Le fils de Lavina

1194 Mots
Le fils de Lavina Alkeria, l'île aux esclaves, Le passage de Madok et ses hommes au commerce de cet esclavagiste, rendit nerveux ce dernier. Il passait son temps à aller et venir, tout en scrutant devant son échoppe. _ Il attend sûrement le retour du gamin, supposa Heddy qui s’était posté sur le toit avec son supérieur. _ Non, je pense qu’il doit se méfier de nous. Il agit comme quelqu’un qui a quelque chose à cacher. _ Qu’est-ce que pourrait cacher un scélérat de sa trempe ? Il vend de pauvres humains au grand jour, ce n’est pas la honte ou la peur qui l’étouffent. Son second était dans le vrai, mais Madok voyait bien que le comportement de ce bougre n’était pas serein. Que craignait-il au juste ? Il était dans son fief et toute l’île serait prête à prendre son parti, si quelque chose tournait mal. _ Notre proie bouge ! s’exclama Heddy en voyant leur bonhomme donner des instructions à l’un de ses employés et quitter les lieux d’un pas pressé. _ Nos questions à propos de la potentielle concubine du roi Azam, l’ont rendu méfiant au point de le faire réagir. Je pense que l’on est sur la bonne voie, Heddy. _ Suivons-le et on verra bien ce que cache ce serpent des sables. Aussitôt dit, aussitôt fait. Profitant de l’agencement des habitations proches les unes des autres, les deux soldats restèrent sur les toits pour filer le commerçant. L’avantage que leur octroyait la hauteur prit fin quand leur cible se dirigea vers les fiacres et qu’elle monta prestement dans l’un d’eux. _ Par Dieu ! Ce sale nigaut va nous échapper ! pesta Heddy en serrant les poings. On devrait descendre et le suivre ! _ Calme-toi. Si on agit avec empressement, on sera vite repéré. Ce type doit sûrement vivre en dehors de la ville et il nous sera aisé de lui mettre la main dessus plus tard. _ Madok, plus on attend et moins, on aura de chance d’en savoir plus sur la mère de la rani. N’oublie pas que nous ne passons pas inaperçu en ces lieux et il suffit que ce type s’organise, et nous aurons tôt fait d’être mis en échec par les pirates qui contrôle cette île. _ Je le sais aussi bien que toi, mais si nous décidons de le suivre maintenant, il s’en rendra compte. Et ce que tu craignais, arrivera dans tous les cas. Heddy, armons-nous d’un peu de patience et espérons qu’il se sentira à l’abri en ne nous voyant plus rôder autour de lui. Madok avait eut raison de ne pas se précipiter, et de ne surtout pas attaquer de front. Peu de temps après, Amil, le subordonné qui avait collé aux trousses du jeune adolescent, revint pour son rapport. _ Major, j’ai suivi le petit comme vous me l’avez ordonné. Du moins jusqu'à sa demeure… _ Sa demeure ? s’étonna Heddy. C’est un simple esclave, je te signale, il doit s’agir de la demeure de son maître. _ Dans tous les cas, le félicita son supérieur, tu as fait de l’excellent travail, Amil. Grâce à toi, nous allons pouvoir exécuter notre plan dès ce soir et nous faire la malle par le premier bateau, demain matin. _ Oui, j’espère vraiment que cet enfant nous suivra sans faire d’esclandre. Car vu comment il nous a évité un peu plus tôt, il n’est pas dit qu’il se montrera très coopératif. _ J’en suis conscient et je ne compte pas le forcer à quoi que ce soit. S’il veut rester dans cet enfer plutôt que de nous suivre, je respecterai sa décision… _ Tu n’y es pas, fit son second en secouant la tête, les gens qui ont grandi dans la servitude ne savent rien de la liberté ni de ses avantages. Ils épousent malgré eux la volonté de leurs maîtres, et ne rêvent à rien d’autre que d’être bien traité par ces derniers. _ Je sais très bien tout cela, mais je ne peux risquer que l’on soit repéré demain, en trainant ce gamin contre sa volonté. Nous avons une mission importante et elle reste notre seule priorité. _ Tu feras bien ce qui te semblera le plus juste, fit Heddy en rabattant sa capuche, en attendant, retrouvons nos hommes et préparons-nous convenablement pour la suite… *** Lavina crut d’abord que son fils divaguait et que les récits qu’elle lui avait racontés plus jeune, lui jouaient des tours. Elle avait bien tenté de le calmer et de le rassurer, sur le fait que, personne ne viendrait les rechercher après tant d’années, mais c’était en vain. Il était persuadé de ce qu’il avançait. _ Mère, vous auriez dû les voir, s’exclama l’adolescent en repoussant la tasse de thé que sa mère posa devant lui, ce n’étaient pas de simples voyageurs ! Je travaille avec père depuis des années et j’ai assez vu de personnes pour vous assurer qu’il s’agissait de vrais guerriers. _ Devan, mon garçon, commença par dire Lavina en prenant place à table, devant lui, ne te mets pas dans un tel état. Combien même cela est vrai, le maître saura les éloigner. Il est un marchand respecté dans l’île et personne n’osera le défier. Crois-moi, tu te fais peur pour rien. _ Ce n’est pas pour moi que j’ai peur, mère. Je crains juste que quelque chose de fâcheux ne vous arrive à vous ! Vous avez déjà tant supporté depuis que vous êtes dans cette contrée ! _ Mon fils, Rien ne m’arrivera, tu peux être tranquille. Et si de ton côté, tu ne te sens pas en sécurité, tu peux demander à rester ici, le temps que ces gens quittent l’île, qu’en dis-tu ? Lavina avait à peine terminé sa phrase que le maître des lieux arriva. Devan et elle, se regardèrent avec étonnement, ce n’était pas une chose habituelle, qu’il rentre aussitôt. _ Je vais voir, ce qu’il se passe, fit la femme en se levant et en quittant la grande cuisine où elle officiait en temps normal. _ Mère, je suis sûr que cela a un rapport avec la présence de ces fauteurs de troubles ! Je viens avec vous. _ Non, Devan, tu restes ici. Combien même, tu as raison à propos de ces gens, le maître sera plus à l’aise pour en parler, si tu n’es pas là. Bien qu’elle voulût préserver son fils de certaines vérités, Lavina ne mentait pas pour autant. Maître Hugs avait une grande affection pour ce petit et il ne dirait rien qui puisse l’inquiéter outre mesure. Il valait encore mieux qu’elle soit seule avec lui pour connaître le fin mot de l’histoire. _ Lavina, est-ce que Devan est revenu à la maison ? fit Hugs d’une voix qui trahissait de l’inquiétude. _ Oui maître, il est bien là. Qu’est-ce qui se passe au juste ? Après avoir regardé au-dessus de l’épaule de sa domestique pour s’assurer qu’il n’y avait personne, l’homme dit à voix basse : _ Il s’est passé quelque chose aujourd’hui, des hommes de Raman se sont présenté à mon échoppe, et je crois qu’ils en ont après le petit et toi…
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