TRINITY
Tandis que je m'installe à la table à manger, comme Drake vient de me le suggérer, j'ai l'impression d'avoir un point très chaud dans le dos. A chaque fois que je me retourne, je peux vois Drake se concentrer à nouveau sur le repas qu'il cuisine comme s'il n'était pas en train de me fixer, deux seconde auparavant. J'essaie de faire comme si tout était normal, mais je sens qu'il y a quelque chose que Drake me cache. Je finirai bien par découvrir ce que c'est, mais pour le moment je vais tout simplement savourer ce déjeuner et aller travailler sur mon ordinateur. Je me sens en pleine forme et si je peux sauver la vie d'une seule personne en permettant à ces chasseurs à la retraite de se sentir utile, cela en vaut la peine.
"Qu'est ce que nous avons pour déjeuner, je meurs de faim." Je finis par dire, car j'en ai marre du silence malaisant qui règne dans la pièce.
"La même chose que la dernière fois." Me réponds simplement Drake.
"Peux tu me donner un peu plus de bacon cette fois. J'adore le bacon!" Je rétorque.
"Pas de problème." Dit-il en ricanant.
L'atmosphère étrange que je trouvais qu'il y avait commence à se dissipé peu à peu. Je sautille d'anticipation dans mon fauteuil, lorsque je vois Drake approcher avec les assiettes bien remplies. Dès qu'il la pose devant moi, je ne perds pas de temps et je saisis ma fourchette pour passer à l'attaque. J'ai l'impression de ne pas avoir manger depuis des semaines. Je suis réellement affamée. Du coin de l'oeil, je peux voir que Drake m'observe à nouveau attentivement pendant qu'il croit que je ne le vois pas. Je vais finir par croire que j'ai quelque chose sur le visage.
"J'ai fait un drôle de rêve cette nuit." Je commence. Si je lui fait la conversation, Drake arrêtera peut-être de me fixer comme si j'allais disparaître d'un instant à l'autre. C'est vraiment étrange, même pour moi. "Le loup que j'ai vu rôder autour de la maison était entrer et il est venu me trouver dans ma chambre. C'est tout ce que je me souviens."
Drake s'étouffe pratiquement avec sa bouchée de nourriture. Il lui tends son verre d'eau pour l'aider du mieux que je peux. Je trouve tout de même sa réaction bizarre, pour un simplement rêve. Ce n'est pas comme si cela était arrivée pour vrai, sinon je m'en souviendrais, non?
"Je tiens à te dire que je n'ai aucune notion de secourisme, alors je ne saurai pas quoi faire si tu t'étouffes réellement." Je le préviens, très sérieusement. "Alors prend ton temps pour manger, tu veux bien."
"C'est bon à savoir." Dit-il simplement.
Le reste du repas se déroule en silence. Je n'ose plus rien dire, de peur qu'il s'étouffe vraiment la prochaine fois que je dirai quelque chose. Je sais que je ne le connais pas beaucoup, nous en sommes simplement à notre troisième journée ensemble, mais son comportement est à l'opposé des deux derniers jours. Il ne me lâche pas du regard une seule seconde, il a une expression différente sur le visage, que je n'arrive pas vraiment à identifier et sa façon de me regarder est également différente. Pour ne mentionner que cela.
"Tu as des projets pour la journée?" Je m'informe. "Moi je vais travailler pour tenter de trouver des pistes à fournir à certain chasseur, donc si tu as des courses à faire, ce sera le moment. Je vais passer les prochaines heures devant mon écran d'ordinateur." Je précise ensuite.
"Il est hors de question que j'aille où que ce soit et si je dois sortir, tu viens avec moi, point final." Déclare-t-il légèrement remonté. Il semble sérieux à ce sujet. Un autre revirement dans son comportement.
"D'accord, je vais travailler." Je dis ensuite, en fuyant presque la cuisine. Je commence à me dire que les deux premiers jours que nous avons passés ensemble était notre lune de miel et que la vrai personnalité de ce type commence à refaire surface. J'ai peur d'être coincée avec un caractériel contrôlant. J'ai de plus en plus envie d'aller m'enfermer dans ma chambre pour travailler et d'utiliser ma tablette plutôt que mon ordinateur.
Je m'installe à mon ordinateur pour commencer mon travail, tandis que j'entends Drake faire la vaisselle dans la cuisine. J'en viens presque à souhaiter qu'il ait une tonne de corvée à faire, de cette façon il restera le plus loin possible de moi. Je dois avouer que je suis déçue de ce revirement de situation. Les choses avaient si bien débutées entre nous.
Dès que j'ouvre mon ordinateur, il y quelque chose qui attire mon attention, la date affichée dans le bas de mon écran. C'est sûrement un problème d'affichage. C'est ce que je crois tout d'abord, jusqu'à ce que j'ouvre la télévision. La même date, sur deux appareils différents, ce n'est pas une coïncidence. Cependant, c'est impossible. Si la date qui se trouve sous mes yeux est exacte, il y a plus d'un mois qui c'est écoulé. Comment est ce que j'ai pu perdre un mois de ma vie, sans m'en rendre compte? Il y a vraiment quelque chose qui cloche.
"Drake!" Je m'exclame en hurlant. Je dois avouer que je commence légèrement à paniquée. Je ne comprends plus du tout ce qu'il se passe. Il accourt dans le salon en une fraction de seconde. Drake semble près à combattre n'importe quel menace qui pourrait se trouver dans la maison. "Explique moi ce qu'il se passe. Comment est-ce qu'il peut y avoir un mois qui s'est écoulée? Drake, qu'est ce que tu me caches?"
Un air résigné apparait immédiatement sur son visage. Il se dirige vers le sofa pour s'y asseoir puis il me fait signe de m'approcher. Je dois avouer qu'à cet instant, je commence à avoir peur. Je m'approche lentement et je vais me placer devant lui. Ce qu'il fait ensuite me surprend énormément. Il s'avance et il me soulève de ma chaise. Il m'installe ensuite sur ses genoux en me serrant dans ses bras. Je ne m'attendais tellement pas à ceci que je reste sans voix. Je n'ai pas le temps de reprendre mes esprits qu'il commence à parler.
"Le soir où tu m'as pratiquement obligé à sortir de la maison pour te laisser seule. Il s'est produit quelque chose."
"C'était hier, non?" Je demande hésitante.
"Non, Trinity." Me répond Drake. "C'était il y a un mois."
"C'est impossible!" Je m'écrie. Je ne veux pas croire que cela puisse être vrai. Il me fait une mauvaise blague, c'est la seule explication logique.
"Ce sera difficile à croire." Tente Drake à nouveau. "Laisse moi parler sans m'interrompre et je vais pouvoir t'expliquer tout ce que je sais, mais je n'ai pas tout les informations. Je tiens seulement à te le préciser."
Je lui fais signe de la tête que je ne vais plus l'interrompre. Je vais de mon mieux pour me calmer, mais je me sens sur le point de faire une crise de panique. C'est irréelle comme situation. Comment cela peut être possible? Drake qui voit sûrement que je suis en train de paniqué commence doucement à me caresser les cheveux pour me calmer. Aussi étrange que cela puisse paraître, cela fonctionne. Je commence à me détendre presqu'aussitôt. Quand il juge que je me suis suffisamment calmer pour qu'il puisse poursuivre, Drake reprend la parole.
"Il y a d'abord une chose que je dois t'avouer à mon sujet. Si je ne le fais pas tu risque d'avoir de la difficulté à comprendre comment je sais ce que je suis sur le point de te dire. Tu dois me promettre de rester calme et de ne pas te mettre à hurler."
"Honnêtement, je ne crois pas être en mesure de te promettre ceci." Je lui réponds franchement. "Je peux toujours te mentir si cela te fait plaisir, mais je me sens déjà à fleur de peau, alors je ne peux rien te promettre." J'ajoute ensuite.
Il semble soudainement nerveux. Je me demande ce qui peut quel genre d'aveu il est sur le point de me faire. Il semble avoir de la difficulté par contre à le faire. Je peux voir qu'il réfléchi. Drake inspire profondément puis il se lance. Il ne semble plus nerveux, maintenant mais déterminé.
"Je t'ai menti." Avoue-t-il. "Je sais ce que sont les Lames d'argent. Je n'en suis pas membre mais je sais ce que c'est." Il prend une pause. Je vois bien qu'il hésite, mais je me tais. Je dois vraiment savoir ce qu'il se passe. J'ai l'impression que je deviens folle et ce n'est pas une sensation très agréable. Si Drake peut me fournir une explication rationnelle à tout ceci, il peut prendre tout le temps dont il a besoin. "Je le sais, pour la simple raison que mon peuple et moi avons souvent été pourchassé par eux."
"Ton peuple?" Je demande quand je vois qu'il ne dit plus rien. Dès que j'ai fini de poser ma question, je sens son étreinte se resserrer. J'ai soudainement le sentiment que je risque de ne pas aimer la réponse qu'il va bientôt me donner.
"Je suis un loup-garou." M'annonce-t-il. J'avais raison, je n'aime absolument pas cette réponse. Instinctivement, je tente de m'éloigner de lui mais en resserrant son étreinte, il m'empêche tout simplement de bouger. Sauf qu'il n'a pas compter sur le fait que je suis extrêmement têtue et que je suis une personne pleine de ressource. De la façon dont je suis assise sur ses genoux et qu'il me tient, l'une de mes mains se trouve suffisamment près de ses bijoux de famille pour que je puisse les saisir.
"Dépose moi dans ma chaise ou plus loin sur le sofa, mais tu me lâche immédiatement." Je lui ordonne en serrant aussi fort que je peux ce qui est utile à tous hommes souhaitant une descendance. Je vois qu'il souffre, mais je ne relâche pas ma prise tant qu'il ne s'exécute pas.
D'une main, il repousse aussi loin que possible mon fauteuil, puis il m'installe à l'autre extrémité du sofa. Je le lâche aussitôt et il se recroqueville sur lui même. Il tente de respirer du mieux qu'il peut, mais il semble réellement souffrir. À le regarder ainsi le visage rouge comme une tomate, la douleur inscrit sur chacun de ses traits, alors qu'il est plié en deux, les mains sur son entrejambe, j'ai presque pitié de lui et je commence à regretter mon geste.
"Pourquoi un loup-garou accepterait de travailler pour une famille de chasseur et de s'occuper de leur fille handicapée?" Je le questionne une fois qu'il semble remis. "Tu pensais en tirer quoi, exactement?"
"Rappelle moi la prochaine fois que je t'assieds sur moi pour te parler que tu n'es pas aussi sans défense que tu le parais." Rétorque-t-il pour éviter de répondre à ma question.
"Ne change pas de sujet." Je lui suggère, en colère. "Je déteste que l'on me prenne pour une imbécile."
"Très bien." Finit par me dire Drake, une fois qu'il voit que je ne démordrai pas tant que je n'aurai pas obtenu de réponses à mes questions. "L'un des chasseur des Lames m'a traqué et a tenté de me tuer. Il n'a visiblement pas réussi mais son téléphone a sonné peu de temps après sa mort. C'était tes parents. J'ai stupidement pensé que ce ne devait pas être si difficile de s'occuper d'une personne en fauteuil roulant et que ce serait l'occasion parfaite pour tenter d'en découvrir plus sur l'ennemi."
"Tu as réellement été stupide sur ce coup là." J'acquiesce. "Maintenant qu'est ce qui c'est passé, ce soir là? J'ai vraiment besoin de savoir."
"Lorsque je suis revenu, j'ai senti l'odeur d'un renégat après avoir vu que la porte d'entrée était enfoncée." M'informe Drake. "Tout ce que je peux te dire, c'est que je t'ai retrouvé, complètement nue au fond du boisé, tandis que le cadavre du renégat flottait dans l'étang derrière la maison. J'ignore ce qu'il s'est passé."
"D'accord, mais ça ne m'explique pas le trou d'un mois que j'ai." Je lui fais remarquer.
"Tu as dormi tout ce temps. Tu étais dans une sorte de coma."
Je détourne le regard et je commence à fixer le plancher, devant moi. Je fais de mon mieux pour tenter d'assimiler tout ce que vient de me dire Drake. Je n'ai aucune raison de douter de sa parole. Au fond de moi, je sens qu'il me dit la vérité. Cependant, cela soulève d'autres questions dont je n'aurai probablement jamais les réponses. Comment est-ce que j'ai pu survivre à une attaque d'un loup? Pourquoi j'étais nu au fond du boisé? Qui a tué ce renégat?
Mon attention est rapidement détourné, par contre. Je remarque que je balance légèrement mon pied d'avant en arrière, tout en réfléchissant. Je n'arrive pas à croire ce que je vois. Ce simple mouvement est une chose que je suis incapable de faire depuis plus d'une dizaine d'année. Je ne comprends pas pourquoi je suis soudainement capable de bouger mon pied, mais j'en suis tellement émue que les larmes commence à couler le long de mes joues.
"Tu as mal quelque part?" Me demande Drake, qui voit seulement mes larmes sans savoir pourquoi je pleures.
Je n'ai pas le temps de lui répondre, car la sonnerie de la porte avant retentit. Je me demande qui peut bien se présenter ici. Il n'y a jamais personne qui vient normalement. Du moins, lorsque mes parents ne sont pas à la maison. Drake se lève et se dirige vers la porte. Je l'entends parler à voix basse avec une autre personne, un homme, il me semble sans pour autant comprendre ce qu'ils peuvent bien dire. Je vois Drake réapparaître, moins d'une minute plus tard, en compagnie d'une personne qui m'est complètement inconnue. C'est un homme qui semble dans la trentaine, les cheveux bruns clair, coupé très court. Il est à peine plus petit que Drake, mais il a la même masse musculaire. J'en déduis automatiquement que cet homme doit également être un loup-garou.
"Il est comme toi?" Je demande sans détour.
"Oui. C'est Éric, notre médecin." M'informe Drake. "Il a veillé sur toi, durant le dernier mois"
"Je suis heureux de voir que tu vas bien." Commence le dénommé Éric, en s'avançant vers moi. Il s'arrête à moins d'un mètre et il me sourit. "Est-ce que tu me permets de vérifier tes signes vitaux et de m'assurer que tout va bien?"
Il n'a pas l'air bien méchant et s'il est vraiment médecin, il pourra peut-être m'aider à comprendre comment je peux bouger mes pieds. J'hésite tout de même. Est-ce que je peux réellement faire confiance à un loup-garou, quand on considère que ma famille sont des chasseurs? Ils pourraient aussi bien se servir de moi pour atteindre un objectif quelconque. Ce ne serait pas la première fois, après tout, c'est exactement ce que Drake a fait en acceptant le travail.
"Très bien." Je finis par répondre à Éric, avant de me retourner vers Drake. "Toi, tu fous le camp. Va voir ailleurs si j'y suis." J'ajoute avec un ton agressif. C'est plus fort que moi, je me sens vraiment blessée par ce que Drake m'a dit et si je suis honnête, je lui en veut d'avoir pu penser qu'il pouvait se servir de moi.
"Je te le dirai lorsque nous aurons terminé." Dit Éric, à l'intention de Drake. "Ne t'en fait pas, elle est entre de bonne main."
Drake ne s'obstine pas le moins du monde et il s'éloigne pour nous laisser seul, Éric et moi. Ensuite, Éric dépose le sac qu'il tient à la main, sur la table basse devant le sofa, il le pousse un peu plus loin pour s'asseoir directement devant moi, sur la table. Il me sourit à nouveau et il jette un regard en direction de Drake, qui se trouve maintenant dans la cuisine.
"Comment te sens-tu?" Me demande Éric. "Tu sens-tu désorientée? Tu as mal quelque part, depuis ton réveil? Quoique ce soit d'étrange?"
"Si par étrange tu veux dire que je peux maintenant bouger mon pied alors que ça fait quatorze ans que j'en suis incapable, alors oui." Je réponds, directement. À ma grande surprise, il ne semble pas vraiment étonné par ma révélation.
"Alors j'avais raison." Déclare t-il simplement. "Ton corps a commencé à se guérir par lui-même, durant ton coma."
"C'est impossible, ce genre de chose." Je lâche. Comment mon corps pourrait se guérir par lui même, je ne suis pas comme eux. Je suis sur le point de répliquer autre chose à Éric, quand l'image d'un village en feu me revient en mémoire. Et si, ce n'était pas un rêve? Il y aurait-il un lien entre ce rêve étrange et cette guérison miraculeuse? Je comprends encore moins qu'auparavant ce qu'il se passe avec moi.
Comme je demeure silencieuse, Éric en profite pour prendre mes signes vitaux. Il vérifie également mes réflexes. Je suis la première étonnée de voir le bas de ma jambe bouger lorsqu'il frappe un petit coup sur le dessus de mon genou. Je me refuse à espérer, mais je suis incapable de ne pas poser la question qui me hante à présent.
"Est-ce que cela veut dire que je vais remarcher?" Je questionne Éric.
Il se redresse. Il me regarde puis il semble réfléchir à la réponse à me donner. Je dois dire que je suis impatiente d'entendre ce qu'il a à dire et que la minute qui s'écoule entre ma question et sa réponse, me semble un éternité.
"Je ne peux pas te dire si oui ou non tu vas remarcher." Me répond franchement le médecin. "Tout ce que cela veut dire pour le moment, c'est que tu as récupéré légèrement de mobilité au niveau du bas de ton corps, sans plus. Je ne veux pas te créer de faux espoir, alors je préfère être honnête avec toi. Tu ne remarchera peut-être plus jamais. Seul l'avenir nous le dira. Ton cas est plutôt exceptionnel. Je dois avouer que je n'ai jamais rien vu de tel, auparavant."
Je ne mentirai pas, je suis déçue, mais en même temps, je suis heureuse qu'il ait été honnête. Il n'y a rien de pire pour une personne handicapée que les faux espoirs. Attendre une chose qui ne se produira jamais peut nous détruire si nous ne sommes pas suffisamment fort de caractère. Je vais simplement me réjouir d'avoir récupéré suffisamment pour bouger mon pied. C'est déjà un miracle en soi, alors je ne demanderai pas plus.
Éric se relève et je vois Drake revenir presque au même moment. Les deux s'éloignent et discutent une fois de plus entre eux. Ils font très attention pour que je ne comprenne pas ce qu'ils peuvent se dire. Je suis persuadée que je suis le sujet de cette conversation, mais je suis trop déboussolée par les récentes découvertes pour tenter de tendre l'oreille. Ce qu'ils peuvent dire de moi ne m'intéresse pas.
"Je suis heureux d'avoir eu la chance de discuter un peu avec toi." Me dit Éric. "Prends soin de toi, Trinity."
Puis il disparait de mon champ de vision. J'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Une voiture démarre et ses pneus font du bruit sur le gravier devant la maison, en commençant à rouler. Cela ne dure qu'un court instant et le silence revient très vite. La porte d'entrée s'ouvre à nouveau et je vois Drake revenir près de moi. Je ne sais vraiment pas comment je dois agir en sa présence en ce moment. J'hésite entre l'engueuler pour avoir voulu se servir de moi et tout simplement laisser tomber pour le temps qu'il lui reste à travailler ici. Je me sens également ridicule d'avoir espérée qu'il puisse travailler plus longtemps pour moi. Il est maintenant clair qu'il n'est pas là pour rester. Il attend de trouver assez de renseignements à ramener chez lui, à propos des Lames d'argents, puis il ne fera plus partie de ma vie. Je dois avouer que je me sens triste à cette idée et également trahie. Je lui faisais confiance.
"Je vais dans ma chambre, si tu veux bien me rapprocher mon fauteuil." Je dis à Drake, sans entrain. "J'ai besoin de réfléchir seule."
Sans un mot, il s'exécute. Je refuse son aide en repoussant sa main, lorsqu'il tente de me soulever du divan pour m'installer dans mon fauteuil. Je sais que ma réaction est hors de propos, car il est toujours ici pour faire ce pour quoi mes parents le paie, mais je refuse qu'il me touche en ce moment. Ce n'est pas tant le fait qu'il soit un loup-garou qui me dérange. C'est le mensonge en lui même. C'est un mensonge qui durent depuis le premier échange de mots que nous avons eu. Ma réaction est peut-être exagérée et inutile, mais je n'y peux rien. Je me sens réellement blessée par Drake. Plus que je ne l'ai jamais été, sans que je comprennes tout à fait pourquoi je me sens ainsi.
"Laisse moi t'aider, Trinity." Me supplie presque Drake. "J'ai conscience que tu m'en veux, mais laisse moi faire mon travail."
"Très bien!" Je m'exclame, irritée au plus au point. Un peu de solitude me fera le plus grand bien et me permettra sûrement de prendre un peu de recul, face à tout ceci.
Il me soulève et me dépose dans ma chaise. Je file sans un regard derrière moi. Je peux l'entendre soupirer, au moment de tourner sur ma gauche pour rejoindre ma chambre. Je me sens mal pour ma façon d'agir mais c'est simplement plus fort que moi. Une fois dans ma chambre, je vais à mon bureau et j'ouvre mon cahier à dessin et j'entreprends de me vider l'esprit. J'espère pouvoir pardonner son mensonge à Drake. Je ne souhaite pas vraiment que l'atmosphère entre nous soit tendu. Je dois trouver le moyen de digéré tout ceci aussi vite que possible.
À l'heure du dîner et du souper, Drake est venu frapper à ma porte pour me porter mes repas. Nous n'avons pas échangé le moindre un mot. Je lui laisse faire son travail et il me laisse seule de mon côté. C'est dans cette ambiance que le reste de notre journée s'est déroulée. Le soir venu, il s'est présenté à ma chambre et il m'a aider à me mettre au lit. Alors qu'il est sur le point de sortir de ma chambre, il me parle pour la première fois, depuis que le silence s'est installé entre nous.
"Bonne nuit." Me dit-il. Sa voix semble légèrement triste. J'en ignore la raison, mais cela plus que cela ne le devrait. "Si tu as besoin de quoi que ce soit appelle moi."
Puis il referme la porte et à nouveau, je me retrouves seule, avec moi-même.