. Je suis tellement bouleversé que je ne suis plus capable de monter sur mon skate. Je reçois un message.
{Coup de chance. A la prochaine. De toute façon, maintenant,tu sais que tu dois te tenir à carreaux et me suivre.}
Personne inconnue.
"Oui. Un coup de chance. Je l'ai échappé belle."
Quand je pense qu'il s'en ait pris à Amalia pour me punir. Je suis à sa merci et n'ai pas d'autre choix que de suivre. La fillette ne mérite pas de souffrir par ma faute.
Je me mets à courir, jusqu'à chez moi sans m'arrêter.
"Alors, tout ça, c'était vrai ? Camilla et Raissa sont mortes parce que je n'ai pas pris ce jeu au sérieux ?"
Mon cœur se serre. J'ai envie de vomir, me faire du mal, juste pour me prouver que ces appels, ces messages, ce psychopathe, les mortes, l'accident d'Amalia n'étaient que les fruits d'un rêve dont je n'arrive pas à sortir.
" Cet inconnu; est ce un démon ?"
"Non. Ces êtres n'existent pas."
J'ai toujours été réaliste. Je ne crois pas en des absurdités selon lesquelles il existerait des êtres fantastiques et maléfiques. Seuls les plus crédules ne douteraient pas de ces idioties.
Je pousse le portail de chez moi, traverse la cours. Devant la porte, j'essaie difficilement de sortir mes clefs et d'enfoncer la bonne dans la serrure. Mes mains tremblent tellement que ça m'énerve de ne pas arriver à ouvrir cette f****e porte.