D’ordinaire Vincenzo faisait montre d’un caractère impassible et en toute occasion. Mais en arrivant devant la petite école où son fils était scolarisé, il devint nerveux.
_ Tout va bien se passer, le rassura Laure qui était assise près de lui. L’établissement n’a aucune raison légale de t’empêcher de prendre ton fils.
_ Je sais, c’est juste que je ne sais pas comment, lui, risque de réagir. Il ne me connaît même pas.
_ C’est un enfant de trois ans, je suis sûr que l’impressionnant monsieur que tu es, trouvera une parade.
_ Crois-moi à cet âge, ils peuvent vraiment être éveillés. Et il ne sera pas simple de le persuader de me suivre sans histoire.
En lui disant cela, il pensait notamment à au petit qu’il avait rencontré au bord de la mer.
Laure se mit à rire devant cette nouvelle facette de Vincenzo.
Il y’avait donc bien une chose qui pouvait le déstabiliser ?
_ Allons, même s’il pleure un peu c’est pas grave. Et puis les petits s’adaptent très vite, crois-moi.
Le fait d’être dans son bon droit ne dédouana pas Vincenzo pour autant.
Le bien-être de son fils n’était pas un sujet anodin. Il était même primordial.
_ Je resterais à tes côtés, et interviendrait si nécessaire, même si je te le répète, tout est en règle et rien ne s’oppose à ce que tu sortes ton enfant de là.
_ Très bien, allons-y dans ce cas.
La directrice qui avait accueillie Laure et Vincenzo, les regardait incrédule. Elle ne savait que faire dans cette situation qui était tout de même inédite.
_ Je vous entends seulement, je ne peux pas laisser un enfant partir comme ça, fit -elle dépassée. Je vais contacter la mère pour m’assurer qu’il n’y a pas de problème.
_ Vous pourrez l’appeler à votre guise, une fois que vous m’aurez remis mon fils, lui dit Vincenzo sur un ton ferme.
_ C’est que c’est délicat…
_ Ecoutez, intervint Laure en décroisant ses jambes et en se redressant sur son siège. Je suis avocate et je connais très bien les obligations qu’a une école, et refuser de remettre l’enfant à un parent qui jouit pleinement de son autorité, n’en fait pas parti. Vous avez tout les éléments devant les yeux, donc je vous demanderai d’en tenir compte.
La directrice savait très bien qu’elle avait raison, mais dans son dossier d’inscription il n’était fait mention nulle part d’un deuxième parent, ni même d’un mariage quelconque.
A son grand désarroi, elle s’aperçut aussi qu’il manquait des éléments.
Elle se souvenait que la mère lui avait dit qu’elle avait perdu son livret de famille et qu’elle allait faire une copie, seulement rien n’avait été ajouté au dossier depuis que l’école avait commencé.
Voyant que le certificat de naissance qu'on venait de lui fournir comportait une mention marginale qui faisait état de la reconnaissance de l’enfant et de son changement de nom, elle comprit qu’elle ne pouvait pas réfuter les éléments qui venaient de lui être présentés.
_ Très bien, je vais envoyer ma secrétaire chercher votre fils, mais dans le même moment, j’avertirai la mère que vous êtes sur le point de l’emmener.
_ Une fois que vous nous remettrez l’enfant, vous pourrez faire ce qu’il vous chante, lui dit Laure d’un air faussement souriant…
Vincenzo n’y tenant plus, dût se lever de sa chaise. Son angoisse était à son paroxysme, et sa joie aussi.
Il allait rencontrer son fils, enfin.
Il avait attendu si longtemps ce moment et voilà qu’il était arrivé.
Qu’allait-il lui dire de prime abord ? Est-ce qu’il savait qu’il avait un père au moins ?
La directrice qui avait tenté de joindre la mère tombait sur sa messagerie.
Sous le regard inquisiteur de Laure, elle contacta le domaine où elle était employée, mais personne ne prit l’appel.
_ Je n’arrive pas à l’avoir, dit-elle mal à l’aise. Je vais essayer de contacter son ami, il viens souvent chercher Leo.
A ces mot et sans se tourner vers lui, Laure senti le regard furieux de Vincenzo se planter dans celui de la directrice.
Et avant qu’il ne perde son sang froid, elle intervint :
_ On est d’accord pour que vous appeliez l’autre parent, et son employeur, mais il est hors de question que vous contactiez des tiers qui n’ont aucun lien avec Leopold.
Au même instant la porte s’ouvrit et la secrétaire entra, suivit du petit garçon.
Vincenzo qui s’était préparé à toute les éventualités, se retrouva sans voix…
Tandis qu'elles cueillaient les pommes bien mûres de l’exploitation où elles travaillaient, Maurine demanda à Lucia :
_ Tu vas faire quoi à la fin de ton contrat ?
La jeune femme réfléchit un instant avant de répondre :
_ De l’intérim, je pense. Et toi ?
_ Je vais sûrement retourner chez mes parents quelques temps, lui dit son ami. Ils ont besoin d’un coup de main pour la ferme.
_ C’est super n’empêche, tu vas pouvoir travailler en famille.
_ Tu plaisantes j’espère, c’est le pire plan. Et dans mon cas, j’ai l’impression de redevenir une adolescente qui se prend la tête avec ses parents pour un oui ou un nom, et qui doit demander la permission pour tout.
Lucia se mit à rire. Maurine était un sacré personnage mais ses parents n’étaient pas en reste.
Pour les avoir rencontrés à plusieurs reprises, elle savait qu’ensemble, ils explosaient l’ambiance.
_ On viendra vous rendre visite, lui dit la jeune femme pour lui donner du courage.
_ J’y compte bien, et… tu ramèneras ton gentil voisin…
_ Tu perds pas le Nord, toi.
Elle eut juste le temps de finir sa phrase que son patron arriva sur son tracteur léger et s’arrêta à sa hauteur.
_ Lucia, l’école de ton fils à appelé, il faut que tu les recontactes…