Chapitre 3

3537 Words
"You are my sunshine, my only sunshine."  Commence à hurler, plus que chanter, Fred.  "You make me happy, when skies are gray." "Tu peux arrêter de massacrer cette superbe chanson, Fred."  Je l'informe en m'étirant pour chasser le sommeil.  "Je suis réveillée, plus besoin de me faire saigner les oreilles avec ta voix de crécelle."     Fred se place la main sur le torse et il prend une expression faussement insulté.  J'éclate de rire.  Il s'approche ensuite de mon lit, pour m'aider à en sortir.  Il me dépose dans ma chaise, puis il repart en direction du couloir.  Une fois le seuil de ma porte franchit, il se retourne vers moi. "Maman sera bientôt là pour t'aider dans la salle de bain."  M'annonce Fred en souriant.  "Nous mangeons des crêpes, ce matin." "Par pitié, dis moi que ce n'est pas maman qui cuisine."  Je m'exclame aussitôt.  Mon estomac ne supportera pas la nourriture de ma mère, ce matin.  J'en suis certaine. "Non, rassure toi."  Me répond Fred, une fois qu'il a cessé de rire.  "C'est moi qui prépare le déjeuner." "Je ne sais pas si c'est mieux!"  Je me moque, en souriant à Fred. "Va chier, Tri!"  S'écrie Fred avant de partir vers la cuisine.     Je ris de bon coeur, tout en avançant pour sortir de ma chambre.  Ma mère  me rejoint presque immédiatement.  Elle se place derrière moi et elle me guide sans attendre vers la salle de bain.  Je remarque qu'elle semble inquiète.  Je me demande ce qui peut bien occuper son esprit, en ce moment.  J'attends tout de même d'être installée sur le siège de la toilette avant de tenter de m'informer. "Il y a quelque chose qui ne va pas?"  Je lui demande.  "Tu semble préoccupée.  C'est grave?"     Ma mère sursaute au son de ma voix et elle semble revenir à la réalité.  Je me retiens de ne pas rire.  Je sais que si je me moque d'elle, je n'obtiendrai pas de réponse de sa part. "Ne t'en fais pas, ma chouette!"  Me dit-elle pour toute réponse.  "Tu n'as pas besoin de t'en faire pour cela, c'est une histoire de chasseur."     Bang!  La réalité vient, à nouveau, de me rappeler que je ne suis pas une chasseuse.  Je ne pensais pas, par contre, que ma famille me cachait des choses, tout simplement parce que je ne peux pas aller sur le terrain avec eux.  Cette découverte, me fait plus de peine, que je l'aurais cru.  Je pensais m'être fait à l'idée, depuis tout ce temps, mais il semblerait que je me sois trompée.     Dès que je lui fais comprendre que j'ai terminée, ma mère me soulève et me réinstalle dans mon fauteuil.  Je prends le temps de me laver les mains, pour donner un peu d'avance à ma mère, avant de rejoindre ma famille pour le petit déjeuner.  Je ne veux pas qu'elle puisse voir les larmes qui menacent de s'écouler de mes yeux.  Je prends plusieurs grandes inspirations, pour me ressaisir, puis je me dirige vers la salle à manger.  Je n'ai pas vraiment faim, mais je vais faire un effort, pour faire honneur au repas cuisiné par Fred. "Où sont les parents?'  J'interroge Fred, lorsque je constate qu'il est le seul attablé et qu'il n'y a aucun signe de ma mère ou de mon père, dans la pièce.  "Est-ce qu'ils ont déjà fini de manger?"  Je n'ai pas l'impression d'avoir pris tant de temps que cela pour venir les rejoindre, mais je peux me tromper. "Ils sont partis rejoindre Ethan et d'autres chasseurs pour une réunion d'urgence."  M'informe Fred en commençant à me préparer une assiette de crêpe, tandis que je m'approche de la table. "Tu sais quel est le sujet de cette réunion?'     Fred me fait seulement un signe de la tête pour me faire comprendre qu'il n'en sait pas plus.  J'ai une fois de plus le sentiment qu'un membre de ma famille me cache quelque chose.  Ce n'est pas vraiment plaisant de ressentir ce genre de chose.  Je me sens à part, comme si je ne faisais pas réellement partie de cette famille.  C'est la première fois que je me sens exclue par mon père, ma mère et Fred. "Mange avant que ça soit complètement froid."  Me conseille Fred en déposant une assiette remplie devant moi.  Je compte au moins une dizaine de crêpe.  Même lorsque je meurs de faim, je n'en mange pas autant.  Je reste immobile pendant une bonne minute, à regarder la pile de crêpe, puis Fred, pour ramener mon regard sur le contenu de mon assiette. "Est-ce qu'il y a un message caché derrière cette pile de crêpes?"  Je demande, incertaine, en haussant un sourcil.  "Tu t'es donné comme mission de me faire engraisser, car je suis trop maigre?  Dis toi que tu devrais y réfléchir, c'est tout de même toi qui me soulève de ce fauteuil. la majorité du temps."  Je hausse les épaules, indifférente.  "Je dis ça, je dis rien."     Je mords ensuite dans une crêpe que j'ai roulée et que je tiens entre mon pouce et mon index, ignorant complètement les ustensiles qui se trouvent devant moi.  C'est beaucoup plus rapide de cette façon et je ne veux pas perdre de temps avec un couteau et une fourchette.   "Il n'y a aucun message, je te l'assure, Tri."  Me dit finalement Fred.  "Je n'oserais jamais te faire ce genre de chose.  Tu es très bien comme tu es."  Je me sens un peu mieux et je prends une autre bouchée.  Mon frère me regarde manger sans me quitter des yeux une seule seconde.  Je me sens pratiquement intimidée par la façon dont il me regarde.  Elle a quelque chose de différente, mais je n'arrive pas vraiment à dire pourquoi j'ai cette impression.     Dès que j'ai fini de manger, au moins la moitié des crêpes se trouvant dans mon assiette, je m'enfuis pratiquement de la salle à manger, pour me rendre à mon bureau. Il est temps de commencer mon travail.  je dois me concentrer sur autre chose, car Fred est réellement sur le point de me faire peur.  Il ne m'a jamais fixé de la sorte, auparavant.     Fred vient rapidement s'installer sur le sofa et ouvre la télévision.  Il semblerait qu'il n'a pas d'autre projet que de regarder des séries à la chaîne, encore aujourd'hui.  Par moment, j'ai encore l'impression de sentir son regard sur moi.  C'est étrange, mais j'ai le sentiment d'avoir un point brûlant dans mon dos.  À chaque fois que je me retourne pour vérifier, si c'est mon imagination qui me joue des tours, je le vois se tourner vers la télévision pour regarder ailleurs.  Je suis incapable de me concentrer sur mon travail, malgré mes efforts pour ignorer Fred.  La situation est vraiment malaisante.     Au bout d'une heure de ce petit manège, je n'en peux plus.  Au moment où je me retourne pour faire face à Fred et lui dire le fond de ma pensée, mon regard est attiré par quelque chose à l'extérieur de la maison.  Je me mets à fixer l'endroit où j'ai cru apercevoir du mouvement, près des arbres qui longent le chemin qui relie notre maison à la route.  Lorsqu'à nouveau, je perçois un mouvement, je suis certaine que ce n'est pas qu'un simple effet secondaire dû au fait d'avoir subi le regard de Fred, depuis l'heure du petit déjeuner.  Il y a  quelqu'un ou quelque chose qui nous observe, depuis les arbres. "Fred!"  Je m'exclame, légèrement paniquée.  "Il y a quelque chose qui nous surveille, depuis le bord du chemin."  Je pointe l'endroit où j'ai vu du mouvement, lorsque Fred se redresse rapidement et qu'il vient près de moi. "Tu es certaine?"  Me demande-t-il, tout en scrutant l'endroit que je lui ai désigné.  "C'était peut-être qu'un animal." "Non!"  Je crie, exaspérée.  J'ai les nerfs à fleur de peau.  "Je suis certaine de ce que j'avance.  Il y a quelqu'un qui nous observe.  Auriez vous pu être suivi par un survivant de votre dernière chasse?" "Honnêtement, Tri, je serais étonné que ce soit le cas."  Fred retourne vers le sofa et s'y installe à nouveau.  "Ce n'était probablement que le vent dans les branches de l'arbre.  Calme toi tout va bien.  Je te le promets."     Qu'il ne me prenne pas au sérieux, à ce point, me rend furieuse.  Je suis incapable de marcher, pas de voir.  Il y avait vraiment quelque chose et ce n'était ni le vent, ni un animal.  Je vais dans le bureau de mes parents, qui leur sert également d'armurerie.  Une fois dans la pièce, je récupère quelques poignards de lancer en argent.  Ce n'est pas vrai que je vais rester sans défense, alors que je sais qu'il y a quelque chose qui rôde autour de la maison.  Fred ne veut pas me prendre au sérieux, alors je vais faire en sorte de pouvoir me défendre moi-même, si un imprévu survient.  Je retourne ensuite poursuivre mon travail, après avoir caché les poignards près de mes jambes, dans mon fauteuil.     Si me concentrer comportait un réel défi, auparavant, c'est tout simplement une mission impossible, maintenant.  Je sursaute au moindre bruit inhabituel.  Je regarde partout à la recherche de la personne ou de la chose que j'ai aperçu, au lieu de regarder l'écran de mon ordinateur et travailler.  Fred, tant qu'à lui, s'est endormi sur le sofa et ronfle bruyamment.  Aucun stress, semble-t-il.  Au moins, pendant qu'il dort, il a arrêté de me fixer comme si j'allais m'évaporer d'une seconde à l'autre.     Lorsque mes parents reviennent finalement de leur réunion, le bruit de la porte d'entrée me fait sursauté.  Je dois couvrir ma bouche de mes mains pour étouffer le cri qui m'échappe.  Je réveille, par le fait même, Fred.  Ma mère et mon père me regarde comme si je devenais folle avant de hausser les épaules.  Mon père se dirige ensuite vers la cuisine et ma mère s'approche de Fred. "Va te préparer, nous repartons dès demain matin."  Dit-elle à l'intention de Fred, avant de porter son attention sur moi.  "Tout va bien, Trinity?  Tu sembles à cran."  Ajoute-t-elle, ensuite. "Elle s'est imaginé qu'on nous observais depuis les bois."  L'informe Fred, tout en bâillant et en s'étirant. "Je n'ai rien imaginé!"  Je m'offusque.  "Il y avait réellement quelque chose.  Je suis handicapée, pas aveugle." "Tu as été vérifié, Fred?"  Questionne ma mère, les sourcils froncés.  "J'ai regardé par la fenêtre et je n'ai rien vu."  Lui répond Fred en se levant, finalement, du sofa. "Est-ce que tu es sorti de la maison pour vérifier?"  Insiste ma mère. "Non!"  S'écrie Fred qui commence visiblement à s'impatienter. "Vas-y!"  Ordonne ma mère en pointant la porte d'entrée.  "Ensuite, tu te prépareras.  Tu aurais dû prendre le temps de vérifier correctement plus tôt, même si c'était simplement pour rassurer ta soeur."  Fred est sur le point de répliquer quelque chose, mais ma mère lève sa main pour l'interrompre avant qu'il ait le temps de commencer.  "Pas de mais.  File!"     Fred me lance un regard noir avant de quitter le salon.  Je l'aperçois par la fenêtre, une minute plus tard, près de l'arbre que je lui avait désigné.  Il allait tout simplement repartir quand il s'arrête et je le vois s'accroupir pour inspecter le sol, attentivement.  Il reste un bon moment ainsi, avant de revenir en courant vers la maison. "Elle avait raison!"  S'écrie Fred en ouvrant la porte de la maison.  "Il y a des traces de pied nu dans le sol et des empreintes de pattes. "AH!"  Je m'exclame.  Je suis plutôt contente que Fred réalise qu'il a commis une erreur, plus tôt.  Je ne peux pas partir sur le terrain, comme eux, mais cela ne veut pas dire que je n'ai pas un excellent sens de l'observation. "C'est bon, je m'excuse.  T'es satisfaite?"  Dit ensuite Fred lorsqu'il passe près de moi, pour se rendre au bureau, se chercher des armes.  Il est suivi de près par ma mère et mon père. "Tiens toi loin des fenêtres, juste au cas où ce que tu as vu se trouve toujours dans les environs."  M'ordonne ma mère, depuis leur bureau.  Je m'exécute immédiatement et je vais m'installée dans le coin du couloir de ma chambre et de son ouverture sur le salon.  De cet endroit, je peux voir l'extérieur de la maison par la fenêtre du salon.  Comme je suis adossée au mur, il y aura moins de chance de me faire surprendre.  J'ai également une bonne ligne de mire pour lancer mes poignards, en dernier recours.  Tout ce qu'il me reste à faire, maintenant, c'est attendre que ma famille me confirme qu'il n'y a plus aucun risque.     Je vois ma mère sortir en premier du bureau, un beretta équipé d'un silencieux dans la main.  Elle marche rapidement vers la cuisine et elle disparaît de mon champ de vision lorsqu'elle tourne sur la droite, une fois le couloir franchit.  Quand j'entends une porte ouvrir, je devine qu'elle a décidée de vérifier la cour arrière.  Fred et mon père sortent ensuite.  Mon père traverse le salon et je l'entends ouvrir la porte avant, tandis que Fred, vient s'installer devant moi.  Je peux sentir la tension dans l'air.  Je réalise que je retenais ma respiration, lorsque je vois mes parents revenir ensemble et que je soupire de soulagement en constatant qu'ils ont rangé leurs armes dans l'étui, attaché à leur cuisse. "Va te préparer, Fred."  Rappelle ma mère, lorsqu'elle est près de nous et qu'elle reprend le pistolet des mains de Fred, avant d'entrer dans leur bureau, à nouveau.  "Un nouvel aide à domicile sera là dès demain."  M'annonce-t-elle ensuite en ressortant de la pièce.  "Nous partirons dès qu'il sera là."  Elle dépose une main sur mon épaule avant de poursuivre son chemin et de retourner à la cuisine.     Je décide d'aller dans ma chambre pour relaxer un peu.  Je me sens épuisée, maintenant que je sais qu'il n'y a plus personne à l'extérieur de la maison.  Je me dis qu'une petite sieste ne me fera pas de mal, en attendant l'heure du repas.  Lorsque j'aperçois mon père, je lui fais signe de s'approcher. "Tu veux bien m'aider à m'allonger dans mon lit?"  Je lui demande en souriant.  "Toutes ses émotions m'ont épuisée." "Aucun problème, Trinity.  Je te suis."  Me répond mon père en me laissant passer devant lui.     Quand il me soulève dans ses bras, une fois dans ma chambre. je dois avouer que je me sens légèrement gênée.  Je n'ai pas l'habitude que ce soit lui qui m'aide ainsi.  C'est toujours Fred qui se charge de ceci, lorsque ma famille est à la maison.  Comme celui-ci est occupé à préparer leur prochain départ, je ne veux pas le déranger.  Mon père me dépose délicatement dans mon lit.  Je suis surprise lorsqu'il me donne un b****r sur le front avant de se redresser.  Il n'est pas du genre démonstratif alors, son geste me surprend d'autant plus. "Repose toi.  Je viendrai te prévenir quand le repas sera prêt."  Me dit-il, en s'éloignant pour sortir de ma chambre. "Merci, papa."  J'ajoute tout simplement.     Il referme ensuite la porte derrière lui.  Une fois seule, le sommeil ne tarde pas à me gagner.  Malheureusement, je ne réussi pas à me reposer comme je le souhaitais.  Mon sommeil est hanté par des cauchemars.  Dans chacun d'eux, je vois une paire d'yeux rouge me fixer depuis l'obscurité.  Je me réveille en sursaut dès que je vois une créature foncer sur moi, sans me laisser une seule chance de m'enfuir.  Après m'être réveillée et rendormie pour revivre presque aussitôt un autre cauchemar,  trop de fois pour réussir à garder le compte, je décide tout simplement de lire un peu, en attendant que mon père revienne me chercher pour manger.  Je saisis le roman que je laisse toujours à portée de main, sur ma table de chevet.  Je commence ensuite à tourner machinalement les pages, sans vraiment me souvenir de ce que je viens de lire.  Je remercie mentalement Dieu quand la porte de ma chambre s'ouvre à nouveau et que j'aperçois mon père. Je n'en peux tout simplement plus d'être allongée ainsi. "J'espère que tu as faim.  Nous avons un festin qui nous attends."  M'annonce mon père en s'approchant de moi, avant de me soulever. "Je meurs de faim."  Je l'informe en ricanant lorsqu'il me dépose dans mon fauteuil.  "Qu'est ce qu'on mange?"  Je le questionne ensuite. "Un pain de viande, de la purée de pomme de terre, une salade césar et un délicieux gâteau au chocolat pour notre dessert."  Me répond-t-il, visiblement fier de lui.     Je laisse mon père quitter ma chambre, pour ensuite le suivre de très près.  Si je suis honnête, je me fous royalement du repas qui nous attend sur la table.  Tout ce qui m'importe, c'est de partager ce repas avec ma famille.  C'est possiblement le dernier repas que nous partagerons, avant un certain temps.  Je ne sais pas combien de temps ils prévoient partir, cette fois.  J'ignore tout de la chasse qu'ils doivent accomplir. "Bon appétit!"  S'exclame  mon père en s'asseyant devant son assiette.     Fred, ma mère et moi, nous lui souhaitons, également, bon appétit, en choeur.  Je passe un moment, silencieuse, à regarder ma famille savourer leur repas, en discutant et en riant.  J'ai graduellement une boule qui se forme dans ma gorge.  Je me sens émotive, en songeant que dès demain, ils ne seront plus là.  Ils vont tous me manquer, énormément.  J'aurais aimé que leur escale dure plus que deux petits jours.  J'ai l'impression de ne pas avoir profitée de leur présence autant que je l'aurais voulu. "Vous savez combien de jours vous aller devoir partir, cette fois?'  Je finis par demander, curieuse.     Je remarque le regard que mes parents se lancent tout en déposant leur fourchette sur la table.  Ma mère semble mal à l'aise.  Mon père, lui, est fidèle à lui-même.  Il reste stoïque.  Aucun d'eux, par contre, ne semble vouloir répondre à ma question. "Il y a un problème avec ma question?"  Je tente ensuite.  "Vous n'avez pas décidé de déserter la maison de façon permanente, tout de même?" Je me sens soudainement inquiète.  Je n'obtiens toujours pas de réponse de leur part et je me demande si je n'ai pas visée juste.  Ont-ils décidés de partir pour de bon? "Nous ne sommes pas autorisé à parler de cette chasse avec une personne qui n'est pas membre des Lames d'argent, ma chouette."  Finit par me dire ma mère.  "J'espère que tu comprends." "Je ne vais pas sur le terrain, d'accord, mais je fais tout de même partie des Lames d'argent.  Je travaille tout de même pour eux, maman."  J'ajoute, confiante d'obtenir une réponse, ensuite.     Mon père, qui semble avoir décidé de laisser ma mère gérer le problème, donc moi, se lève et commence à débarrasser la table.  Fred, se lève également et en profite pour s'éclipser, nous laissant ma mère et moi, seule à la table.  Je regarde ma mère et je sens ma confiance s'évaporer peu à peu.  Je peux voir le malaise de ma mère grandir. "Non, Trinity."  commence-t-elle, lorsqu'elle reprend la parole.  J'ai du mal à saisir ce qu'elle veut dire.  "Tu ne travailles pas pour eux." "De quoi tu parles?"  J'ai soudainement peur de connaître sa réponse.  J'ai la certitude que je ne vais pas apprécier celle-ci.  "Comment ça, je ne travailles pas pour eux?  Toutes les recherches pour trouver des pistes que je fais, c'est quoi?  Un passe-temps?"  J'ai, malgré moi, hausse la voix et je crie pratiquement sur ma mère. "C'est un service que nous avons demandé pour que tu cesses de nous harceler pour que nous t'amenions avec nous."  S'énerve mon père, qui nous observait, ma mère et moi, depuis le comptoir de la cuisine.  "Les numéros de ton répertoire sont tous ceux de chasseurs à la retraite.  Personne ne se donne la peine de vérifier les pistes que tu envoies."     Je suis sans voix.  Je n'arrive pas à croire ce que je viens d'entendre.  Ça ne peut pas être réel.  Je suis encore dans mon lit et je fais un autre cauchemar.  Comment peut-on faire croire à une personne qu'elle accomplit un travail, alors que c'est un mensonge.  Le sarcasme de Fred, lorsqu'il m'a posé des questions sur ce que je faisais, me revient en tête.  Je réalise qu'il est également dans le secret pour mon travail.  C'est pour cette raison qu'il s'est moqué de ce que je faisais. "C'est impossible!"  J'articule difficilement lorsque je retrouve ma voix.  "Le salaire que je reçois à chaque semaine, qui le verse?"  Je demande, ensuite, pour tout comprendre. "C'est nous qui te versons cet argent."  Me répond ma mère.  Mon père ne tarde pas à quitter la pièce, lorsqu'il voit que ma mère reprend le flambeau.  "Nous voulions simplement que tu te sentes utile, que tu aies un but à atteindre.  Nous ne pensions pas à mal, Trinity." "J'ai perdu l'appétit, je vais dormir."  Je déclare, lorsque j'en ai suffisamment entendu.  Je me sens trahie.  Sans dire un mot de plus, je fonce directement dans ma chambre.  Je n'ai plus envie de les voir ou de leur parler pour le moment.  Ce soir-là, je finis par m'endormir, après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps, assise dans mon fauteuil, la tête appuyée contre le matelas de mon lit.
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