Mes pupilles s'agitaient. « Oui... j'ai juste eu un terrible argument avec mes parents aujourd'hui et... c'est avec ton frère que je parle toujours de ce genre de choses. Je me sens seule ces derniers temps. » À bout de souffle, je poursuivis, la gorge serrée : « Beaucoup trop seule. » Des picotements vandalisèrent ma main droite. À court d'idées, je la frottai sur ma cuisse, une sensation de brûlure la gonfla immédiatement.
Jean-Charles me prit par les doigts. « Joli, tu es malade ? » Son inquiétude presque palpable. « C'est vrai que je ne peux pas remplacer la présence de Shujaa mais... compte sur moi si tu as besoin d'aide. Je sais qu'il y a quelque chose que tu caches. Tu as un comportement étrange. Tu es arrivé chez nous avec de la boue sur les pieds alors que tu me répétais toujours que tu faisais tout pour y être présentable. Parce que c'est la maison de l'homme que tu aimes. Je n'ai pas voulu soulever cela plus tôt à cause de notre discussion. Et sur le chemin pour ici, tu marchais comme une personne qui avait le vertige, c'est la raison pour laquelle je te tenais la main. » Une couleur rouge enveloppa son œil, sa voix craquelait. « Ne te rends pas malade. » Jean-Charles frotta doucement ma main contre joue, la douleur qui emprisonnait ma parole s'en allait enfin. « Il reviendra et un jour, aura assez d'argent pour frapper à la porte de ta famille pour demander ta main. »
Je souris de peine. Si seulement tu savais. Mon âme murmurait. Il ne l'avait pas entendu. Ces mots n'étaient pas pour lui. Pourtant, un simple « Tout va bien. Je te l'ai dit, j'ai simplement eu une discussion terrible avec les parents, », sortit assez fort pour atteindre ses oreilles. « Et... Je me contenterai de relire cette lettre jusqu'à ce qu'à ce que Shujaa revienne pour lui expliquer certaines choses. » J'attachai de nouveau le bout de papiers dans mon pagne.
Comment est-ce que j'osais mentir à Jean-Charles alors même qu'il me regardait dans les yeux. Ce petit bébé, ce trésor que son frère et moi avions promis de garder en bonne santé, apprendre les valeurs de la vie telles que la vérité, le courage, l'honnêteté.
L'air d'être à moitié convaincue, il murmura. « J'imagine qu'il y a des secrets qu'on ne veut que partager avec des personnes spéciales. » Jean-Charles me connaissait mieux que quiconque.
Il n'y avait que deux seules personnes qui me comprenaient mieux que lui sur cette terre. C'était sûrement Dieu et son frère. Même moi-même, je ne me connaissais pas comme eux le faisaient si bien.
Il baissa les yeux vers le sol pour ne pas affronter ces mensonges qui se lisaient sur mes lèvres et cette vérité qui lui tournait le dos dans mes yeux. L'atmosphère était lourde, pesante sur nous, comme si, finalement, cette conversation que nous venions d'avoir sur Esméralda n'était que la face révélée de l'iceberg. Mais on se cachait bien trop de choses bien au fond de nous-mêmes, au fond de cet océan qui faisait peur et était profond.