Trinity

"Justin, bordel de merde, où est ce que tu te trouves?'  Je hurle de toute mes forces.  J'en ai marre de devoir hurler à chaque matin pour que la personne qui est payé pour m'aider, décide de faire son travail.  "Justin White, ramène ton cul ici, immédiatement.  Je n'ai pas envie de me pisser dessus car tu as encore décidé de t'éclipser de ton poste pour faire la fête toute la nuit." "J'arrive, Trinity."  Je finis par entendre.  Il est pas trop tôt.  Je réclame son attention depuis bientôt trente minutes.  Il est très bien payé par mes parents, alors la moindre des choses serait qu'il fasse ce pour quoi il est payé, c'est à dire, s'occuper de moi, pauvre petite éclopée de la vie.     Pour faire une histoire courte, je jouais et je n'ai rien remarquer lorsqu'un camion m'a percutée de plein fouet.  J'ai atterri le dos contre un arbre.  Résultat, je dois maintenant me balader en chaise roulante.  Mes bras et le haut de mon corps sont opérationnel.  Le bas de mon corps s'en est moins bien sorti.  J'ai la moelle épinière sectionnée.  Je ne peux plus bouger mes jambes et encore moins me tenir debout.  Pour compenser mes lacunes, Justin a été la solution proposée.  Il doit me lever de mon lit le matin, m'assister lorsque je lui demande une chose que je suis incapable de faire par moi-même, comme prendre un livre dans la plus haute étagère de la bibliothèque,      Je suis autonome pour plusieurs chose, mais me lever de mon lit n'en fait pas partie.  La dernière fois que je n'ai pas attendu que Justin me glorifie par sa présence, j'ai passée une heure allongée sur le sol, le visage dans la poussière.  Franchement pas agréable comme expérience, donc maintenant, je hurle à plein poumon au lieu de m'écraser sur le sol.      Lorsque finalement, je vois Justin entrer dans ma chambre, je dois réprimer une envie d'applaudir et d'en faire tout un plat.  Ce grand gaillard de six pieds semble avoir passer la nuit à fêter.  Il sent tellement l'alcool que je couvre mon nez dès qu'il ouvre la porte.  Il a les cheveux en bataille.  S'il avait ce comportement avant de travailler ici, je comprends pourquoi il ne recevait pas de contrat de chasse.  Personne n'a envie d'envoyer un imbécile incompétent chasser un vampire ou une goule, pour ensuite avoir sa mort sur la conscience. "Tu peux me déposé directement sur la toilette?"  Je lui demande, sans m'époumoner cette fois.  "J'ai vraiment une envie urgente." "Je suis vraiment forcé de le faire?"  Me questionne-t-il en retour.  J'en ai la mâchoire qui tombe.  Je l'observe pour savoir s'Il est sérieux, s'il me fait seulement une mauvaise blague.  Je suis choquée quand je vois qu'il est tout ce qu'il y a de sérieux. "Oui, tu dois le faire!"  Je m'exclame.  "Cela fait partie de la description de tâches à faire à chaque jour que tu dois avoir reçu, lorsque mes parents t'ont engagé. "Ça! Non, je l'ai jeter au poubelle sans la lire. "T'es vraiment un cas désespéré.  Maintenant, dépêche toi, sinon tu vas devoir nettoyer mes draps." "Très bien!"  Grogne-t-il en levant les bras au ciel pour les laisser retomber en avançant vers moi.     Il me soulève, comme si je ne pesais rien du tout.  Il sort de ma chambre et il va vers la droite, dans le couloir qui mène à la cuisine.  Deux portes plus loin, nous sommes à destination.  Il me soutient au dessus de la toilette, le temps que je descends ma culotte, puis il me dépose sur le siège des toilettes.       Une fois que Justin se mets en action, il est très professionnel.  Le seul problème est que cela prend un temps fou à le faire bouger.  À son retour, j'ai terminée et j'ai même eu le temps de remonter ma culotte.  Croyez-moi, cela me prends un certain temps pour réussir à remonter d'un simple centimètre ma culotte.  Je dois soulever ma jambe tout en tirant sur le tissu jusqu'à ce que les jeux olympique commencent.  Je dois me tenir en équilibre sur une main et tenter de soulever l'une de mes fesses pour pouvoir  faire en sorte de remettre ma culotte.  Et on recommence de l'autre côté.  Cela vous démontre à quel point Justin peut être lent pour se mettre en action entre chacune de ses tâches. "Dépose moi dans mon  fauteuil et prépare du café, s'il te plaît."  Je lui demande tandis qu'il me soulève à nouveau.  "Si tu me sors une tasse, une cuillère et que tu mets tout à ma portée, je vais pouvoir me débrouiller sans toi et tu vas pouvoir retourner dormir un peu.  Je vais m'installer pour travailler, je n'aurai pas besoin de toi, avant quelques heures." "Tu as plus de demande à faire qu'une diva, ma parole!"  S'exclame Justin en levant les yeux au ciel.  "Autre chose, votre majesté."  Ajoute-t-il le plus sérieusement du monde.  Je me demande parfois qui travaille pour l'autre.     Comme je n'ai pas envie de gâcher ma matinée en me disputant avec cet imbécile, je fais la sourde.  Je n'ai vraiment pas de temps à perdre avec lui.  Mes parents lui trouveront bientôt un remplaçant et je n'aurai plus à supporter son caractère exécrable.  Dire que mes parents faisaient une faveur à un autre chasseur.  Il cherchait du travail pour son fils qui n'avait pas l'étoffe pour la profession.  J'espère que la prochaine personne qu'ils engageront sera moins récalcitrante à faire son travail.     Justin ne perds pas de temps pour m'installer dans ma chaise roulante.  Me laisser tomber  est le terme exact, puis il fuit pratiquement la pièce.  Heureusement que je n'ai pas besoin de son aide pour me vêtir, car je ne crois pas que j'y survivrai s'il est pour être aussi brusque.  Lorsqu'il est de cette humeur, mieux vaut l'éviter.       Ma chambre a été réaménagée, pour s'adapter à mes nouveaux besoins, peu de temps après mon accident.  Je n'ai besoin d'aide que pour monter ou descendre de mon lit, mais une fois dans mon fauteuil, tout est à ma hauteur.  Que ce soit mes vêtements, mes souliers, mon miroir ou ma brosse à cheveux et mes accessoires, tout est accessible.  Je peux donc me vêtir seule, sans aucune aide.  Pour ce qui est de me laver, une fois installée dans un deuxième fauteuil prévue pour cela, je n'ai qu'à entrer par moi-même dans la douche qui a été conçue pour moi.  Une fois encore les robinets pour ajuster l'eau, sont placer au bon endroit.   Lorsque j'ai terminée, une serviette sur moi et je demande de l'aide pour me transférer de fauteuil et je peux ensuite me débrouiller par moi-même à nouveau.     Avoir Justin à la maison est une sécurité pour mes parents et pour moi, on ne sait pas ce qui peut se produire.  Ça aurait dû l'être, du moins.  Sauf que le nombre de fois où je risque de me blesser a augmenté depuis qu'il est là.  Il ne ramasse presque rien, donc souvent je passe près chavirer avec mon fauteuil à cause des choses qu'il laisse à même le sol.  J'ai commencer à payer une femme de ménager deux fois par semaine de ma poche pour être certaine que la maison ne deviennent pas un véritable taudis.  Plus le temps passe et plus il devient désagréable et il travaille de moins en moins.  Je me raccroche à l'espoir que mes parents seront bientôt de retour et qu'à ce moment là, Justin prendra la porte.     Je finis par me choisir un simple jeans noir et un t-shirt bleu avec le logo de Superman.  J'adore ce personnage de bande dessinée.  Supers pouvoirs, mais il œuvre toujours pour le bien de l'humanité.  Il est droit et honnête, c'est ce que j'adore de lui.  Des chaussettes et des sous-vêtements noir et comme je n'ai pas l'intention de sortir de la maison, aujourd'hui, une paire de pantoufle en laine suffira.  Je ne perds pas de temps à me coiffer, une simple queue de cheval sera suffisante.  Un coup d'œil dans le miroir pour vérifier si tout est acceptable et je suis satisfaite.  Dégoutée, car je ne vois que mon fauteuil, mais satisfaite, car j'ai quand même réussi à me vêtir.     Dès que je sors de ma chambre, je tourne à droite pour emprunter le couloir en passant devant la salle de bain, puis j'arrive dans la cuisine.  C'est le chemin le plus court pour m'y rendre en partant de ma chambre.  Il n'y a aucun signe de Justin, ni de ma tasse et la cafetière est clairement vide.  Je commence vraiment à en avoir marre de ce bon à rien.  Je ne lui ai pas demander la lune, simplement une cafetière remplie et à ma portée.  Cette fois, il ne s'en sortira pas aussi facilement.  Il va faire son travail, même si je dois le tirer par les couilles pour qu'il le fasse.     Je fais faire demi-tour à mon fauteuil et je fonce vers la salle de bain.  Je saisis la corbeille et je vide son contenu sur le plancher.  Je trouverai un moyen de nettoyer plus tard.  Je vais ensuite ouvrir le robinet d'eau froide du bain et je remplis la corbeille à moitié.  Je dépose celle-ci entre mes jambes pour la garder en place et je repars vers la cuisine.  Devant le frigo, je tire sur le tiroir congélateur et je prends le sac de glace qui s'y trouve.  Je finis de remplir la corbeille avec celle-ci.     Je traverse ensuite le salon pour me rendre à la chambre que Justin occupe.  Celle-ci se trouve complètement à la droite du salon.  C'est la dernière fois qu'il m'ignore de la sorte.  Il est payer pour m'assister dans la maison pas pour dormir et me laisser me débrouiller complètement seule.  Il n'a vraiment pas choisi la bonne fille à emmerder.  Ce n'est pas parce que je suis coincée dans un fauteuil que j'ai perdu mon caractère de chien pour autant.  J'ouvre finalement la porte de sa chambre et comme je m'y attendais, il est profondément endormi.  Je m'approche suffisamment pour ne pas manquer mon coup et je lui vide la corbeille d'eau glacée dessus.  L'effet est immédiat. Il se relève et il regarde partout autour de lui en haletant. "Maintenant que j'ai ton attention."  Je commence.  "J'aimerais bien avoir ce que je t'ai demandé.  Une cafetière pleine, à ma portée.  Une tasse à ma portée.  Une cuillère, à ma portée.  Tu crois pouvoir t'en souvenir ou tu voudrais que je t'écrive un aide-mémoire?" "Mais t'es complètement folle ..." Hurle Justin, mais je l'interromps sans attendre en lui lançant l'eau qui se trouvait encore dans la corbeille. "Non!"  Cette fois c'est moi qui hurle.  "Ton salaire dépends de ta façon de traiter la folle."  Je lui rappelle.  "Donc, tu fais ce pour quoi mes parents te versent ton salaire, en oubliant tout ce qui n'est pas nécessaire.  Les insultes, les commentaires déplacés, les jurons, ne sont pas nécessaire.  Est-ce qu'on se comprend?" "Oui, madame."  Me répond Justin.  Cela lui demande visiblement beaucoup d'effort, mais j'ai l'impression que le message est passé, cette fois. "Génial!"  Je m'exclame en faisant demi-tour pour sortir de cette chambre.     Je retourne à la cuisine pour attendre mon café.  Justin ne met pas longtemps pour m'y rejoindre.  Il exécute parfaitement ce que je lui avais demandé.  Rapidement, on peut sentir une bonne odeur de café s'élever dans la pièce.  Je souris tout en inspirant profondément cette bonne odeur. "Est-ce que je peux faire autre chose pour toi?"  Me demande Justin, poliment.  Si j'avais su qu'une corbeille d'eau glacée produirait un tel impact sur sa personnalité exécrable, je lui aurais rafraîchi les idées plus tôt. "Non merci."  Je lui réponds.  "Je vais aller travailler, donc je n'aurais pas besoin de toi avant plusieurs heures.  Tu peux aller te reposer."     Il ne se fait pas prier pour s'éclipser.  J'entends des jurons provenir de sa chambre, puis je le vois passer avec ses couvertures, se diriger vers la salle de bain pour y utiliser le sèche-linge.  Je serre les lèvres pour ne pas sourire et pour m'empêcher de rire.  J'avance doucement vers le comptoir pour me préparer ma tasse de café, sans lait ou sucre, tout simplement un bon café noir.  Puis j'emprunte le couloir pour ne pas avoir à traverser le salon pour atteindre mon bureau.  Au bout du couloir, je tourne sur ma droite et deux petits coups de roues plus tard, j'y suis.     Je dépose ma tasse sur mon bureau, tout en appuyant sur le bouton d'alimentation de mon ordinateur.  J'ouvre le premier tiroir à ma droite et j'en sors mon carnet de note ainsi que mon répertoire téléphonique, pour plus tard.  Mon travail n'est pas difficile, même Justin serait en mesure de l'accomplir.  Chaque matin, j'épluche la totalité des journaux de la région.  À chaque fois qu'une nouvelle me semble étrange ou suspecte,, je note l'endroit dans mon carnet.  Lorsque j'ai terminé, je me sers de mon répertoire pour contacter un chasseur à proximité pour qu'il vérifie si l'intervention d'un chasseur est vraiment requise ou non.     Ce travail est ce qui me rapproche le plus de mon rêve de toujours, chasser avec ma famille les créatures surnaturelles de toutes sortes, qui font du tort aux humains.  Avoir l'impression de rendre le monde un peu plus sécuritaire, un monstre à la fois.  Cela doit vraiment être gratifiant.  Malheureusement, coincée dans ce fauteuil, la seule chose que je peux chasser, ce sont les mouches et encore, leur taux de survie est plus élevé que mon taux de réussite.     Le temps que je finisse de regarder tous les journaux de la journée, l'avant-midi et une partie de l'après-midi s'est écoulé.  Il n'y avait rien qui sortait de l'ordinaire, aucune piste à exploiter.  Une petite journée tranquille.  Je range mon carnet de note et mon répertoire dans le tiroir et je me dirige vers la chambre de Justin, car je suppose qu'il doit toujours dormir.  J'ouvre légèrement la porte et je sens aussi la rage monter en moi.  Justin n'est pas là, la fenêtre de sa chambre est grande ouverte et je peux voir un dépliant annonçant la venue d'un groupe dans un bar du coin.  C'est la goutte qui fait déborder le vase.     Je retourne à mon bureau et je décroche le combiné du téléphone qui s'y trouve.  Je compose ensuite le numéro du téléphone cellulaire de Justin.  Je ne m'attends pas à ce qu'il décroche, mais il a une messagerie, cela me suffit.  Comme je m'y attendais, j'entends le message qu'il a enregistré pour sa messagerie.  Lorsque le bip sonore retentit, je suis gonflée à bloc. "Considère toi, dès à présent, sans emploi."  Je lui annonce.  "Pas la peine de revenir chercher tes affaires, je vais les faire envoyer chez tes parents.  Les frais seront bien évidemment déduit de ton dernier chèque de paye.  Bonne soirée et au plaisir de ne plus jamais croisé ton chemin, connard."     Je raccroche pour ensuite aller récupérer un sac à ordure dans la cuisine.  Dès que j'ai le sac en main, je retourne vider le contenu de tout les tiroirs de l'unique commode de la pièce.  Tout les produits de soins corporels, les peignes, les lunettes de soleil et les bijoux se trouvant sur le dessus de la commode finissent également dans le sac.  Lorsque j'ai terminé, c'est comme si Justin n'avait jamais mis les pieds dans cette maison.     Je vais à mon bureau et je cherche ensuite dans mon répertoire l'adresse des parents de cet abruti et je la griffonne sur un bout de papier.  Je téléphone ensuite à la compagnie de taxi.  Une dernier arrêt, à ma chambre, pour récupérer deux billets de vingt dollars.  Puis je me rends à l'extérieur de la maison pour attendre l'arrivée du taxi.     Vingt minutes plus tard, je vois finalement arriver mon taxi.  Le chauffeur, par contre ne semble pas ravi de me voir du tout.  Je peux voir dans son visage un petit moment de panique.  Il doit se demander où il va bien pouvoir mettre mon fauteuil.  Il doit se demander s'il entre dans la valise de sa voiture. "Vous auriez dû spécifier que vous aviez besoin d'un transport adapté, mademoiselle."  Me dit-il en sortant de sa voiture pour venir à ma rencontre. "Ce ne sera pas nécessaire."  Je l'informe en souriant.  "Prenez ce sac et voici l'adresse où vous devez déposer le sac."  J'ajoute en lui tendant les deux billets de vingt.  "Vous pouvez carrément laisser ceci devant la porte, si personne ne répond."     Le chauffeur saisit les deux billets, ainsi que le sac, en silence.  Il retourne ensuite s'installer derrière le volant de sa voiture avant de quitter les lieux.  Je me sens soulagée.  C'est une chose que j'aurais dû faire il y a longtemps déjà.  J'ai l'impression d'avoir un poids en moins sur les épaules.  Maintenant que je sais que Justin ne reviendra plus, je me sens libre.     Je réalise que je n'ai pas manger de la journée, pendant que je retourne à l'intérieur.  Surtout, ma vessie me rappelle son existence.  Tout le café que j'ai pu ingurgitée durant que je travaillais demande à sortir, maintenant.  Je me dépêche à me rendre à la salle de bain avant qu'il ne soit trop tard.  Je fais, par contre, face à un dilemme de taille une fois que je suis à destination. "Allez, ma vieille, il va falloir être imaginative, maintenant."  Je me dis à moi-même pour m'encourager.     Me débrouiller sans l'aide d'une autre personne est tout un sport.  Je sais que Justin me simplifiait la vie, pour beaucoup de chose, mais il n'était pas toujours présent et s'il n'est pas là, il ne sert à rien.  Je suis complètement épuisée une fois que je réussi à m'installer sur le siège de la toilette.  J'ai du fournir un nombre considérable d'effort pour me hisser jusque là.  Lorsque vient le temps de manger, je n'ai plus l'énergie pour tenter de cuisiner quelque chose.  Je me commande tout simplement une pizza.       Ma soirée se termine au salon, ma pizza très près de moi et une série Netflix qui me semblait intéressante. L'histoire d'une jeune femme qui revient à la vie.  Au moment de sa mort elle était quadraplégique et à son réveille, elle peut à nouveau marcher.  J'aimerais tellement que ce genre de miracle se produise, mais je sais que cela n'est qu'une rêverie.  Je finis par m'endormir dans mon fauteuil, devant la télévision.  Cette journée a été éprouvante.