Je te hais...me

Chapitre 1

Youmi

Ça fait cinq ans que Louison et moi avons tout laissé derrière nous. Elle a fini par comprendre que nos parents ne reviendront jamais. Je n’ai jamais eu le cœur à lui dire qu’ils se sont fait tuer par ses saloperies de loup-garou. Maintenant, que je suis majeur, je n’ai plus besoin de me cacher. J’ai réussi à trouver un petit boulot de serveuse et Louison est inscrit à l’école. On s’en est plutôt bien sortie. Quand les profs de Louison demander à voir mes parents, je leur trouvais une excuse...

_ Louison ! Où es-tu ?

_ Dans la chambre !

Avec le peu d’argent que je gagne, je n’ai pu trouver qu’un tout petit studio avec une cuisine qui fait également office de salle à manger, bureau, salon et salle de bains, l’autre pièce ne peut contenir qu’un lit et une petite commode.

_ Ok ! Bah, ne sort pas de la chambre, je vais me laver.

_ D’accord !

Je remplis le lavabo d’eau et commence à me déshabiller. Je me dépêche de me laver, car ici, ça caille. Une fois mon corps lavé, je lave mes cheveux et j’appelle Louison pour me les rincer. Elle prend la bouilloire et commence à faire couler l’eau sur ma tête...

_ Putain, c’est chaud !

_ Ça, ce n'est pas ma faute. C’est toi qui as fait chauffer l’eau...

_ Je travaille au soir donc ferme bien la porte à double tour et surtout n’ouvre à personne.

_ Tu sais You... Si les loups-garous voulaient entrer, ce n'est pas quatre verrous qui les en empêcheraient.

_ Non, mais ça les ralentirait et on peut se barrer par l’issue de secours.

_ Sauf, s’ils décidaient de passer par les issues de secours aussi.

_... Tu m’énerves Lou. Tu peux regarder la télé jusqu’à 22 heures pas plus...

_ Mais il n'y a pas cours demain !

_ M’en fiche. 22 heures, c’est déjà bien.

_ Laisse-moi au moins finir le premier film.

_ Bon d’accord, mais après tu vas coucher. Je termine mon service à 5 heures du matin donc je devrais être ici à 6 heures. Si quelqu’un tente d’entrée avant. Tu te planques dans la cachette. Dis-je en me coiffant vite fait.

_ Ouais, ouais, je sais... Aller, va-t'en, tu vas finir par être en retard.

J’embrasse ma petite sœur et pars. J’écoute pour être sûr qu’elle ferme bien les verrous et une fois fait. Je file vers mon travail. Bon ce n'est pas le meilleur des boulots, mais sa paix les factures. Depuis que le monde est dirigé par les loups-garous. Nous les humains, nous fessons tout petit et on évite de les regarder dans les yeux. Car pour eux, ça veut dire trois choses. Un, tu le défies et crois-moi, tu ne veux pas avoir à te battre contre un loup-garou. Deux, il te veut pour être son casse-croûte et on ne compte plus le nombre d’humains qui ont disparu ou qui sont morts d’une mort suspecte. Et trois et c’est la pire des raisons à mes yeux, tu es son âme-sœur et là, tu n’arriveras plus à te débarrasser de lui. Il te marquera de force et tu seras sous l’emprise du lien. Tu ne seras plus qui tu es. Tu n’auras Dieu que pour lui et n’aimeras que lui... Pff un vrai lavage de cerveaux. C’est arrivé à une voisine dans l’ancienne ville où je vivais. Le type a croisé son regard, a prononcé le mot qui nous effraye et la marque de force. Elle n’a pas eu son mot à dire... Bande de monstres. Quand j’arrive aux barres où je travaille, je prends tout de suite mon service et commence par la table numéro 8... Au bout de 4 heures, je prends une pose d’une demi-heure et mange un paquet de chips, bois un jus de fruit et reprend le service. Plus qu’une heure à tenir... La cloche retenti et me sort de ma rêverie. Je me fige d’un coup... Là, devant moi, l’ordure qui a tué mes parents s’installe à la table 5... Une rage folle me saisit, je sors mon arme et y entre des balles en argent. Ils ne m'ont pas vue, car je suis encore dans la réserve... Je vis et lui tire une balle dans la tête, les autres loups se tournent immédiatement vers moi et commencent à s’avancer vers moi. Je tire à nouveau, mais les manques. Je ferme la porte de la réserve, prends mon sac et sors par la fenêtre. Je prends l’aller et retrouve la route. Un gars passe à moto, je lui pointe mon arme sous le nez et lui demande de me laisser gentiment sa moto. J’entends derrière moi les loups qui s’agitent. Je pars directement vers l’appartement, cache la moto et montent quatre à quatre les cinq étages. Je cogne comme une furie pour que Louison m’ouvre. Je commence à déverrouiller les verrous et entre en trombe. Ils sont toujours derrière moi, merde !

_ Qu’est-ce qui se passe.

_ Prends tes affaires, on se casse. Grouille-toi, ils sont juste derrière nous !

_ Mais qui ?

_ Ne discute pas et va chercher le sac de secours !

Je referme tous les verrous et prends la main de Louison. Je regarde si l’issue de secours et libre et sort...

_ Dépêche-toi Lou !

On glisse le long de l’échelle et je la rattrape. J’entends les loups qui se dirigent vers nous, merde ! Je cours vers la moto et monte dessus. Louison se glisse derrière moi et s’accroche de toutes ses forces. Un hurlement bestial se fait entendre. Je prends la route et roule aussi vite que la moto me le permet.

_ Ils sont justes derrière nous You !

_ Je sais !!! Accroche-toi !!!!

J’accélère, ma seule chance et de quitter le territoire de cet alpha et d’entrée dans celui d’un autre. Ils se chargeront des intrus. Heureusement pour moi, étant qu'humain, ils ne me considéreront pas comme une menace.

_ YOU !!!! Attention !!!!

J’évite de justesse un rocher, mais en perds le contrôle de la moto. Je roule encore quelques mètres avant d’atterrir dans le fossé... La moto, Louison et moi dégringolons dans les buissons. J’entends des loups arrivés, il saute au-dessus de nous et retombe directement sur les loups qui nous poursuivent. Ma tête me fait mal, ainsi que mon bras... Je regarde autour de moi et vois Louison plus loin. Je suis bloqué par le poids de la moto sur ma jambe. J’entends toujours les loups se battre et ça me fait de plus en plus peur. Je dois rejoindre Louison ! Je tire de toutes mes forces et parviens à me libérer... Je rampe jusqu’à Louison et la prends dans mes bras. Quelques instants, plus tard, je vois six gros loups se bouffent le nez les uns avec les autres. Je ne sais pas qui sont ceux qui nous poursuivent et qui sont ceux du territoire que l’on vient de pénétrer... Ma tête me fait de plus en plus mal et je commence à perdre connaissance…

????

Je ne sais pas qui a eu le culot de venir ici sans ma permission. Mais de toute évidence, ils sont suicidaires. À peine ont-ils franchi la limite de mon territoire, qu’on leur saute dessus mes bêtas et moi. Je ne leur laisse pas le temps de s’expliquer, il n’avait qu’à le faire avant de franchir la limite. Les règles sont les règles ! Une fois qu’ils sont partis en courant, je me tourne vers les deux corps inconscients... Des humains ? Elles auraient pu se faire dévorer par ses loups...

« On fait quoi d’eux ? » Demande Zac, mon premier bêta.

Je regarde le premier corps, c'est celui d’une jeune femme, et étrangement son odeur me titille les narines, se pourrait-il que… ? Je secoue la tête et regarde le deuxième corps, une fillette d'une dizaine d'années. Je me tourne vers Zac et lui répondre.

« Prends la petite sur ton dos, je me charge de la femme... On va les soigner. »

« Et depuis quand on fait dans la charité ? »

« La femme... Je ne sais pas pourquoi, mais... Son odeur m’attire. Plus de questions. On les emmène. »

« Ok, c’est toi l’alpha... Sam, prends leur sac. »

« Et pour la moto ? » Demande Sam, mon deuxième bêta.

« Demande à Dimi de venir la chercher. »

J’attrape le bras de la femme avec ma gueule et la fait glisser sur mon dos. C’est fois, plus de doute, ça ne peut être que ça... Il faudra attendre pour le savoir. Zac met la petite sur son dos et commence à courir vers la maison, la fillette manque de tomber à plusieurs reprises et il en va de même pour la femme sur mon dos. Quand on arrive presque à la maison, nous reprenons forme humaine.

_ Sarah ! Viens ici et occupe-toi de la fillette.

_ Bien alpha... Les pauvres enfants, que leur est-il arrivé à ses petites.

_ Elles ont juste manqué de peu de se faire bouffer par des loups, ont eu un accident de moto pour leurs échappées. Le reste, il faudra attendre qu’elles soient réveillées pour qu’elles te le dissent... Dit Zac.

_ Installe la petite et...

_ You...

La fillette ouvre doucement les yeux et tombe sur ceux de Zac. Elle commence à paniquer et à se débattre.

_ Hé, calme toi ! Tu ne risques plus rien. Dit celui-ci pour la calmer.

Elle a la peur au ventre cette gamine. Elle le regarde puis me regarde. Quand elle voit la femme dans mes bras. Elle cherche à retourner au sol, mais Zac la tient fermement.

_ Doucement miss, tu as eu un accident. Reste dans mes bras pour le moment, je ne vais pas te manger, promis.

_ Youmi, est-ce qu’elle est...

_ Non, elle va bien. Elle est juste inconsciente. C’est ta mère ?

_ Ma mère ? Ne lui dis pas ça, elle risque de t’arracher les yeux. C’est ma grande sœur. Me dit-elle.

_ D’accord, est-ce que tu as mal quelque part ? Demandais-je

_ Non, un peu à ma jambe.

_ Très bien, alors eu... Comme tu t’appelles ?

_ Louison.

_ Alors, Louison... Zac ici présent, va t’emmener dans une chambre où tu pourras te reposer et Sarah va soigner tes blessures. Quant à moi, je vais m’occuper de, eu...

_ Youmi...

_ C’est ça, et dès qu’elle sera réveillée. Je te promets de venir te le dire. Tu es d'accord.

_ Vous n’allez pas me manger ou manger ma grande sœur ?

_ Non, on ne mange pas les humains. Dis-je en rigoler.

_ Et vous n’allez pas faire de nous, vos esclaves ou nous enfermer dans un cachot humide et plein de toile d’araignée.

_ Non... Qui t’a mis de telles idées dans la tête ?

_ Youmi, elle dit que les Métamorphes sont qu’une bande de saloperies de bouffeurs d'humain et des sales monstres !

J’entends les autres grogné et je n’ai qu’à les regarder pour qu’ils arrêtent immédiatement.

_ Nous ne sommes pas tous comme ça, heureusement. Ici, nous respectons les humains. Tu pourras le constater plus tard. Maintenant, va avec Zac et Saran, ils s’occuperont bien de toi.

Zac s’éloigne avec la petite et Sam s’avance vers moi, en regarde la femme.

_ Une bande de saloperies de bouffeurs d'humain et des sales monstres ???

_ Sans commentaire. Nous verrons cela quand elle sera réveillée... En attendant, personne ne leur fait quoique se soit.

_ Et si c'étaient des tueurs de loups ?

_ Elles n’ont pas l’allure de tueuse, non... Ce ne sont que des gosses qui n’ont pas eu de chance.

_ Ouais, elle n'est pas si petite que ça, celle que tu tiens.

_ N'y pense même pas ! Tu l’approches, je te tue...

Mon ami me regarde avec étonnement. Mais je préfère ne pas en dire davantage. Tant que je ne suis pas sûr à cent pour cent. Je m’éloigne de lui avant de faire un massacre et emmène la femme dans ma chambre. Je devrais l’installer dans la chambre voisine, en tant qu’inviter. Mais c’est plus fort que moi, je la dépose sur mon lit et pars cherchent une bassine d’eau fraîche. Je lui rafraîchis le visage et cherche si elle est blessée au niveau apparent... Elle commence à s’agiter et ses yeux s’ouvrent doucement. Je plonge directement dans ses magnifiques yeux bleu pâle et cette fois, plus aucun doute... Je suis comme transporté dans un tourbillon de vide et ne peux me retenir.

_ Mienne.

Elle ne réagit pas et referme ses yeux. Mais je peux entendre les battements de son cœur s’accélérer et ressentir de la peur. Je déploie mon aura afin que toute la meute sache que j’ai trouvé ma Luna. J’entends plusieurs hurlements de fierté et j’en suis tout aussi fière... J’embrasse le sommet de son crâne et la laisse se reposer... En sortant, je peux voir Zac et Sam au loin, m’attendre.

_ Alors c’est elle ?

_ Oui, Sam... Donc garde tes sales pattes de coureur de jupons loin de Youmi.

_ Je tiens à ma vie et j’ai trop de respect pour toi.

_ Mouais, t'as intérêt... Où est la petite Louison ?

_ Elle est avec Sarah, elle mange. C'est une vraie petite ogresse, cette gamine.

_ Ok, occupe-toi d'elle jusqu'à nouvel ordre.

_ D'accord. J'y retourne dans ce cas.

Zac me félicite encore une fois et fait demi-tour. Sam en fait autant et je reste un instant songeur... J'ai enfin trouvé ma moitié…